Confidences

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PDV Eléos

- Et donc, j'avais cette forte impression de la connaître, expliquai-je à Leonore qui m'avait demandé ce qui me tourmentait. Et je n'ai cessé de penser à ce rêve de toute la journée.

Le regard de la vieille dame parut compatissant, puis, d'un coup, étonné, comme si elle venait de se rappeler qu'elle devait faire quelque chose.

- Oh, Eléos, qu'est-ce-qui ne va pas ? dit-elle comme si elle venait d'avoir un trou de mémoire.

Mais ça paraissait faux...

- Léonore... me renseignai-je. Que ne me dis-tu pas ?

Léonore perdit tous ses moyens et balbutia pleins de mots à la suite, incompréhensibles, avant de demander sérieusément :

- Comment s'appelait-elle ? Cette fille de ton rêve ?

Je fus prise au dépourvu par sa question. Elle avait un regard déterminé et ne ressemblait plus à la moribonde atteinte de démence que je trouvais chaque jour plus faible dans cette chambre morne.

- Je... Je ne sais pas... avouai-je. J'ai voulu lui demander, mais... Je me suis réveillée...

- Écoute-moi bien, Eléos, chuchota-t-elle en me faisant comprendre que je devais coller mon oreille à sa bouche, ils feront tout pour ne pas que vous vous connaissiez ! À chaque fois que cette fille et toi serez prêtes à révéler votre identité à l'autre, vous sortirez de vos rêves. Ce sont eux qui manigancent tout ! Ils ne veulent pas que vous vous rencontriez ! Parce qu'à deux, vous seriez fortes. Et vous les combattriez !

Je voulais lui poser pleins de questions tandis que je la voyais s'animer sur son lit aux draps blances, prise d'un soudain élan d'énergie. Je voulais lui demander qui c'était ces fameuses personnes qui nous séparaient moi, et cette fille blonde aux yeux marrons. Je voulais savoir comment est-ce-que Léonore pouvait savoir tout ça. Peut-etre qu'elle délirait, que c'était un effet secondaire de la drogue que l'hôpital lui injecte contre la douleur. Pourtant, je la croyais. Je croyais tout ce qu'elle venait de dire. Je sentais qu'elle ne pouvait pas me confier tout ça, mais elle me l'avait quand même dit.

Au moment où Léonore reprit son souffle pour continuer à me mettre en garde, la machine qui mesurait ses battements de cœur s'accelera, et émit un long bruit aigu déplaisant pour les oreilles. Les médecins accoururent dans la chambre, tandis que je restais de marbre, ne comprenant rien. Léonore allait bien. Elle était en forme. Mais les médecins l'attrapèrent par les poignets pour l'immobiliser et lui injecter un anésthésiant, de façon à ce qu'elle arrête de se débattre. Et je savais que les médecins faisaient ça contre son gré, pour la faire taire. Parce qu'elle m'avait révélé trop de choses.

Je ne savais pas bouger, je restais de glace. Je voyais les hommes en blouses blanches courir autour de moi. Ils se dépêchaient, car le temps pressait. Pourquoi ?

J'avais la réponse devant mes yeux. Mais je ne voulais pas.

Le pouls de Léonore était à présent inexistant, si on en croyait les nombreux médecins autour d'elle. Ils l'avaient tuée. Ou était-ce elle qui avait causé sa mort en s'agitant avec ses explications farfelues auxquelles je commençais à douter ?

J'allais bientôt savoir la vérité des propos de cette vieille femme. Cette nuit, je ferai tout pour connaître le nom de la blonde.

Quittant l'hopital encore dans les vapes, par la nouvelle qu'on venait de m'annoncer, je ne rentrai pas chez moi, j'allai directement chez un ami, et tant pis si Viviane me crierait dessus en rentrant.

- Sam ? T'es là ? criai-je en rentrant chez lui, sans permission.

- Ici ! entendis-je de la cuisine.

The light of sisters [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant