Les vacances d'Antoine

Chapitre 9

Sa première journée fut consacrée à une visite de Nice. En fin de matinée, Émilie emmena tout le monde dans la vieille ville, et ils finirent dans un petit restaurant sur le cours Saleya, couvert de fleurs. Antoine était fasciné par la luminosité et la douceur de son environnement, qui n'avait rien à voir avec l'ambiance froide grisâtre de à Paris à cette période de l'année. Ils achevèrent leur tour par une petite déambulation sur la promenade des Anglais, avant de rentrer joyeusement à la maison :

- Qu'est ce que tu penses de Nice, Antoine ?
- C'est super beau... Et on dirait que vous ne connaissez pas l'hiver, ici !
Émilie sourit:
- Oui, on a vraiment un climat exceptionnel, ici. Tu peux comprendre que l'Île de France ne manque pas-du-tout !

Le garçon acquiesça. Quelques secondes plus tard, il reçut des messages de sa mère sur WhatsApp. Ses parents étaient bien arrivés à l'autre bout du monde, et ils s'inquiétaient de savoir si tout se passait bien. Son fils lui envoya une photo de la mer et résuma en quelques phrases sa journée d'arrivée. Béatrice ne fit aucune allusion à son problème de pipi au lit, comme si le fait de ne pas en parler éliminait le problème. Antoine soupira, résigné. L'inquiétude commençait à monter en lui au sujet de la nouvelle nuit qu'il allait passer.

En fin d'après-midi, alors qu'Antoine sirotait une coca dans le jardin, on sonna au portail. Les jumeaux se précipitèrent sur le perron : « C'est Arthur et Papa ! ». Émilie sortit précipitamment de la cuisine. Le garçon resta accoudé à la porte fenêtre, sans oser aller à leur rencontre. Il se demandait toujours ce qu'Arthur, cet adolescent tout juste plus âgé que lui, pouvait penser du fait qu'il pissait toujours au lit - en l'occurrence dans le lit qui était d'habitude le sien.

- On vous attendait pas si tôt ! s'exclama Émilie avec joie en délaçant son tablier.
- Oui, Papa à bien roulé... dit d'une voix grave et malicieuse un jeune homme qui venait d'apparaître dans l'encablure de la porte. C'était Arthur. Antoine le dévisagea prudemment, à moitié dissimulé derrière la porte fenêtre. Cheveux mi-longs bruns, visage parfaitement symétrique, sourire franc et sincère ; c'était vraiment un joli garçon. Pour couronner le tout, la pratique intensive du sport avait continué de développer son corps et il affichait une belle carrure pour un adolescent de son âge.

- Benjamin, j'espère que vous avez été prudents, quand même ! s'inquiéta faussement Émilie, ravie de retrouver son mari et son aîné plus tôt que prévu.
- Mais oui, t'inquiète... sourit Benjamin qui venait à son tour de passer le seuil de sa maison et qui enlaça tendrement sa femme.

Antoine s'approcha prudemment de la petite famille désormais réunie. Benjamin lui fit un signe de la main :
- Ah, Antoine ! Qu'est-ce que tu as grandis dis donc ! Ca fait plaisir de te voir...

Le garçon vint saluer le père et le fils. L'accueil était vraiment amical, et il commença à se sentir enfin un peu rassuré.

- C'est vrai que tu as grandi ! Je crois pas que je t'aurai reconnu ! s'exclama Arthur en lui posant amicalement la main sur l'épaule.
- On va passer de bonnes vacances ensemble, j'en suis sûr ! termina Benjamin, visiblement ravi d'accueillir le garçon.

Emilie, Arthur et Benjamin passèrent la fin de l'après-midi à discuter dans le salon, apprenant à connaître Antoine et prenant des nouvelles de ses parents. Le garçon apprit qu'ils devraient passer le réveillon et le jour de Noël dans les Alpes, avec des amis du couple. Intérieurement, il sentit son ventre se serrer de nouveau. Encore de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, et son pipi au lit. Ils se rassura en tentant de se rappeler des mots réconfortants d'Emilie lorsqu'ils avaient discuté de ses problèmes au petit déjeuner. De toute façon, il n'y pouvait rien... et si ça les dérangeait, il était tout à fait prêt à mettre des couches ! Il discuta ensuite un peu avec Arthur, qui avait vraiment l'air d'un mec cool.

Un peu plus tard dans la soirée, il comprit qu'Emilie et Benjamin avaient envie de se faire un petit dîner en tête à tête.

- Bon... allez, ils vont très bien se passer de nous pour ce soir! s'exclama Emilie d'un ton guilleret.
- Ça vous dérange pas qu'on passe la soirée ensemble ? Ca fait longtemps qu'on a pas eu un moment pour nous, et on aura toutes les vacances pour faire de longs dîners en famille... compléta Benjamin, presque inquiet de laisser ses fils se débrouiller seul.
- Mais ouiiiii Papa ! Arthur est là ! Et on pourra continuer de faire connaissance avec Antoine en plus ! répondirent les jumeaux.

Peu après, Arthur commanda des sushis sur Uber, et ils s'installèrent devant la télé pour manger et discuter devant Avatar qui passait à la télé. Rapidement, Antoine se sentit tout à fait intégré à la famille de sa tante, presque comme s'il avait été leur quatrième fils...