Pendant qu'ils mangeaient leur desserts, Antoine observa un étrange manège entre les jumeaux ; ils ne cessaient de chuchoter en regardant Arthur avec hésitation. A un moment, Valentin se pencha vers son frère et lui demanda à voix basse :
- Arthur... On peut se fait une soirée en bébés ?
- Ah oui, renchérit Maxime, ça fait trop longtemps...Antoine continuait stoïquement d'engloutir ses mochis, mais il n'en perdait pas une miette. Quant à Arthur, il demeura quelques instants interdit puis il haussa les épaules en riant :
- Mais, Valentin, vous êtes tous les soirs des bébés !...
- Pas autant qu'avant, les derniers dimanches des vacances, quand tu t'occupais de nous comme quand on était petits !
- Vous êtes trop grands pour ça... Franchement ! Qu'est-ce que dirait maman ?
- Allez heuuuu... Justement elle est pas là ce soir, et nous ça nous manque trop !Arthur désigna du doigt Antoine, qui peinait à essayer de comprendre ce qui se tramait sous ses yeux :
- Ça vous gêne pas de faire ça devant lui ?
- De faire quoi au juste, demanda Antoine d'un ton innocent, alors que sa voix trahissait déjà un léger trouble.
- Oh, c'est une vielle tradition : parfois, le dernier dimanche des vacances ils aimaient se mettre en couche juste après le repas du soir et ils regardaient la télé en suçant leur pouce...
- Et puis on buvait au biberon, aussi ! s'exclama Valentin
- C'était il y a longtemps, ça, répliqua Arthur en souriant.
- Oui, justement ! Ça nous manque... réclama Valentin d'un ton implorant.Antoine passait de la curiosité à l'excitation. C'était tout ce dont il aurait rêvé à leur place. Être sur le canapé en pyjama, une couche entre les jambes, annonçant les prémices de la nuit à passer... Gratter les dernières minutes de la journée avec des sous-vêtements de bébé, tout en étant déjà assez âgé pour ne pas être encore dans le lit. Emprunter ce sas vers la nuit les fesses confortablement rembourrées, avec sa famille à ses côtés et le sentiment d'être protégé quoi qu'il puisse arriver.
- Vous voulez vraiment passer la soirée en couche dès maintenant ? demanda Arthur, un peu embarrassé.
- Oh ouiiiii !! s'exclamèrent les jumeaux, visiblement ravis.
- Devant votre cousin ? Vous êtes gonflés ! s'exclama Arthur d'un ton provocant.
- Bah... il est trop sympa Antoine ! répondit Maxime avec un sourire désarmant.Arthur chercha le regard du garçon, désarçonné par l'entêtement des jumeaux. Antoine se contenta de hausser les épaules, pour montrer que cela ne le dérangeait pas. C'était un euphémisme : au fond de lui-même, il crevait d'envie à l'idée de voir à quoi la « soirée de bébés » pouvait ressembler.
- Et puis... il fait aussi pipi au lit ! souffla Valentin.
La sang d'Antoine se glaça soudain. Son visage s'empourpra, et il fut brutalement envahi par la honte.
- Mais chuuuut ! s'exclama Max en donnant un coup de coude à son frère.
- Trop tard, marmonna Antoine pour lui.Maintenant Arthur savait. Antoine était sérieusement embarrassé, et sa mine déconfite ne trahissait rien du sentiment d'humiliation qui le parcourait à l'instant.
Le jeune homme se contenta de sourire et continua sur un ton parfaitement normal, sans sembler s'étonner de cette révélation :
- C'est vrai ? Ha mince ! Mais bon, c'est pas comme si on n'avait pas l'habitude, ici... enchaîna t-il d'un ton calme et rassurant.Après une courte pause, il s'adressa à Antoine d'une voix très douce :
- Tu mets aussi des protections ?
- Non... ma... Ma mère ne voudrait pas, je pense... balbutia Antoine. Et j'oserai jamais lui demander en plus.
- Ha... fit simplement Arthur, avec une mine compatissante.
- Mais j'aimerai trop... ne put s'empêcher de laisser échapper à voix basse le jeune garçon.Les jumeaux se redressèrent sur leur siège et se tournèrent vers Arthur :
- Bah, il a qu'à prendre les nôtres, je lui ai proposé hier ! lança Valentin, comme pour se rattraper.
- Antoine n'a pas votre âge, Valentin... Vous n'avez pas le même gabarit, quand même ! réplica Arthur sur le ton de l'évidence.De son côté, Antoine était sûr qu'il aurait pu d'une manière ou d'une autre rentrer dans les couches des jumeaux... mais il garda son impression pour lui.
Arthur s'approcha d'Antoine, et s'adressa à lui sur un ton plus sérieux:
- Qu'en dit ma mère ? Est-ce que tu lui en as parlé ?
- Elle m'a dit ce matin qu'elle était prête à me laisser en mettre, mais elle veut d'abord en parler avec ma maman. Laisse tomber, elle voudra jamais.
- Hmmm... T'as quand même le droit de ne pas te réveiller dans un lit mouillé non ? Je trouve ça vraiment con...
- Moi aussi, renchérit Antoine. Mais bon, l'idée même de lui poser cette question me semble être de la science-fiction !Après une courte pause, Arthur fronça les sourcils :
- Mais est-ce qu'elle est obligée d'être au courant, ta maman ?
- Demande à la tienne... C'est elle qui veut la prévenir.
- D'accord, je lui en parlerai, si tu veux. T'es sûr que c'est vraiment ce que tu désires ?
- Ben oui... souffla Antoine d'une voix timide.
- OK ! On va voir ça alors. Mais pour ce soir, je pense que c'est mieux que tu n'en mettes pas, tant qu'on en a pas discuté sérieusement, OK
- Bien sûr, je comprends... acquiesça doucement Antoine.Le garçon était partagé entre la déception d'être passé si prêt de son but et l'excitation d'envisager qu'il puisse quand même bientôt remettre à son tour des couches - alors qu'il n'en était pas question il y avait encore quelques jours à peine.
- Bon, alors ça te dérange pas que je les équipe dès maintenant ? lui lança Arthur en rigolant.
- Pas du tout ! sourit-il, envieux.Arthur se tourna alors vers les jumeaux :
- Allez, c'est d'accord !
Les deux garçons explosèrent de joie.
- Trop cool ! Merci Arthur !...Les jumeaux disparurent dans les escaliers, se bousculant en direction de leur chambre. Arthur suivit en haussant les épaules :
- Faut que je m'en occupe... Je reviens vite !Antoine se demandait s'il était dans un rêve. Les jumeaux avaient filé à l'étage, visiblement pour se faire langer par leur grand frère...

VOUS LISEZ
Les vacances d'Antoine
RastgeleAntoine n'est pas encore tout à fait propre, mais n'a plus l'âge de mettre des couches. Pourtant, un séjour dans la famille de sa tante va lui ouvrir de nouveaux horizons... Ma première histoire AB !