Chapitre 1

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Mack

Je viens fouler la pelouse du cimetière de Cullen, mes deux hommes de main sur mes talons. Je repère mon frère en retrait d'un petit attroupement rassemblé autour d'une tombe encore béante et me poste à côté de lui. Je sens son regard plissé me scruter tandis que je balaye des yeux les invités en train de se recueillir devant nous.

-La nuit a été agitée à ce que je vois, commente Adan en désignant le col de ma chemise d'un signe de tête.

J'ajuste aussitôt ma veste de costard pour dissimuler la tâche de sang qui le macule et qui pourrait attirer les regards indiscrets avant de me reconcentrer sur les raisons pour lesquelles je suis ici. Je déteste les enterrements. Non pas pour l'ambiance funeste qu'ils suscitent mais tout simplement parce que je les trouve barbants. Écouter les sermons d'un faux-jeton qui prétend tout connaître de la mort et entendre les plaintes incontrôlées des convives me donnent envie de me crever les tympans.

Aujourd'hui, comme mes responsabilités et les normes sociales me l'incombent, j'assiste aux funérailles de Theodore Taylor, un cinquantenaire qui m'a légué, non sans un peu de persuasion, son bar-hôtel baptisé le Ritz et situé dans le bourg de Cullen. Cette pièce maîtresse immobilière, que je cherchais à m'accaparer depuis plusieurs années maintenant, vient s'ajouter à la longue liste de capitaux dont je suis l'heureux propriétaire, faisant de moi l'investisseur le plus convoité d'Irlande. Situé à une heure de la capitale et dix minutes de l'aérodrome de Kilbride, le Ritz représente un point stratégique pour nos chers politiciens désireux de passer du bon temps. La seule condition pour que le vieil homme consente à me le céder : protéger et mettre sa filleule à l'abri des besoins. J'ai accepté tout en sachant pertinemment que je ne respecterai pas mes engagements. Après tout, une fois mort, je n'aurai aucun compte à lui rendre.

Mes yeux s'attardent sur la silhouette frêle et vêtue entièrement de noir d'Aylee Levinski qui dépose de gestes lourds une gerbe de chrysanthèmes sur le cercueil de son parrain. À ses côtés se tient un quarantenaire barbu et tatoué jusqu'au cou, que je reconnais comme étant le barman du Ritz, et derrière eux, leur collègue et chef de sécurité, un beau black de trente ans qui scrute la jeune femme d'un air penaud et avide à la fois. Je mettrais ma main à couper qu'il en pince pour elle. Il faut dire qu'elle ne manque pas de charme. Une silhouette élancée, une chevelure auburn retombant sauvagement sur ses épaules, des yeux verts qui vous regardent avec curiosité... Elle doit certainement en faire craquer plus d'un. Moi, elle m'indiffère. Comme toutes les femmes d'ailleurs. Le seul effet qu'elles ont sur moi est de dresser ma queue. Pour le reste, je n'en ai cure. Je ne suis jamais tombé pour une femme et cela n'arrivera jamais. Seul un homme autant dépourvu de sentiment et rempli de mépris envers le sexe soi-disant faible que moi peut d'ailleurs tenir le rôle de plus grand proxénète du pays.

Tandis que la jeune femme se penche sur la tombe de son parrain, mes yeux glissent sur son petit cul bombé et serré dans sa robe noire et vient doucement réveiller ma queue. Je sais alors que cette sensation va me coller à la peau jusqu'à ce que je puisse baiser. Putain, j'ai hâte que cette foutue cérémonie se termine. Je viens caler mes mains devant mon entrejambe tout en jouant avec mon canif pour me détourner l'attention et le bruit tranchant interpelle mon frère qui me jette un nouveau regard indigné. Les sermons terminés, la tombe est lentement mise en terre. La filleule assiste au spectacle, stoïque et l'allure droite, me laissant suggérer une résilience que je ne connais que trop bien. Je ne sais pas grand-chose d'elle, juste que son parrain l'a prise sous son aile lorsqu'elle avait sept ans et que sa mère séjourne à l'hôpital. Elle était également le bras droit du patron du Ritz et s'occupe de ses comptes avec une main de fer, selon les dires. Tout ça va bientôt changer.

Je me sens de plus en plus à l'étroit dans mon pantalon, j'ai encore des affaires à régler et j'estime avoir assez fait acte de présence.

-J'y vais, marmonné-je à mon frère.

Never get me [Dark romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant