Chapitre 8

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Mack

-Cinquante mille cinq cents en tout, plutôt pas mal pour une première !

Mon frère laisse tomber une mallette remplie de cash sur mon bureau. En effet, la soirée a été fructueuse et j'ai bon espoir quant au pactole que me rapporteront les suivantes. L'investisseur Gorham, le juge Hanson et même le ministre de notre cher pays sont venus participer à l'inauguration de mon nouveau bébé. Après une nuit passée entre les mains de mes sirènes, je les revois quitter le Ritz, des étoiles plein les yeux. Le petit spectacle qu'elles leur ont concocté ont eu leur effet et je mettrai ma main à couper que je les reverrai bientôt accompagnés cette fois de leurs compères.

Rien de tel que le bouche-à-oreille pour attirer la clientèle riche et avide de discrétion afin de faire fructifier mes affaires et même si j'ai toute la police de Cullen sous mon joug, on n'est jamais trop prudent. Toutes les pièces de l'hôtel sont munies de caméras de surveillance, à l'insu des clients au cas où l'envie leur prendrait de se retourner contre mon business. Une simple vidéo compromettante entre les mains des autorités et ils pourront dire adieu à leur carrière.

-Seul hic, on a repéré des hommes de Borowski rôder autour de l'hôtel, ajoute Adan, le vigile les a stoppés à l'entrée mais attends-toi à ce qu'il revienne fouiner dans nos affaires.

Mon corps se tend en entendant le nom de mon principal rival. Même si son réseau est bien plus petit que le mien, Borowski est parvenu à se faire un nom dans le métier et son business ne cesse de s'étendre dans les rues de la côte Ouest du pays. C'est lui qui détient les prostituées les plus convoitées du pays et je compte bien lui en piquer une ou deux pour mes affaires.

-Laisse-le nous approcher, je veux lui laisser une chance de me faire une offre, dis-je.

Adan me fait un signe de tête entendu avant de saisir la mallette et la ranger dans le coffre-fort encastré derrière mon nouveau bureau.

-Comment as-tu trouvé la nouvelle, au fait ? Plutôt douée des mains, non ? me demande-t-il sur le ton de la conversation.

Je laisse échapper un grognement en guise de réponse. Hier, une jeune ménesse venue de Dublin s'est en effet présentée à mes hommes pour proposer ses services. Alors en pleine démonstration de ses talents sur mon frère, elle s'est empressée de déboutonner mon pantalon pour venir me branler, ce à quoi je n'ai pas bronché. Bien que sa main experte m'ait caressé comme si sa vie en dépendait, je ne suis parvenu à éjaculer qu'en fermant les yeux et en me visualisant une certaine rousse aux yeux verts.

L'avoir aperçue hier a ravivé mes pulsions à son égard. J'avais l'intention de profiter de la soirée pour faire les présentations en bonne et due forme, mais j'ai dû me raviser en apprenant qu'elle avait quitté le bar, et pas vraiment de bonne humeur, si j'en crois le vigile. Visiblement, les changements opérés au Ritz ne sont pas à son goût. Peu importe, j'ai de quoi lui faire changer d'avis.

-Elle plairait beaucoup au maire Thomson, poursuit mon frère, lui qui adore les petites brunes, je mettrais ma main au feu qu'il giclera avant même de...

La voix de mon frère se tarit soudain sous un raffut provenant du couloir. Des plaintes agacées d'une femme se font entendre derrière la porte de mon bureau et je fais alors signe à Stan posté à l'encadrement pour vérifier ce qui se trame. Lorsqu'il l'ouvre, j'aperçois Aylee Levinski entrain de fustiger Franck qui surveille les allers et venues dans mon bureau et qui tente de l'empêcher de passer.

-J'ai besoin de lui parler ! s'énerve-t-elle.

Ma « petite protégée » est entrain de forcer le barrage pour venir me voir et mon égo s'enflamme, si bien que j'en oublie notre conversation avec mon frère.

-Franck !

Je fais signe à mon chien de garde qui finit par la laisser entrer. La jolie rousse lui jette un regard noir avant de pénétrer dans mon bureau. Ses yeux émeraudes me lancent des éclairs et sa démarche nonchalante m'indique qu'elle n'est pas venue pour une simple visite de courtoisie. Elle ignore royalement les autres occupants de la pièce et plaque un document sur mon bureau sans me quitter des yeux avant de me lancer d'une voix accusatrice :

-C'est quoi, ça ?!

Je la considère avec amusement. C'est bien la première fois qu'une femme m'attaque de front avec une telle assurance, et ce, devant mes plus fervents hommes de main. Elle ne sait pas encore à qui elle a à faire et je trépigne à l'idée de lui montrer qui commande ici. Levinsky soutient mon regard avec véhémence et je consens alors à saisir le papier que je reconnais être le bilan comptable du Ritz. J'y aperçois un solde négatif s'élevant à plusieurs dizaines de milliers d'euros et devine aussitôt les raisons de son intrusion.

-Des sorties d'argent, réponds-je simplement.

-Nous sommes dans le rouge, rétorque-t-elle, le Ritz n'a pas les moyens de payer toutes ces rénovations. Vous nous menez droit à la faillite !

Je repose le bilan et viens m'enfoncer dans mon siège. Elle est clairement furax mais j'ai de quoi la rassurer et j'anticipe avec ravissement sa réaction à ma prochaine proposition.

-J'ai ce qu'il faut pour combler tout ça.

-Oh vraiment ? me dit-elle d'un ton véhément.

Je fais un geste en direction d'Adan, toujours debout à mes côtés et qui s'empresse de déverrouiller le coffre-fort avant d'en ressortir la mallette. Je m'en empare et l'ouvre sous les yeux de mon invitée en furie, lui révélant son contenu rempli de liasses de billets.

-Combien te faut-il ? lui demandé-je.

Le regard de la jeune femme s'assombrit.

-Et on peut savoir d'où provient cet argent ? me demande-t-elle avec mépris.

Un de mes acolytes lâche alors un « putes » entre deux faux raclements de gorge, auquel s'ensuivent des rires goguenards de ses camarades. Le visage de mon employée pâlit et ses yeux s'écarquillent.

-C'est totalement illégal, mon parrain n'aurait jamais toléré ça.

-Excepté que ton parrain n'est plus là. C'est moi qui suis aux commandes du Ritz à présent.

Les traits de son visage s'étirent en une expression assassine. Visiblement, ma prise de fonction ne l'enchante guère. Si en temps normal, je jubile de pouvoir me confronter à quelqu'un qui s'oppose ouvertement à moi, là, je me sens piqué dans ma fierté.

-Je te file une prime de deux mille par mois si tu trouves un moyen de passer ses transactions sous silence, dis-je alors, et voici une avance.

Je balance une liasse sous son nez mais alors que je m'attendais à ce qu'elle les empoche ou même les compte, elle continue à me fixer avec dédain avant de me cracher un:

-Je n'accepterai jamais d'argent sale et ne comptez pas sur moi pour continuer à travailler ici.

Puis elle fait volte-face et se dirige d'un pas déterminé vers la sortie. J'entends mes hommes retenir leur souffle et je sens la silhouette d'Adan se tendre à côté de moi. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça. Ses collègues se sont montrés beaucoup plus coopératifs, notamment après que je leur ai proposé d'augmenter leur salaire. Même son parrain avait fini par céder et accepter de me léguer son hôtel après lui avoir proposé de combler toutes ses dettes. Je regarde le petit cul furibond de Levinski rebrousser chemin jusqu'à la porte, mon sang tambourinant dangereusement dans mes veines. Je ne la laisserai pas s'en sortir comme ça. Je lui ai laissé une petite marge de manœuvre, elle s'apprête maintenant à découvrir à qui elle a à faire. 

Never get me [Dark romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant