Chapitre 10

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Trois jours plus tard, dans un aérodrome privé


Harry attendait Léna, confortablement installé dans son siège. Elle l'avait prévenu qu'elle était bloquée dans les embouteillages et qu'elle serait donc probablement en retard. Ils ne s'étaient plus parlés depuis l'entretien de planification qu'ils avaient eu en compagnie de la Reine. Il ne savait pas du tout s'il devait aborder le sujet avec elle ou passer cela sous silence. Il savait qu'il n'était pas tenu de se justifier et il avait quand même été embarrassé de la façon dont s'était déroulée la réunion. Il ne s'attendait pas à la présence d'Eleanor et encore moi au discours de sa grand-mère. Le regard triomphant de son ex-compagne lorsque Léna avait quitté la pièce ne lui avait pas échappé non plus et cette attitude lui avait fortement déplu. Après tout, c'était elle qui avait mis fin à leur relation. Et c'était à cause d'elle que Léna avait été dépêchée au Palais.

Non que sa présence lui déplaise. Plus les jours passaient et plus Harry appréciait d'avoir Léna autour de lui. Il appréciait tout particulièrement sa façon de traiter avec lui. Il était satisfaisant de voir qu'elle ne prenait pas de gants lorsqu'elle discutait avec lui. Il avait l'impression qu'elle le considérait comme un être humain quelconque et pas comme un prince. Si ce manque de respect pour le titre royal aurait pu déplaire ou irriter certains, Harry, lui, appréciait d'être considéré pour lui. En plus, Léna n'était pas du tout désagréable à voir. Il transpirait d'elle une confiance en elle qu'on pourrait croire inébranlable. Et pourtant, lorsqu'il l'avait vue au gala de charité, habillée de manière si simple et pourtant classe, elle avait semblé terriblement mal à l'aise entourée de toutes ces personnes importantes. Il aimait cette innocence, qui lui avait d'ailleurs permis de remettre à sa place Eleanor, chose qu'il essayait d'accomplir, sans succès, depuis leur séparation. Elle ne semblait nullement impressionnée par les fastes et paillettes et pourtant, il ressentait sa vulnérabilité.

Il s'était d'ailleurs félicité d'avoir oublié de la prévenir de cette fameuse réunion. Cela lui avait permis de la voir dans son « environnement naturel ». Au marché, elle portait alors un jean, un pull beige et des converses noires, avec un sac à dos qui avait connu des jours meilleurs. Et pourtant, malgré cette allure affreusement banale, presque de touriste, Harry avait ressenti une vive attirance pour la jeune femme. C'était sa normalité qui la rendait si spéciale à ses yeux. Qu'elle soit simple ou apprêtée, elle dégageait une aura de totale bienveillance, exempte de tout faux semblants. Elle inspirait la confiance.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que Léna avait passé la porte d'embarquement. Lorsqu'il sentit qu'on lui touchait l'épaule, il se retourna vivement et découvrit l'objet de ses réflexions qui lui souriait en s'installant dans le siège qui lui faisait face. Aujourd'hui, elle portait un pantalon noir, des ballerines de la même couleur et un pull bleu marine, resserré au niveau de la poitrine et ample ensuite, ce qui mettait en valeur sa généreuse poitrine.

" Que se passe-t-il? J'ai une tache quelque part? "

Voyant qu'elle le fixait et qu'elle rougissait, il reporta son attention sur elle et la salua. Heureusement, l'hôtesse de l'air arriva à point nommé et les sauvèrent d'un moment terriblement gênant. Prenant leur commande de boissons, elle repartit, les laissant tout deux seuls. Pour mettre Léna à l'aise et pour rendre ce très long voyage plus agréable, Harry décida qu'il serait de bon ton d'apprendre à mieux connaitre la jeune femme. D'un air détaché, il s'adressa donc à elle :

- Et si vous me parliez un peu de vous, Mademoiselle Heirou. J'ai l'impression que vous me connaissez dans les moindres détails et pourtant, vous n'êtes pas vraiment expansive quand il s'agit de votre vie privée...

- Que désireriez vous savoir? demanda Léna d'un air suspicieux

- Par exemple, quel âge avez-vous? Vous semblez plutôt jeune...

Léna sembla hésiter brièvement mais elle finit par lui répondre :

- J'ai eu 25 ans il y a un peu moins d'un mois.

- Pourquoi avez-vous accepté de séjourner un an en Angleterre au service complet de ma famille? Vous n'avez aucune autre obligation? Un compagnon?

- Et bien tout d'abord, quand on débute dans le métier, on ne refuse pas un contrat proposé par Buckingham Palace ! plaisanta Léna avant de poursuivre plus sérieusement : « Même si j'avoue que je ne plaisante qu'à moitié, je dois dire que l'Angleterre m'a toujours fascinée depuis que je suis en âge de voyager. Je ne sais pas vous dire pourquoi mais votre pays m'attire profondément. Et pour répondre à votre deuxième question, non, je n'ai pas de compagnon, termina-t-elle un peu sèchement.

Voyant que Léna réagissait vivement lorsqu'on invoquait sa vie sentimentale, Harry préfèra diriger la conversation vers un sujet un peu plus neutre.

- Avez-vous déjà visité beaucoup de pays? demanda-t-il

- A partir de mes 18 ans, j'ai beaucoup voyagé avec ma soeur. Nous avons eu l'occasion de voir beaucoup de pays différents d'Europe. Mais je dois avouer que celui qui remporte tous les suffrages est un voyage en Ecosse. C'est une région fascinante. Et vous? J'imagine que vous avez beaucoup voyagé également?

- Je voyage très régulièrement mais malheureusement, cela se produit dans le cadre de mission pour la Couronne. Cela ne me permet donc pas de faire beaucoup de tourisme. J'aimerais d'ailleurs beaucoup retourner dans votre pays pour visiter davantage. Il parait que vous avez de nombreux évènements incontournables.

- C'est vrai. Notre pays est petit mais regorge de grandes merveilles.

La conversation se poursuivit ainsi pendant un petit moment avant qu'ils ne décident d'un commun accord de se reposer car le planning qui les attendait à leur arrivée serait plus que chargé en rencontres, interviews et visites.

Scandale au PalaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant