Scandale au Palais

Chapitre 12

Harry posa enfin le pied dans sa chambre d'hôtel pour la première fois de la journée. Il se dirigea vers la douche et se glissa rapidement sous le jet d'eau chaude. Il commença à se détendre et repensa alors à sa toute première journée sur le sol néo-zélandais. Il avait passé la fin de matinée et une bonne partie de l'après midi en compagnie des enfants de l'orphelinat.

Léna et lui avaient participé à des ateliers créatifs : écriture, dessin, pâte à modeler,... Ils avaient ensuite déjeuné en compagnie des enfants et l'après midi avait été consacré à un atelier théâtre ou les enfants avaient décidé de leur présenter l'histoire d'un prince qui rencontre une jeune paysanne. Il avait beaucoup ri car les enfants semblaient clairement avoir pris exemple sur lui. Léna semblait s'être beaucoup plu également. Il avait vu comme elle s'appliquait lorsqu'une petite fille lui avait demandé de créer un château en pâte à modeler. Entourée d'enfants, elle semblait totalement dans son élément.

Inconsciemment, l'esprit d'Harry commença à divaguer. Il s'imagina Léna, dans une dizaine d'années, entourée d'enfants qui couraient partout dans un parc. Elle se leva soudain d'un banc et il remarqua qu'elle se dirigeait, énervée, vers une petite fille avec des nattes rousses qui essayait d'enfoncer la tête d'un garçon dans le sable. Un petit garçon coiffé d'une casquette à l'effigie d'une équipe de football d'où dépassait des petits cheveux blonds. A côté, gisait la tête d'une Barbie dont il manquait le corps.

Harry se figea soudain dans la douche. L'image était très net dans son esprit et lorsque le petit garçon réussit à relever la tête, il remarqua que ce petit avait la même tête que lui. Harry comprit alors qu'il n'avait pas seulement imaginer les enfants de Léna. Il avait imaginé leurs enfants. Profondément troublé, Harry s'envoya un jet d'eau froide et sortit précipitamment de la douche.

Il ne comprenait pas d'où lui venait ce genre de pensées. C'était la première fois que cela lui arrivait. Il n'avait jamais, au grand jamais, imaginé ce genre de scène lorsqu'il était avec Eleanor. La situation était encore plus ridicule puisqu'il ne connaissait Léna que depuis une petite semaine. Rejetant cette réflexion au fond de son esprit, il se rasa de près et dépêcha ensuite de s'habiller. Il enfila un costume noir avec une chemise blanche et une cravate noire. Il avait rendez vous dans une demie heure pour dîner avec le gouverneur du pays. Il fallait qu'il assume son rôle. Sa grand-mère ne le pardonnerait pas s'il venait à créer un incident diplomatique en faisant attendre trop longtemps le gouverneur.

Alors qu'il verrouillait la porte de sa suite, sa voisine sortit également de la sienne et Harry se crispât instantanément. L'objet de ses réflexions se tenait devant lui, vêtue d'une magnifique robe couleur parme. Elle avait relevé ses courts cheveux en un petit chignon haut d'où s'échappaient des boucles blondes. Elle avait également glissé une fleur d'orchidée dans le noeud de son chignon. Elle était tout simplement magnifique.

Reprenant rapidement ses esprits, il se rapprocha pour lui offrir son bras. Se faisant, il remarqua qu'elle émanait une odeur délicieusement sucrée, faite de pomme et de cannelle. Il prolongea leur proximité un instant pour en profiter et puis, remarquant qu'elle le regardait d'un oeil gêné, il reprit son rôle et les dirigea vers l'ascenseur. Assis tout deux dans leur voiture, il prit la parole.

- "Avez-vous des informations à me communiquer avant que nous n'arrivions au restaurant? »

- " Non, je pense que nous avons tout passe en revue dans l'avion. Sachez simplement que la femme du gouverneur sera également présente. Elle a beaucoup d'influence dans la vie de son mari donc tâchez de vous adresser à elle, non comme sa femme mais, comme une égale ».

- "Bien sur, cela va de soi. En contrepartie, je vous présenterai donc comme ma secrétaire. Ne prenez donc pas la parole à moins d'y être invitée et n'abordez aucun sujet par vous même ».

- "Je connais mon travail, Harry »

Léna avait parlé d'un ton sec et Harry craignait soudain de l'avoir vexé. Il aurait pu être du présenter les choses différemment. Il lui avait plutôt ordonné de se taire et de servir de décor. Il ouvrit la bouche dans le but de s'excuser mais se ravisa au dernier moment. Il devait absolument tenir Léna a l'écart. Après tout, elle était son employée et un patron se devait d'être intransigeant. Il ne pouvait pas avoir des pensées comme celles qu'il avait eues plus tôt. Il s'écarta donc jusqu'à se retrouver à l'extrémité de la voiture et se plongea dans ses pensées. Il passa le reste du trajet à se préparer à cette entrevue avec le gouverneur.

Après tout, sa grand mère comptait sur lui pour assurer les bonnes relations dans les pays du Commonwealth et il ne la décevrait pas. Et pour cela, les distractions, aussi agréables qu'elle soient, devaient être bannies a tout prix. D'autant qu'il aurait bien d'autres soucis à régler en rentrant. Autant profiter de cette mission pour se ressourcer et s'éloigner des problèmes avant d'avoir à affronter Eleanor et sa grand mère.