Chapitre 10 - Marshall

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Dante est allongé dans ce lit blanc relié à une perfusion de morphine qui l'aide à supporter la douleur. Ses traits sont tirés, sa respiration de plus en plus lente. Alessia est allongée à ses côtés, la tête contre son cœur. Elle ne veut plus le lâcher depuis une semaine. Elle se raccroche à lui alors que la vie lui échappe et ça me brise le cœur. Pour elle, pour lui et pour moi. Je suis en train de perdre la seule personne que j'ai jamais aimé. Il a été bon, généreux, un vrai mentor pour moi. S'il ne m'avait pas tendu la main il y a presque 7 ans, je serais surement mort dans un caniveau une bouteille de scotch bon marché à la main.

- Tu ... peux ... laisser ... seuls, articule t il difficilement à l'attention d'Alessia.

- Bien sûr, je vais aller chercher un café, répond elle en descendant de ce lit immaculé.

Je m'approche de mon ami et m'installe sur un fauteuil à ses côtés. Il vient serrer ma main du peu de force qu'il lui reste, m'invitant à le regarder. Ma gorge est nouée et mes yeux me brûlent.

- Occupes... toi ... moi, lâche t il dans un effort surhumain.

- Je peux pas faire ça Papy, tu le sais, je n'ai pas le droit de m'occuper d'un membre de ma famille.

- Pas ... même nom... promets... s'il te plait.

Ses doigts faibles enserrent mon bras et quelque chose en moi se brise.

- Elle ne me le pardonnera jamais, je ne peux pas faire ça.

- S'il te plait, gamin ... promets...

Alessia rentre à nouveau dans la chambre, hésitante. Je profite de cette diversion pour fuir lâchement. Il n'avait jamais émis le soit que je m'occupe de son corps après sa mort. Je le taquine depuis des mois, en lui disant que je vais m'occuper de lui que j'ai hâte qu'il soit sous mes mains pour ne plus l'entendre se plaindre. Tout ça me paraît surréaliste à l'approche de son destin. Je conduis jusqu'au centre ville et entre dans la petite brasserie où je tombe nez à nez avec la serveuse rousse. Surprise, elle hésite une seconde avant de me sourire timidement. Je lui fais signe d'approcher, ce qu'elle fait en fronçant les sourcils d'inquiétude.

- Salut Marshall.

- Salut. Dante vient d'être hospitalisé, c'est la fin, je l'informe. 

- Oh mon Dieu. Alessia?

- Elle va avoir besoin de toi.

- Bien sûr. J'ai bientôt fini mon service, je vous rejoints là bas tout de suite après.

- Merci.

Je m'apprête à partir lorsqu'elle pose sa main sur mon bras.

- Tu sais, elle n'a pas refait confiance à un homme depuis une éternité. C'est de toi dont elle a le plus besoin en ce moment.

- Pas après ce que je vais faire.

Elle me regarde interdite et je regagne ma voiture pour rejoindre les Russo dans cette chambre triste et sans vie, à l'image de ce qu'il s'y passe. 

Lorsque j'ouvre la porte, Alessia est assise en train de boire son café et Dante soupire de soulagement en me voyant arriver. Je lui offre un sourire faux mais qui se veux rassurant. Alors pour la première fois, une larme roule sur sa joue, mais cette fois elle est pour moi et pas pour Alessia. 

- J'ai peur, souffle t il avec difficulté.

Alors, ma décision est prise. Qu'importe si je perds la seule femme que j'ai jamais aimé. Il l'a mérité après tout ce qu'il a fait pour moi. Je descends la barrière à sa droite et m'assois à ses côté. Je l'aide à se soulever et viens poser mon bras sur ses frêles épaules, sa tête venant reposer au creux de la mienne. Alessia se lève et vient se blottir contre son cœur, j'entremêle mes doigts aux siens et murmure :

A LA VIE A LA MORTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant