II. Jouer avec le feu

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Mattia Lipari

Barcelona, 6h40 :

‌Elle n'a pas baissé les yeux, pas une seule fois. 

C'était perturbant

D'habitude, ceux qui croisent mon chemin ne tiennent pas longtemps avant de détourner leur regard, comme s'ils craignaient ce qu'ils pourraient y trouver et connaissant trop bien les récits de ma cruauté

Mais elle, Victoria, elle était différente, insolente. 

Elle osait me défier. Et ça, c'était inacceptable

Elle était l'une des femmes les plus grandes que j'avais rencontrées. Cependant, je restais plus grand qu'elle. 

Heureusement pour mon ego.

Elle évoquait une espagnole en tous points. 

Ses longs cheveux bouclés attachés en queue de cheval et sa peau hâlée en étaient la preuve.

 Ses yeux étaient aussi sombres que les miens, empreints d'une haine évidente envers ma personne, bien que nous ne nous connaissions pas. 

Je lisais dans ses yeux qu'elle était prête à dégainer son arme, prête à faire feu à la moindre provocation.

Les secondes s'étiraient entre nous trois, chargées d'une tension électrique. 

 À mes côtés, Manon demeurait silencieuse, elle se contentait de nous observer. Une rareté pour elle, ses yeux scrutant la scène avec une acuité glaciale. 

Je me tournai vers elle, remarquant son éternel chewing-gum qu'elle mâchait avec une nonchalance calculée, tout en toisant Victoria d'un regard hautain et perçant.

Le soleil commençait à éclairer l'avenue qui nous entourait. 

Un calme enveloppait notre confrontation, comme si le monde lui-même suspendait son souffle, attendant de voir qui céderait en premier. 

Je brise cette impasse tendue avec un sourire moqueur, comme un artiste qui ajoute le dernier coup de pinceau à sa toile. 

Les coins de mes lèvres se sont relevés, savourant le jeu psychologique qui se jouait entre nous. 

Les mots étaient nos armes dans ce monde impitoyable, et j'aimais les manier avec précision.

⁃ On dirait que tu as fini de jouer, Victoria. Baisse cette arme. Maintenant. Avant de faire une bêtise que tu regretteras.

Manon, à mes côtés, émit un rire moqueur, mais Victoria resta de marbre. 

Son regard ne flanchait pas, et je sentais mon propre dédain pour elle monter en flèche. 

Elle était avant tout une ennemie

Les secondes semblaient se figer dans cet instant tendu, l'aube, complice de nos ombres nocturnes, émergeait, annonçant la fin d'une nuit obscure. 

Notre royaume sombre s'inclinait devant cette aube naissante, les ténèbres cédaient la place à une lumière plus douce. 

Les premiers rayons d'un soleil timide coloraient sa peau d'une nuance orangée, transformant ses iris en une teinte profonde de marron.

Elle soutenait mon regard, sans reculer d'un pouce. Son regard, intense et brûlant, semblait me traverser, percer mes défenses.

Nous échangions plus que des regards, nous nous défions ouvertement, sans un mot.

Las Reinas Del CaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant