V. L'odeur du thé

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Victoria Silva.

Barcelone, 06h00

La nuit s'était étirée sans fin, et pourtant, je n'avais pas fermé l'œil une seule seconde. Allongée sur le côté, le regard perdu dans la pénombre, j'observais les premiers rayons du soleil venir caresser le visage paisible de Sofia.

Son souffle régulier contrastait avec le chaos qui régnait dans mon esprit.

J'avais enfermé Lipari dans la cave depuis la veille. Une nuit entière. Et si Isabella l'apprenait... J'étais foutue.

Elle me ferait payer mon imprudence.

À mes côtés, Sofia remua légèrement avant de cligner des yeux. Encore ensommeillée, elle tourna la tête vers moi, fronçant les sourcils.

— Tu n’as pas dormi, murmura-t-elle. Tu l’as relâché, c’est ça ? Tu l’as rendu à son cartel ?

Je laissai échapper un rire amer, fixant le plafond.

— Non.

Elle se redressa brusquement, ses boucles blondes retombant en cascade autour de son visage.

— Victoria ! s’exclama-t-elle. Tu peux pas le garder ici ! Tu sais très bien ce que tu risques si mamá l’apprend. Tu devrais lui dire.

Je laissai mon regard glisser vers elle, impassible.

— Tu m’imagines sérieusement aller la voir et lui dire : Isabella, écoute, ça fait vingt-quatre heures que j’ai un des membres les plus influents du cartel ennemi enfermé dans notre cave. Ah, et accessoirement, il a une balle dans l’épaule. Parce que c’est moi qui ai tiré.

Un silence s’abattit sur la chambre. Je vis Sofia déglutir, pesant mes mots.

— Ok… c’est peut-être pas une bonne idée de lui dire comme ça, admit-elle. Mais alors, tu comptes faire quoi ? Tu vas pas le garder éternellement.

— J’y réfléchis encore.

Elle roula des yeux.

— Tu réfléchis. Seule. Comme toujours. Tu pourrais au moins envisager de négocier avec lui. Un pacte, un échange… n’importe quoi, du moment que tu te débarrasses de lui avant que ça dégénère.

Je tournai la tête vers elle, les traits figés dans une expression froide.

— Plutôt crever que de faire un pacte avec cet homme.

Mon ton était tranchant, sans appel. Je ne pactisais pas avec l’ennemi. Encore moins avec lui.

Sofia soupira et se laissa retomber sur le matelas, frustrée.

— Un jour, ton entêtement te perdra, murmura-t-elle.

Peut-être.

Mais pas aujourd’hui.

Sofia avait fini par se lever en râlant, me lançant un dernier regard noir avant de quitter la chambre. Tant mieux. J’avais besoin d’être seule pour rassembler mes pensées.

Je repoussai les draps et me levai. Mon corps était raide, marqué par le manque de sommeil, mais je n’avais pas le luxe de me plaindre.

Pas quand un membre du cartel ennemi croupissait dans notre cave, blessé, et qu’Isabella pouvait découvrir la vérité à tout moment.

D’un geste sec, j’attachai mes cheveux et quittai la pièce. Le silence du couloir contrastait avec la tempête qui grondait en moi.

Mes pas étaient rapides, déterminés. Je descendis les escaliers du sous-sol sans hésiter. Chaque seconde que Lipari passait en vie sous mon toit était une menace, une bombe à retardement prête à exploser entre mes mains.

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