Jusqu'à ce que la mort nous sépare

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Le jour de la noce approchait inexorablement et son angoisse augmentait jour après jour. Non pas qu'elle ne s'était pas déjà faite à l'idée du mariage, elle n'avait pas le choix et était au clair avec ça quand bien même c'était difficile à vivre, mais elle avait, jusqu'à la veille, préféré occulter un détail de taille. Ce fut Jane qui le lui rappela au détour d'une discussion entre mère et fille :

- Le mariage approche vite tu ne trouves pas ? avait-elle demandé en coiffant les cheveux de sa fille.

À ce moment là, Hermione aurait dû se douter que la conversation allait être importante, car sa mère profitait toujours d'une session coiffure pour parler de sujet ne concernant pas vraiment les hommes, surtout les pères. Regardant sa mère au travers du miroir de sa coiffeuse, la jeune sorcière répondit, soupçonneuse :

- Oui, c'est vrai, ces trois dernières semaines sont passées rapidement...

- À vrai dire, j'ai l'impression que ce sont ces vingt dernières années qui sont passées à une vitesse folle, admit Jane avec un sourire nostalgique. Et cette semaine passera aussi en un claquement de doigt.

Posant la brosse, la mère de la jeune sorcière caressa la chevelure de sa fille avec une douceur toute maternelle :

- Je me suis mariée à ton père alors que j'avais sensiblement le même âge que toi aujourd'hui.

Hermione connaissait par cœur l'histoire de ses parents mais ne se lassait jamais de l'entendre.

C'était à une époque de grand développement pour Londres, qui devenait progressivement une vraie métropole. Dans les années 1870, une jeune infirmière cherchait sa voie dans une société où les femmes comme elle, s'approchant de la vingtaine et voulant travailler alors qu'elle n'avait pas de mari, n'avaient pas leur place.

Jane avait dû batailler contre ses parents, depuis ses 16 ans, pour étudier les bonnes pratiques en étant bénévole dans divers hôpitaux qui, hélas, ressemblaient plus à des mouroirs qu'autre chose. Pourtant, sans jamais se décourager, celle qui passait son temps entre ses livres et ses patients, finit par tomber sur un médecin différent des autres.

Le Dr Granger, un jeune homme de 35 ans à l'époque, venait d'entrer en poste dans cet hôpital austère où travaillait la plus acharnée et, d'après l'histoire comptée par le susnommé, « la plus merveilleuse et fascinante des demoiselle ». Loin de la juger pour son mode de pensée très progressiste pour les années 70, il en tomba amoureux et lui fit la cour, au plus grand étonnement de ses futurs beaux-parents.

Bien trop heureux de pouvoir se débarrasser de leur cadette bien trop hors normes, ils avaient volontiers augmenté la dote de celle-ci pour s'assurer que le mariage ait lieu, ce qui fut le cas. Le mariage se déroula un beau jour du mois d'août 1874 et le couple d'amoureux, chose si rare pour l'époque, coula des jours heureux. Seul ombre au tableau, une grossesse qui ne venait pas. Avec le temps, l'espoir d'avoir des enfants diminuait et alors qu'ils s'étaient fait à l'idée de vivre leur amour à deux, un petit miracle eut lieu et, en septembre 1879, une fillette vint au monde.

- Et dans quelques jours, c'est toi qui va te marier... soupira Jane non sans déposer un baiser sur le dessus du crâne de sa princesse. J'espère que ton époux sera te rendre aussi heureuse que ton père avec moi.

1890Où les histoires vivent. Découvrez maintenant