Elle avait l'habitude de prendre en photo toute la beauté qu'elle trouvait dans les choses brisées.
Lorsqu'elle le vit ce soir là, sur la plage, elle eu envie de le prendre en photo.
❝𝙸'𝚖 𝚜𝚒𝚌𝚔, 𝚊𝚗𝚍 𝙸'𝚖 𝚝𝚒𝚛𝚎𝚍 𝚝𝚘𝚘
𝙸 𝚌𝚊𝚗 𝚊𝚍𝚖...
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Le ciel nocturne était parsemé d'étoiles timides face à la pollution lumineuse de la ville mais dont la lumière était tout de même remarquable. Quelques nuages venaient se confondre parmi le reste du tableau, ressortant sur la toile grâce à la lumière jaunie des lampadaires. L'air était doux, le printemps venait tout juste de prendre la place de l'hiver mais il ne faisait pas encore assez chaud pour sortir dehors sans manteau.
C'est la conclusion que fit Avery en refermant la fenêtre du salon de son petit appartement de banlieue. La jeune femme se dirigea alors vers son armoire et enfila une veste en jean noire rembourrée de laine blanche à l'intérieur. Elle mit également un foulard noir et des bottines assorties puis passa la sangle de son appareil photo par-dessus son cou, laissant l'objet pendre à sa hanche. Elle vérifia que ses papiers, son paquet de cigarettes et son téléphone se trouvaient dans les poches de sa veste et sortit de chez elle une fois prête. Elle prit soin de fermer doucement la porte derrière elle, ne voulant pas entendre ses voisins de palier se plaindre pour tapage nocturne à quatre heures du matin. Les rues de Sydney étaient calmes et quasiment désertes, les rares personnes qui cherchaient à profiter d'une balade nocturne chuchotaient. Seuls les fêtards étaient encore bruyant à cette heure-ci. Avery faisait partie de la première catégorie de personnes, même s'il lui arrivait aussi de sortir de temps en temps avec ses amis.
La jeune femme adorait sortir dehors, minuit passé en sa propre compagnie. Elle aimait photographier tout ce qu'elle trouvait joli. Mais ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était photographier les choses brisées, les choses avec lesquels la vie n'avait pas été douce. Ce qu'elle recherchait surtout, c'était la beauté derrière les blessures, les cicatrices, la douleur. Et parfois même, l'espoir, caché au plus profond, comme une flamme fragile mais bel est bien vivante. La mélancolie avait toujours été une inspiration et l'un des plus beaux sentiments à ses yeux. Elle le voyait partout, dans les fleurs séchées, les étoiles, les gens surtout. Elle était admirative de tous ces acteurs anonymes, ces soldats luttant pendant leurs plus dures batailles, ces âmes blessées qui semblaient porter le poids du monde sur leurs épaules. Parfois, elle se laissait emporter à imaginer la nature de leurs tourments, la laissant l'espace d'un instant oublier ses propres maux, lui redonnant l'innocence de croire que ces choses-là n'arrivent qu'aux autres. Mais ça ne durait jamais bien longtemps.
Ces sorties tardives lui permettaient principalement de faire le plein d'air frais, de trier ses pensées avant d'aller se coucher. Et parfois, lorsque les insomnies se faisaient trop coriaces, les cauchemars trop durs, elle ne rentrait qu'une fois le soleil levé. Comme ce soir-là. Avec le temps et l'habitude, elle avait découvert plusieurs spots de la ville agréables à voir de nuit qu'elle appréciait tout particulièrement.
Ce soir-là, elle opta pour la plage.
A cette heure-ci, elle était vide. Le peu de personne qui venaient pique niquer le soir étaient tous et toutes rentrés chez eux et il fallait encore attendre une bonne heure avant de voir débarquer les amoureux du soleil levant. Elle serait donc tranquille, juste elle, les étoiles, et la mer.
Avery retira ses chaussures ainsi que ses chaussettes et descendit les quelques marches de béton qui la séparait du sable qui s'était rafraichi en l'absence des rayons du soleil. La jeune femme aimait la douce sensation des grains de sable légèrement humide sur sa peau. A cette heure-ci, le bruit des voitures se faisait beaucoup moins présent, bien que la capitale australienne ne dorme jamais vraiment longtemps. Les vagues s'échouaient lentement à quelques mètres d'elle, berçant les alentours de leur douce mélodie répétitive. La jeune femme prit une profonde inspiration, les paupières closent, le visage face à la légère brise iodée.
Si la paix pouvait être un instant, ce serait celui là. Quatre heure du matin, seule face à l'océan, les étoiles pour compagnie. Mais seule, elle ne l'était pas, mais ce n'est qu'après quelques minutes qu'elle le remarqua.
Il était là, quelques mètres plus loin. Assit pieds nus sur une serviette de plage comme s'il était resté là toute la journée. Un sweatshirt noir large dont la capuche lui tombait sur le front, des boucles blond platine s'en échappaient, ne contrastant pas beaucoup avec sa peau pâle et laiteuse. Il ne semblait pas l'avoir remarqué, son regard perdu au milieu des vagues. Il tenait une cigarette entre ses doigts et l'amenait à ses lèvres charnues régulièrement, puis renversait sa tête en arrière pour souffler la fumée blanche.
Ce mouvement pourtant anodin fit ressentir quelque chose d'indescriptible à la jeune femme qui l'observait. Ses yeux noir en amande reflétaient quelque chose qu'elle avait appris à reconnaître avec le temps : La douleur, la déception, peut-être même un certain agacement. Ses mouvements étaient secs, les muscles de sa mâchoire tendus. Après chaque bouffée de toxine, le jeune homme laissait reposer son avant bras sur son genoux plié et tapotait sa cigarette du bout des doigts pour en faire tomber les cendres dans le sable.
Sans s'en rendre compte, Avery fut immédiatement touchée par la beauté brisée de ce jeune homme. Quelque chose dans son regard, rien qu'une lueur presque inexistante. Et c'est pour cela que ce soir-là, elle décida de le prendre en photo.
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Ohlalalala vous avez pas à quel point j'ai hâte d'avoir vos retours sur cette histoire hihi
