CHAPITRE 3

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Nuit du 2 décembre Favela, Maceió

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Nuit du 2 décembre
Favela, Maceió

Malgré la pénombre, je décèle de l'embarras à travers les iris de mon frère. D'un mouvement de tête, je l'invite à me suivre à l'intérieur.

Lorsque je passe le pas de la porte, la voix de ma mère le pousse à rester quelques instants sur le perron pour ne pas se confronter à elle.

— Camila ! se précipite-t-elle, apeurée.

Elle m'offre une étreinte maternelle avant de m'analyser. Comme si mes yeux pouvaient lui transmettre un quelconque message.

— Tout se passera bien, maman, prononcé-je dans une promesse incertaine.

— Qu'as-tu fait, ma fille ? s'inquiète-t-elle.

Ma mère n'est pas dupe, mon père a toujours travaillé pour ces hommes, elle connaît leur fonctionnement, je ne peux donc pas ignorer sa question.

— J'ai trouvé un compromis.

Son regard se fait soudain plus soucieux.

— Ne me dis pas que...

Sa crainte me bouleverse, je sais ce qui l'effraie. Ce que toute mère ne pourrait tolérer. Ce qu'elle ne pourrait plus tolérer.

— Ce n'est pas ça, maman, ne te fais pas de soucis. On s'est arrangés avec José, la dette de Téo sera oubliée, et il sera hors de danger. Il me l'a promis.

Elle comprend que je n'en dirai pas plus. Que je ne peux rien dévoiler. L'inquiétude qui émane d'elle ne me laisse pas indifférente, mais je n'ai pas le choix. Elle a tenu notre famille à bout de bras toutes ces années. C'est à mon tour de lui rendre la pareille.

— Tu devrais rejoindre Ana et te reposer, je m'occupe de ranger tout ça, proposé-je en montrant du doigt la cuisine.

Elle hoche la tête silencieusement avant de m'étreindre de nouveau.

— Je t'aime, ma fille.

— Moi aussi.

Plus que tu ne l'imagines.

Elle monte à l'étage tandis que j'attrape un soda dans le frigo et me dirige dehors.

Mon frère est là, assis à cette petite table sur le perron de notre maison, ses bras soutenant sa tête, ses doigts mêlés à ses longues boucles brunes comme les miennes.

Des billets sont étalés devant lui, et je sais par un simple coup d'œil que la somme est loin de pouvoir rembourser ce qu'il doit au Serpent.

Je m'assieds et lui tends la canette, ce qui l'incite à redresser ses yeux vers moi. Cette couleur noisette, que nous avons tous les deux héritée de notre mère, est entourée de rouge, signe que s'il ne craque pas devant moi, il l'a déjà fait. La peur le consume, le désespoir face à la situation dans laquelle il s'est empêtré le guette.

Le serpent et la mule [SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ PLUMES DU WEB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant