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   Ne pas montrer mes émotions, ne pas montrer mes émotions...

C'est ce que je me répétais en boucle depuis que j'avais fait leur connaissance. Au moindre geste, même au moindre battement de cils, ils savaient ce que je pensais. C'était effrayant...

Et puis, pourquoi étais-je là-bas ?!

Pour son plan, hein...?

Je n'étais que le ''plan de secours'', si le premier plan ne marchait pas, même s'il me donnait d'autres missions.

Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ?!

Maintenant, on était dans nos ‹‹cellules››, uniquement composées d'un lit et de quelques affaires personnelles, comme des livres, par exemple. Il y avait juste assez de place pour se mettre debout et faire le tour du lit. Elles paraissaient flotter dans les airs, ç'aurait été un magnifique spectacle, si je n'avais pas été prisonnière. Prisonnière à Meursault, prison pour les détenteurs de pouvoir les plus dangereux.

Comme mes deux voisins de cellule. Dazai, un homme aux boucles brunes aux yeux noisettes, qui a la capacité d'annuler celle des autres et Fyodor, aux yeux violets et aux cheveux raides noirs, dont le pouvoir m'était inconnu. Mais elle avait vraiment l'air dangereuse, pour qu'il soit ici.

Je les observais. Tenter de deviner ce à quoi ils pensaient était vraiment difficile, mais intéressant, selon mes interprétations. Voire drôle quand j'étais complètement à côté de la plaque.

Ils se lançaient des questions vraiment étranges, comme :

‘‘La serveuse que je courtise refuse mes avances. Que puis-je faire pour qu'elle accepte ?’’

‘‘Mes hommes n'écoutent que mes ordres et j'aimerais qu'ils réfléchissent par eux-mêmes. Comment faire ?’’

Leurs réponses étaient aussi déroutantes que leurs questions.

Parfois, ils s'amusaient à répéter ce que disait l'autre en changeant la phrase :

‘‘Qu'est-ce que ça veut dire ?

-Ça veut dire quoi ?

-Comment, ça veut dire quoi ?’’

Ils le disaient avec une tête tellement stoïque, que c'en était presque un sketch.

-Aww, Tp-chan, tu essaies encore de deviner ce qu'on pense, pas vrai ?

Pour la discrétion, on repassera.

-Peut-être. Et alors, Dazai-kun ?

-Moi, je vois...

Il fronça légèrement les sourcils, avant de faire un immense sourire qui barrait tout son visage.

Quel enfant, parfois...

-...tu te demandes si je ne régresse pas avec l'âge, et je tiens à dire que c'est faux. Ah, et tu veux te sui...

-Non, le coupai-je, Je ne veux pas me suicider avec toi.

Il fit une légère moue.

-Tu ne sais même pas ce que je voulais dire.

-Pourtant, elle a raison, Dazai-kun. répondit Fyodor, en fermant le livre qu'il lisait

-Et alors ?!

-De toute manière, je ne vois pas comment tu pourrais te suicider avec moi, enfermé de cette façon.

Il fit un sourire énigmatique, mettant sa tête dans ses bras, laissant juste entrevoir ses yeux et son nez.

-J'ai une solution~...

-Je ne veux pas savoir.

Je m'allongeai sur mon lit, regardant le ''plafond''. J'en avais marre d'être enfermée. J'aimais ma liberté, qu'il y avait-il de mal ?

Ils avaient recommencé à discuter, je les écoutais d'une oreille discrète. Un mot attira mon attention. Je me relevai et me mis à écouter attentivement leur conversation. Il avait utilisé le ‹‹mot››. Celui pour nos échanges codés. Il voulait soit que j'écoute, pour récupérer un maximum d'informations, soit qu'il allait me donner d'autres informations par code.

La deuxième hypothèse semblait être la bonne. Il me donnait ses instructions pour demain : surveiller l'autre, pendant qu'il passerait des examens médicaux. Je tapotais légèrement ma jambe plusieurs fois en morse pour lui faire comprendre que j'avais compris. Il fit un sourire qui n'augurait rien de bon, je ne le savais que trop bien.

Je regardai à côté de mon lit et revoyais des livres, qu'on m'avait donnés à mon réveil, ce matin. Il y avait aussi un crayon et des feuilles blanches. Je pris le premier de la pile et l'ouvris. Rien. Je recommençais plusieurs fois, jusqu'à ce qu'un livre du milieu contienne un post-it :

Deux en deux
Premier
Trois, quatre, dix, quarante-sept, cent vingt-cinq et deux cents trois

Avec quelques caractères en japonais.

Ce qui donnait :

Toutes les deux pages, le premier mot, sauf aux pages trois, quatre, dix, quarante-sept, cent vingt-cinq et deux cents trois.

Puis, les caractères en japonais donnaient l'ordre des livres.

Les feuilles en papier étaient là pour m'aider à tout réécrire, ce qui me prendrait un bout de temps.

Je regardai malgré tout les autres livres pour savoir s'il avait glissé d'autres ordres. Dans l'avant-dernier livre, il y avait un autre post-it :

Demain

Donc, je devais décoder son message caché pendant qu'il serait en examen médical. Je rangeai méticuleusement les livres dans le même ordre, en omettant de remettre les bouts de papier. Je jetai d'abord un coup d'œil furtif autour de moi. Mes voisins discutaient encore et ne me regardaient pas. Idem chez les autres détenus. Je les roulais en boule, avant de les mettre sous la taie d'oreiller. Et au pire des cas, s'il y avait une inspection surprise de nos geôliers, je n'aurais eu qu'à les manger, même si je n'en avais aucune envie.

Je m'allongeai à nouveau sur le lit, me remémorant le Japon, là, où j'habitais. Les balades sur la plage devant la lumière décroissante du soleil ou sous le clair de lune ; la magnifique grande roue baignée de lumière la nuit ; le parc où j'avais l'habitude d'aller, le parc Yamashita... Yokohama, en fait...

Qu'est-ce que je ne donnerais pas, pour y retourner...?

Plongée dans mes réflexions, je fus vite rattrapée par le sommeil. Je devais être en forme, demain, pour la tâche qui m'était confiée.

Dazai X reader X FyodorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant