The Balance Fighter

NUMERO 11

FRÈRE

« J'ai frissonné tout le long. On dirait presque le scenario d'une comédie barbante, c'est stupéfiant. L'amour entre le rouquin révolutionnaire et la machine de guerre. » Glisse une voix, un murmure envoûtant, provoquant des picotements sur ma peau.

Je me tourne avec précaution vers le rebord du balcon. Là, sur la rambarde, le second prince des Enfers, Kallos. Ses ailes noires, semblables à une ombre menaçante, sont déployées dans une envergure impressionnante. Ses ailes noires sont largement déployées. Sa tête repose négligemment dans la paume de sa main, il semble légèrement ennuyé.

« Oh pardon, plutôt l'amour à sens unique du rouquin révolutionnaire. » Il prononce de sa voix grave accentuant le dernier mot qui sonne comme une provocation.

J'incline la tête sur le coté. Je dois rêver.

« Non, ce n'est pas moi qu'il faut regarder, c'est lui le héros. » Le prince continue, m'incitant à détourner mon regard vers Damian.

Mes yeux se posent sur Damian puis je relève les yeux à nouveau vers le prince des enfers qui me sourit, me montrant ses canines acérées. 

« Hygis ? Alors ? » Interroge Damian avec une impatience teintée d'excitation.

La voix de Damian me rappelle, je tourne la tête vers lui.

« Et bien.. oui.

— C'est vrai !? » Il se réjouît, son regard s'illumine. « Alors je te ramènerai tout, une fois pour toute. » Il s'exclame avant de poser un léger baisé sur ma joue, il reprend sa veste en se penchant vers moi puis de disparaît à l'intérieur.

Je cligne des yeux à plusieurs reprises, le contact de ses lèvres sur ma joue résonnant encore dans mes pensées. Mes doigts effleurent la zone embrassée. Avais-je bien saisi ce qu'il impliquait ? J'aurais peut-être dû faire plus attention à ce qu'il disait.

Mais ce démon me fait tourner la tête, dans le mauvais sens du terme. Je me tourne vers le rebord du balcon, où le prince des enfers a disparu. Un vide mystérieux remplace sa silhouette. Intriguée, je m'approche, penchant mon corps au-dessus du vide. Il est parti, je ne l'ai pas vu arriver ni disparaître. Je serre les poings.

Mes pensées se bousculent alors que je réalise peut-être l'ampleur de la situation que j'ai encouragée Damian à entreprendre. Une connerie, sans doute. Mais en réalité, je suis curieuse de voir ce qu'il va me montrer. Je dois donc lui donner du temps. Je ne compte pas repousser les jeux, de toute façon, ce n'est pas dans mes capacités. Je lutte avec mes propres principes, mes doigts se posant sur mes tempes. Je n'ai pas le droit d'autoriser ça.

« Hygis, tu viens ? » La voix de Tartys m'appelle, sa tête apparaissant dans le cadre de la porte du balcon. Je tourne la tête pour la regarder. « Les tours de danse reprennent. »

Je suis Tartys jusqu'à la salle de réception. J'ai tellement de choses qui trottent dans ma tête que je n'arrive pas à me concentrer. Tout semblait simple pourtant réduire l'humanité à néant, pour éliminer leur menace mais il y a tellement de choses qui perturbent mon esprit. Les tests, bien que douloureux et épuisants, avaient le mérite de me libérer de ces tracas superflus, me permettant de ne pas avoir l'esprit embrouillé par ces futilités car ce qui compte vraiment, c'est la volonté du Paradis.

La soirée défile dans une atmosphère festive, mais curieusement, le tournoi à venir n'est même pas mentionné, comme si les présidents voulaient s'en préserver. Après avoir échangé des salutations avec les présidents et quelques politiciens, Tartys et moi nous éclipsons de la soirée. Ma longue robe me contraint à la prudence pour ne pas marcher dessus en descendant les marches blanches. Au pied des escaliers, je lève la tête pour donner la main à Tartys, l'aidant à descendre avec élégance. Elle me remercie d'un sourire gracieux avant de monter dans la voiture. Mon regard, cependant, est attiré par une chevelure rousse qui disparaît dans une voiture, environ vingt mètres plus loin. Damian, sans doute, ramené au centre d'entraînement. Je me demande quelles manigances il peut bien concocter