PEUR ?Un frisson s'installe dans mon échine, qu'est-ce que c'est ? De la peur ? Non, probablement pas. Je ne peux pas avoir peur. Une terreur sourde. Le regard froid du premier president me transperce. Je ne veux pas retourner en rééducation.
« Qu'est-ce que vous ressentez ?
— Je frissonne et mes mains, elles semblent moites. » Je lui réponds.
« C'est un premier avertissement.
— C'est l'heure, allez-y, Mademoiselle. » Intervient un homme alors que le second président entre dans la pièce, me coupant dans mes pensées tourmentées.
Je m'avance vers le balcon, pas à pas, presque titubante en prenant soin de faire une révérence respectueuse au second président avant de m'avancer sur le balcon. La foule est silencieuse, attendant avec une tension palpable mes mots. Je me place devant le micro en suspension. Je garde le papier entre mes mains en cas de potentiel oublie même si normalement je pense m'en sortir. La petite camera flottante se place devant moi.
« En tant que commandante des forces armées, je me tiens devant vous avec un profond sens du devoir et de responsabilité. Dans un monde où la sécurité est cruciale, j'ai pris la décision de commander un entraînement et une préparation de guerre intensifs pour nos forces armées suite à une conviction profonde en notre capacité de victoire lors du tournoi. Notre engagement envers la paix et la sécurité nationale demeure inébranlable. Que notre détermination et notre préparation deviennent un rempart contre toute menace. » Je prends une légère pose avant de continuer pour regarder les visages dans la foule. « Nous portons allégeance aux Hautes Sphères, l'incarnation de la vérité suprême. »
Et alors que d'habitude ma dernière phrase est répétée à l'unisson comme le veut l'usage, cette fois-ci le silence règne dans la foule. Face à ce silence inattendu, je suis choquée. L'absence d'applaudissements après mes paroles suscite en moi une surprise certaine, même de choc. Le silence peut être assourdissant, et dans ce contexte, il devient le reflet d'une réponse non anticipée. Mon visage traduit cette surprise, mes yeux cherchent des indices dans l'assemblée où le mutisme persiste.
Je me racle la gorge, tentant de dissimuler mon trouble alors que mon regard se tourne instinctivement vers Tartys, à l'intérieur, dont l'expression effarée ne fait qu'accentuer mon malaise. Soudain, deux bruits sourds résonnent dans l'air, rompant le silence oppressant qui s'est installé. Puis, de manière lente mais déterminée, quelques mains se lèvent dans l'assistance, droites, le bout des ongles pointées vers le ciel, la paume face à moi puis leur trois derniers doigts se baissent. Ne laissant que pointés dans les airs leur index et le pouce. Autour de leur poignet est noué un foulard blanc. Ces quelques mains sont insignifiantes comparés au monde présent mais ces quelques mains vont faire se poser des questions, beaucoup trop.
Soudain, apparaît à côté de moi le président, dont le visage est marqué par la colère, son regard balayant la foule qui défie ouvertement son autorité. Il me pousse légèrement pour se positionner avec furie au bord du balcon, dominant la scène de sa stature imposante.
Je serre les dents, les dissidents n'avaient jamais osé se montrer en public de cette manière, encore moins pendant une conférence télévisée d'une telle envergure. Un homme déploie soudainement ses ailes, s'élevant de quelques mètres avant de brandir une arme dans notre direction. Mon instinct de protection devrait me pousser à agir immédiatement pour protéger le premier président, mais une fraction de seconde d'hésitation semble paralyser mes mouvements.
Les hoquets de peur de la foule me ramènent à la réalité, et dans un geste presque automatique, lorsque le doigt de l'homme presse la détente, je me place instinctivement devant le premier président, faisant de mon propre corps un rempart entre lui et la menace imminente. Un bruit sourd retentit. Je le sens, ce métal chaud qui me percute la peau et perfore mon abdomen, je lutte pour garder un semblant de calme tandis que le chaos se déchaîne autour de nous : les dissidents tentent de s'enfuir tandis que les forces de l'ordre s'efforcent de les appréhender.
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The Balance Fighter
Romance« Personne ne pensait qu'un ange mettrait le monde en feu. » L'humanité est au bord de l'extinction et le monde est divisé en deux : Le Paradis, un pays suspendu peuplé de Fanges, et L'enclave, un refuge pour les survivants humains derrière d'immens...