NUMERO 6

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VOLONTAIRE


Le miroir de la salle de bain me renvoie une image de mon dos. Mes yeux se fixent sur chaque creux cicatrisé présent sur mes omoplates. Sous les creux, des petites bosses émergent dissimulé sous la surface de ma chair, déformant la courbe naturelle de ma peau.

« Est-ce qu'elles te font mal ? » Demande Tartys.

Je couvre rapidement mon dos, me rhabillant. Le dernier test, plus cruel que les précédents, a laissé une empreinte douloureuse. J'ai pris deux jours de retard sur l'entraînement des champions. La douleur ne s'est pas arrêtée tant que la lumière qui circulait dans mon corps n'avait pas disparu. Elle brûlait mon corps de l'intérieur, consumait mes veines. Et le résultat sont ces deux bosses sous mes cicatrices répugnantes.

« Pas réellement. » Je lui répond. « Je me souviens simplement de la douleur que j'ai ressenti lorsque je me suis réveillée. »

Damian fêtait son vingt-deuxième solstice. Nous étions enfants, et Damian voulait voir les aurores boréales de plus près, alors nous avons désobéis malgré l'interdiction de voler hors des limites du Paradis. Dans la structure de l'atmosphère, le Paradis est situé au dessus de la troposphères, au dessus de la ligne nuagée. L'endroit où se produisent les aurores boréales est la thermosphère. En y repensant, c'était idiot de penser que nous pourrions voler aussi haut.

Repérés par un garde du ciel, nous avons été immédiatement ramenés sur le Paradis. Conduits au palais présidentiel où nous résidions, une atmosphère de tension régnait. Le premier président, préoccupé pour son petit-fils, a choisi de punir Tartys devant nos yeux. Les lanières du fouet ont cinglé l'air, infligeant à Tartys une correction douloureuse. Elle a enduré chaque coup en jouant son rôle avec un sourire qui, cette fois, semblait destiné à nous rassurer plutôt qu'à maintenir une façade devant les autres. J'étais là pourtant, tout ça, c'est Damian qui me l'a raconté.

Quant à moi, en tant que complice, j'ai été envoyée en rééducation pour ne pas avoir dissuadé ou protégé Damian. Ce moment, la rééducation, brouillé par l'amnésie volontaire de mon cerveau, a laissé un vide dans ma mémoire. Mon esprit a choisi de me protéger de ces souvenirs. Quatre jours plus tard, je me suis réveillée sans mes ailes, symboles de ma nature céleste. Ils me les avaient arrachés, ces quatre médecins m'avaient pris mon identité céleste. Ils m'avaient pris bien plus. Damian s'en voulait et a patienté pendant tout ce temps à pleurnicher sur mon lit. Il s'en voulait tellement et pensait que je ne me réveillerais jamais. Je n'avais aucun, l'esprit aussi vierge qu'une feuille blanche.

Ils ont dit au peuple que je me suis séparée de mes ailes car mon corps serait plus aérodynamique. Une meilleure efficacité de mouvement, une manière d'optimiser la performance au combat en réduisant la résistance à l'air, ce qui peut être particulièrement important dans des situations nécessitant agilité et rapidité. Personne ne se posait de question, après tout, j'étais l'aube de la nation, j'étais une machine qui devait servir le pays. Tous ont été impressionnés par mon dévouement au Paradis et j'ai aussi été exclue du palais présidentiel.

Pour se faire pardonner, Damian m'apportait des fraises chaque jours. Je lui ai répété de nombreuses fois qu'il n'a pas à s'en vouloir puisque je ne souvenais de rien, ni même de lui mais encore aujourd'hui, il fait attention à ce que chacun de mes repas en contienne.

Une sanction dure mais juste, proportionnée à la gravité de mon acte.

« Ne traînons pas. »

The Balance FighterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant