Chapitre 4

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Lorsque la reprise des cours débuta, je ne bougeai pas. Je ne savais pas réellement si c'était à cause de mon incapacité de me mouvoir ou parce que je désirais vraiment ne pas y aller, mais le résultat fut le même ; mon corps refusa de s'actionner. La cour, plusieurs mètres plus bas, perdit en intensité sonore, puis, petit à petit, le silence résonna.

Quand la cloche, stridente, retentit une nouvelle fois pour annoncer la pause du midi, j'étais toujours allongé sur le toit, le casque sur les oreilles et les yeux braqués sur le ciel. Sécher deux heures de cours n'était pas habituel, mais là, j'en avais eu besoin.

Le point positif était le temps dont j'avais bénéficié pour réfléchir. J'avais donc pris une décision ; toutes ces nouveautés ne me plaisaient pas du tout ! Je souhaitais que tout s'arrête. Je ne comprenais pas. J'avais toujours réussi à évincer mes camarades trop collants. Et il avait suffi que ce gars commence à me suivre pour qu'il attire les autres tel un aimant insupportable. Ce genre de personne ne devrait pas exister. À cause de ça, il m'obligeait à sociabiliser. C'était trop pour moi. Je n'avais aucune envie de produire cet effort. Rire à leurs blagues, faire semblant de me porter comme un charme, m'imposer des sorties avec eux... Tout cela m'épuisait déjà.

— Cool, t'es là !

La raison de mon malheur qui se montra, affublée de son sourire qui m'apparaissait de plus en plus faux. Je me redressai et considérai Zoran en rabattant mon casque pendant qu'il s'asseyait.

— J'suis allé dans ta classe. La fille, la bonde, elle m'a dit que t'étais pas retourné en cours après la pause. J'ai eu peur que tu me poses un lapin.

Je n'avais même pas la force de faire l'effort de répondre à son ton joyeux.

— Elijah ? Il s'est passé quoi tout à l'heure ?

Je le fixai un instant puis me rallongeai. Tout avait débuté à cause de lui. S'il ne me collait pas autant, en permanence, les autres resteraient loin aussi. Il n'y avait donc qu'une solution envisageable : le rejet.

— Zoran. Je veux que tu me laisses tranquille.

— Hein ? Comment ça « te laisser tranquille » ?

— Ça veut dire : me rendre mon toit, arrêter de me parler, de faire les trajets en train avec moi, ne plus m'envoyer de SMS. En résumé : couper tout contact.

Mon ton était placide, je ne cherchais pas à débattre. N'obtenant pas de réponse, je tournai la tête sans sa direction. Il me fixait, étonné.

— Pourquoi ?

Je basculai sur le côté pour ne plus le voir.

— S'il te plaît, va-t'en.

Je fermai les yeux en remettant mon casque sur mes oreilles et il ne tarda pas à partir, sans un mot de plus. Enfin, j'avais retrouvé ma tranquillité. Même si une part de moi était triste de renoncer à un potentiel ami, je préférais de loin le perdre maintenant que dans quelques années. Quand la douleur serait insurmontable.

Je retournai en cours alors qu'il débutait, prétextant une mauvaise lecture de l'heure. Et dès que je pus fuir sur mon toit à la pause, je n'hésitai pas. Il restait quand même un stress. Zoran semblait tout à fait capable de revenir à la charge. Il n'avait pas l'air du genre à abandonner, mais ça tombait bien, parce que moi non plus.

Comme à mon habitude, je laissai les animaux s'enfuir en premier à la fin de la journée. Je mentis à Nina en lui disant que j'allais étudier un peu à la bibliothèque et je désertai le lycée une bonne demi-heure après tout le monde.

Le trajet en train se déroula dans un calme olympien et en sortant de la gare, j'étais soulagé de ne pas avoir croisé Zoran. En arrivant chez moi, j'eus la surprise de découvrir la voiture de mon père, garée devant la maison. C'était bien qu'il soit présent, il allait pouvoir aider maman. En entrant à mon tour, il vint m'enlacer sans que je lui rende l'hospitalité.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 06 ⏰

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La quatrième corde [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant