𝐈. 𝐕𝐢𝐝𝐞 𝐄́𝐦𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥

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EMILY

Londres, décembre 2023

On ne connaît jamais entièrement une personne, qu'elle soit de notre famille ou que l'on considère comme. Nous verrons seulement la partie qu'elle seule, a choisi de vous montrer. Mais il reste la partie intérieure. On pense parfois la connaître, mais on se trompe.

Pour ma part, j'ai toujours agi comme ça.

Je montre aux gens la fille riche et populaire.

Ma façade.

Alors que l'intérieur se dégrade de bonheur de jour en jour. Celle qui cherche l'amour de ses parents, la joie d'un foyer comme ceux de ses amies. Cette fille est-une inconnue aux yeux du monde, aux yeux de mes amies.

- Et Emily, tu préfères les métis ou les blancs ?

Tiffany me ramène à la conversation à laquelle j'avais arrêté de prendre parti.

- Les métis.

Je lui réponds sans vraiment être présente. Encore plongée dans mes pensées. C'est comme si je me regardais vivre en étant obligée de faire les choix.

Un sort bien triste.

Une sensation désagréable que j'aimerais arracher de mon corps. Je les entends rire sans y prendre parti.

- Em' tu nous écoutes ?

La question de Katherine me prend de court.

- Non désolée j'étais ailleurs.

Je lui souris essayant de redescendre sur terre, dans l'instant présent. Mais mes pensées se dispersent encore et encore.

En voyant cette scène : Tiffany les jambes sur le dossier du canapé, la tête dans le vide, Katherine allongée sur un fauteuil ses jambes pendant dans l'air. Elizabeth assise en face de Katherine sur un autre fauteuil un joint à la main, et moi assise en tailleur sur le sol en mangeant les restes de cette soirée entre filles.

Finalement, en nous regardant, je comprends que nous ne sommes rien, qu'un groupe d'ami qui s'amuse pendant que d'autre souffre. Dans ce monde, je ne suis rien ni personne seulement un être humain. Nous ne sommes qu'une poussière.

J'aimerais que mes parents le comprennent.

Cette sensation de n'être rien est un vertige pour moi.

- Eli passe moi ton joint.

Sans broncher, elle me le tend. Je prends plusieurs lattes pour sortir de mes pensées. Dans ce monde bien trop cruel, je préfère rire tranquillement avec mes meilleures amies. Je me joins peu à peu à leur conversation oubliant cette tristesse profonde qui grandit en moi de jour en jour.

- Celle qui boit le moins vite ses shots dm le gars le plus moche de ce lycée !

Lance Eli, alors toute aussi débile les unes que les autres acceptons avec joie ce jeu. Je remplis mes dix shots de vodka, nous rions à pleins poumons alors que rien ne c'est encore passé. Mais c'est comme ça avec nous, on rigole toute ensemble sans jamais s'arrêter. Elles sont une plus grande addiction que la drogue ou l'alcool à chaque rire, j'oublie ce trou dans ma poitrine. Alors de seconde en seconde, le monde reprend un sens. Elle me donne l'amour que mes parents ne m'ont jamais donné.

- Trois, deux, un.

Crie Kati nous donnant le top départ, alors avec joie, j'avale les shots les uns après les autres tout en riant. Priant pour ne pas perdre. Alors que Ti' et Eli' on déjà finit Katherine et moi, nous nous battons pour ne pas perdre. C'est avec une petite danse de la joie que je fête ma victoire faisant rire les filles et moi.

ALONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant