Seyrsnis 1.1

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La nuit noire était tombée depuis quelques heures déjà, quand je me glissais par la fenêtre de ma chambrette pour y entrer. Je pratiquais ce rituel plus de quatre soirs par semaine depuis plusieurs années maintenant, pourtant ça ne m'empêchait pas de tomber sur les fesses la plupart du temps ; et cette fois ne fit pas exception aux précédentes.

Je me relevais à l'intérieur de ma chambre, aussi vite que j'étais tombée, pensant être entrée comme j'étais sortie, sans alerter personne.
Je me précipitai vers ma salle de bain, afin de me préparer à entrer au lit, quand soudain un cierge éclaira le visage de Marlène, ma gouvernante.

Par la magie souveraine ! Encore ce soir ? S'exclama-t-elle, exaspérée par mes entraînements nocturnes

Je sursautai.

Marlène, vous m'avez fait peur...

C'est vous qui me faites peur Seyrsnis, les temps ne sont plus comme avant, vous devez cesser ces mauvaises habitudes, sinon vous risquez de finir comme...

Elle ne termina pas sa phrase, sachant que le sujet de ma mère m'était encore difficile à aborder.

Ma mère c'est ça ?

Elle ne répondit rien.

Je vous rappelle que c'est elle qui m'a initiée au combat et au maniement de l'épée, lui dis-je tout en me redirigeant vers ma salle de bain.

Elle m'y suivit.

Oui, et je ne disais rien pour ne pas remettre en cause les décisions de la reine, mais maintenant plus rien n'est pareil, et si votre père apprend ce que vous faites de vos nuits... Oh je préfère ne pas y penser.

Elle secoua la tête comme pour chasser cette dernière pensée, puis, m'aida à m'habiller pendant qu'elle me faisait son sermon habituel.

Ne vous inquiétez pas Marlène, mon père a bien d'autres préoccupations avant de se questionner concernant la manière dont je passe mes soirées.

Elle me brossait les cheveux à présent.

Et vous savez bien que ces entraînements me font ressentir que ma mère est toujours près de moi, poursuivais-je d'un ton qui devenait de plus en plus mélancolique. Et je sais qu'en les continuant... Je sais au moins, que tous ceux qu'on a pratiqué ensemble depuis mes 11 ans, ne sont pas partis avec elle.

Marlène me caressa l'arrière de la tête et je sentis son chagrin à travers ce tendre geste.

Je sais, mon enfant. Elle vous manque terriblement et le seul moyen que vous trouvez de vous rattacher aux doux souvenirs qu'elle nous a laissé à tous, est de perpétuer tout ce qu'elle a investi en vous. Je vous demande seulement de vous montrer un peu plus prudente, c'est ce qu'elle vous demanderait également.

Ma gorge se nouait à présent.

C'est promis Marlène. C'est promis.


Le bruit de mes rideaux qu'on tirait me réveilla, et la lumière qui entra par la suite, ne vint que conclure ce éveil.
J'ouvris les yeux et la silhouette de Marlène, sculptée par la lumière derrière elle, me faisait face. 

Elle me réveillait de cette même manière depuis cinq ans, pourtant, chaque matin j'escomptais que la voix de ma mère résonne dans la pièce.

Debout, me fit-elle d'une voix, qui malgré ses efforts pour le cacher, annonçait l'agacement. Comment arrivez-vous à dormir encore pendant que tout le monde vous attend ?

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