L'amour à mes trousses

Chapitre 7

Nous cohabitons depuis 15 jours maintenant, je n'ai toujours pas trouvé d'appartement. Seth dort sur le canapé et m'a laissé la chambre d'amis. Nous nous évitons, on travaille beaucoup et je ne fais que l'apercevoir quelques minutes par jour. Il n'y a que le weekend où l'ambiance est plus tendue, comme aujourd'hui. 

Nous sommes dimanche, il a beau chercher à fuir, il ne peut pas passer ses journées dehors. On s'installe à table pour déjeuner quand on entend frapper. Maggy va ouvrir et je découvre mes parents sur le seuil de la porte. Je suis étonnée qu'ils aient résisté aussi longtemps! 

— Tate, Rachel, quelle bonne surprise, s'extasie Lizzie.

— Menteuse, je grogne avant d'aller serrer mes parents dans mes bras. 

Je les adore, ils m'ont offert une vie belle et heureuse mais je sais qu'ils vont vouloir se mêler de ma vie et ça, j'ai du mal! Au fond, ils ne veulent que mon bonheur mais je n'aime pas avoir à justifier mes choix comme si j'exposais une dissertation. Ils s'installent à table avec nous et nous déjeuner tranquillement en discutant de tout et de rien. Ils font semblant de s'intéresser à Seth et aux filles alors que ma mère ne cesse de me jeter des regards en coin.

— Bon, je tranche. Et si vous les laissiez tranquille et que vous me disiez ce que vous avez à me dire?

— Oh ma chérie, loin de nous l'idée de te faire la morale. Tu es une jeune femme indépendante et je suis sûre que tu avais de bonne raison de quitter l'homme de ta vie.

Seth s'étouffe à moitié en avalant une pomme de terre.

— Et voilà, je râle. Tu ne peux pas t'en empêcher.

— Quoi? Qu'est ce que j'ai dit de mal? s'indigne ma mère.

— Ce n'est pas l'homme de ma vie, c'est pour ça que je l'ai quitté. 

— Tu as rencontré quelqu'un? demande mon père en jetant un regard sévère vers Seth.

— Non, pas du tout. 

— Alors pourquoi? Je ne comprends pas, m'avoue ma mère.

— Parce que je me faisais chier, voilà. Tu es contente?

— Ton langage Taylor, me gronde t elle. 

C'est pas vrai! J'ai l'impression d'être une enfant qui a fait une bêtise. Je me lève brusquement et sors de table pour rejoindre ma chambre. Je n'arrive pas à me calmer, mes mains tremblent et des larmes de rage commencent à menacer de couler. Mon père me rejoint et s'assoit en silence à mes côtés. Je finis par poser ma tête sur son épaule, son bras sur la mienne.

— Est ce que tu es heureuse maintenant?

— J'en sais rien, je suis perdue. Toute ma vie tournait autour de lui depuis 14 ans, alors j'ai un peu de mal à refaire surface. Mais je n'étais pas vraiment heureuse avec lui, tu sais? C'était simple, facile et sans effort, mais ce n'est pas vraiment ça l'amour, non?

— Non, ce n'est pas ça l'amour ma chérie. Après 30 ans de mariage, je suis toujours aussi fou amoureux de ta mère mais ce n'est ni simple ni facile et ça demande de faire des efforts au moins de temps en temps. Ta mère se fera une raison. Elle est juste déçue de ne pas avoir de petit enfant avant la voisine, plaisante t il.

Je souris contre lui et embrasse sa joue. Il sait toujours quoi dire pour me réconforter, c'est le meilleur. Nous rejoignons tout le monde. Un silence de mort règne autour de la table.

— Bon, on a apporté une tarte pour le dessert, ça vous dit?, lance mon père pour détendre l'atmosphère. 

Mon père apporte une tarte aux fraises, l'odeur m'irrite et me donne la nausée. Je refuse la part qu'il me tend en déglutissant avec difficulté.

— Je croyais que tu adorais ça?

— Je ... je me sens pas très bien là. 

La journée me semble interminable, je suis épuisée quand mes parents partent enfin. Je m'installe sur le canapé et me couvre d'un plaid. Seth a lancé une chaîne musicale et je m'endors rapidement. Lorsque je me réveille il fait déjà nuit. Seth s'est endormi à côté de moi. Je le détaille une minute. Je n'ai pas pris le temps de le regarder vraiment depuis cette nuit là. Il est  beau, ses cheveux sont raides et coiffés vers l'arrière. Il a toujours ce parfum épicé mélangé à l'odeur de cigarette. Les filles lui interdisent de fumer dans l'appartement, si bien qu'il passe le plus clair de son temps à la fenêtre pour assouvir son addiction. Il est sexy quand il fume, c'est bête, je sais, mais je le trouve terriblement attirant.  

— Tu sais que je ne dors pas vraiment?

Je sursaute en entendant sa voix, je veux me redresser mais je m'emmêle les pieds dans le plaid et finis les fesses par terre.  

— Oh, merde, ça va? 

Il me tend la main, j'hésite une seconde puis l'accepte. Il m'aide à me relever et je grogne en frottant ma fesse endolorie.

— Besoin d'aide? demande t il en regardant ma main. 

— Espèce de pervers, je râle en frappant son épaule.

Il se marre et hausse les épaules en allant s'installer près de la fenêtre. Il allume une cigarette et me fixe comme ce soir là.

— Tu es célibataire, je suis célibataire, on s'est bien amusé la dernière fois et je ne serais pas contre une nuit en dehors de ce truc pourri, dit il en désignant le canapé.

J'avoue que mes quelques heures de sieste mon courbaturé le dos et je suis plus petite que lui! Le pauvre, il dort depuis deux semaines sur ce canapé et je ne me suis même pas inquiétée de savoir s'il y dormait bien.  

— Tu peux dormir dans la chambre Seth. 

— Juste dormir? demande t il avec un sourire.

Je lève les yeux au ciel avant de lui tourner le dos. Je retourne me coucher dans ma chambre, je suis toujours aussi fatiguée malgré ma sieste. Je commence à somnoler lorsqu'on ouvre ma porte. Je n'y prête pas attention, on est adulte après tout, on peut dormir dans le même lit sans ambiguïté. Enfin, je crois.