Chapitre 4 : Folie

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Miya s'est élancé, mais Adam est toujours là. Il se tient debout, totalement détendu alors que Miya prend de l'avance. C'est idiot de le laisser ainsi prendre l'avantage, je ne comprends pas où il veut en venir. Je sens la foule autour de moi commencer à s'agiter, se demandant quelles sont ses intentions ; et alors je me demande s'ils ne sont pas fous d'oser ne serait-ce que bouger un orteil. Il dégage une telle violence, un tel mépris et une telle folie rien que par sa posture. La seule chose qui m'empêche en cet instant de tomber à genoux est la présence de tout ce monde, mais surtout la présence de la bête qui se cache dans l'ombre de mon secret et que je redoute encore plus. J'ai l'impression de le regarder à travers les yeux de quelqu'un d'autre, plus rien n'est réel, pas même mon propre corps. Je cligne des yeux et Adam disparaît de mon champ de vision. Cinq secondes plus tard il rejoint Miya sur l'écran. Comment a-t-il fait pour le rattraper aussi vite ? Heureusement il ne semble pas vouloir jouer avec lui, un énorme soulagement m'envahi à l'instant où je le compris. Je ne peux m'empêcher d'analyser la glisse de Miya durant sa course, et je comprends sans vraiment savoir comment ce qui ne va pas. La course se finit très vite, Miya a perdu. Adam est en train de l'humilier devant tous les skateurs, affamé de cette mascarade.

—...tu roules tout seul mon cher petit.

Quelqu'un crie à Adam d'arrêter.

— Stop !

Qui est assez fou pour s'opposer à ce monstre ? Je me rends compte que c'est moi. C'est moi qui ai crié. C'est ma voix. Le bourdonnement au bout de mes doigts s'arrête instantanément. Je ne vais pas le laisser piétiner mon ami sans rien faire, je me dois de le protéger de ce que je peux.

— Qui es-tu petit rouquin ? Tu ne m'intéresses pas.

— Je m'appelle Reki Kyan, je suis un ami de Miya.

— Reki arrête. Ça en vaut pas la peine.

— Si, ça en vaut la peine. Il n'est pas seul. C'est à cause de vous qu'il ne s'amuse pas en roulant ?

— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Je m'amuse.

— Non, ça se voit à ta manière de rider. Le skate, c'est fait pour ça, pour s'amuser, pour être libre, pour faire des rencontres. Il ne roulera pas seul tant que je serais là.

— Reki...

— Je te le répète tu ne m'intéresses pas. Mais tes convictions ridicules m'exaspèrent au plus haut point.

— Je vous défie.

— Tu me proposes une course ?

— Oui

— Reki qu'est-ce qui t'as pris ?!

— Je sais pas !

— Tu m'as dit qu'il était dangereux !

— Je sais !

Comment j'en suis arrivé là ? J'ai définitivement perdu la tête. Me mesurer à cette montagne, moi, Reki, pauvre petit skateur de quartier. Je n'ai pas prononcé un mot de tout le chemin du retour. Comment le pourrais-je ? Mes pensées défilent dans ma tête me laissant simple témoin, incapable de me défendre face à cette tornade. Je suis paralysé par la peur. Je ne veux pas me mesurer à cette aura effrayante qu'il dégage, mais je n'ai pas le choix. Si je ne le fais pas Miya n'aura jamais d'excuses, et ce sera à Langa de courir contre lui. Hors de question que je les livre à ce malade. Même si je dois en payer le prix, et quelque chose me dit que l'addition sera salée.

— Ça va aller ?

— Oui, je vais continuer de m'entraîner et ça ira.

— D'accord. De toute façon on a rendez-vous au restaurant de Joe pour en parler.

ViolenceWhere stories live. Discover now