3 / Connor

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Cet inventaire aura ma peau ! Ce n'est clairement pas ce que je préfère dans mon job. Ce que j'aime c'est le contact avec la clientèle, la satisfaction de conclure une vente et de voir repartir un objet dans les mains de son propriétaire.

Afin d'avancer plus vite, j'ai fermé la boutique ce matin. Déjà que je galère, si en plus je suis dérangé toutes les deux minutes, je n'arriverais jamais au bout.

Après avoir compté les meubles et les tissus, je m'attaque à la vaisselle. Pas la partie la plus passionnante.

Une heure de plus passe et je réalise avoir besoin d'un café, si je ne désire pas tomber de sommeil sur mon carnet. Je monte à l'étage et me fais couler une grande tasse, il me faudra au moins ça. Quand j'ai repris la boutique, je me suis en même temps installé dans l'appartement situé au-dessus.

Un vrai bonheur pour un gros dormeur comme moi, je n'ai pas besoin de me lever aux aurores pour venir bosser. Une demi-heure avant suffit largement. Ma tasse vidée, je reprends mon activité, pressé d'en finir. Il ne reste plus que quelques étagères à comptabiliser quand mon portable tinte.

Je sursaute à la chanson en vogue du moment et rouspète contre Spencer. C'est lui qui a changé ma sonnerie. Je me saisis de l'objet et décroche sans regarder le correspondant pour aboyer dans le combiné :

— Je pensais t'inviter à dîner, mais je crois que mon idée n'est pas la meilleure.

Je reconnais la voix de Rebecca et m'excuse platement :

— Désolé, mais ton fils a eu la bonne idée de changer ma sonnerie, je me retrouve donc avec une chanson débile et en plus je ne vois pas le bout de cet inventaire, mais j'accepte volontiers ton invitation.

— Waouh... quel débit de parole. C'est impressionnant.

Elle finit par rire et je la suis.

— C'est une de mes qualités, fanfaronné-je en prenant place au sol. Sérieusement, je serai heureux de vous voir et de déguster un bon repas, confirmé-je d'une voix plus douce.

— OK, dans ce cas rendez-vous à 19h à la maison et sois en forme parce que Spencer a l'intention de te battre à la console.

Elle éclate de rire et sans savoir pourquoi mon cœur fait une embardée, comme si c'était la première fois que j'entendais son rire cristallin.

— Connor, tu es toujours en ligne ?

— Oui, oui, je suis là... désolé, j'étais dans mon inventaire, mens-je.

Je ne vais pas lui avouer que je suis troublé par son rire, quand même...

— Je te laisse bosser alors. Bon courage et...

— À ce soir, la devancé-je.

— Ouais...

À son ton, je saisis qu'elle hésite à raccrocher, sa respiration se fait plus forte et elle finit par couper la communication.

Que s'est-il passé à l'instant ? C'est bien la première fois où je sens cette électricité entre nous.

Après quelques minutes à tenter de démêler ce qui m'arrive, je décide de reprendre mon inventaire afin d'en terminer au plus vite.

****

Nerveux, je frappe à la porte chez Rebecca. Cette angoisse que notre relation évolue me poursuit depuis son appel et j'ignore comment composer avec mes émotions. J'ai tout essayé : me noyer dans le boulot, avaler des litres de café, aller courir sur ma pause du midi, mais rien n'y a fait.

Connor's LaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant