V. Dans la peau

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Jay

Je m'agrippe à la colonne en bois de mon lit à baldaquin, pour ne pas tout à fait perdre l'équilibre. Le coup qu'Éléa vient de m'envoyer dans le crâne était violent, il n'y a pas à dire.

En me tournant pour contrer le deuxième, je comprends qu'elle s'est servie d'un bibelot qui trônait dans le couloir. Elle a vraiment décidé de m'éclater la tête, c'est radical. J'attrape son poignet au vol, le serre suffisamment fort pour qu'elle lâche l'objet et le repousse. Mais Éléa ne s'arrête pas. Elle bondit sur moi et tente de m'envoyer son poing dans la mâchoire. J'esquive assez vite. Le défi va consister à l'empêcher de me frapper sans lui faire mal. Mais vu la haine qu'elle place dans chaque coup, je vais peiner à refréner les miens. On est loin d'un entraînement autour du petit déjeuner, à présent.

Débute alors une danse violente entre nos bras et nos jambes, où j'évite, comme je le peux, ses attaques, et où elle décuple sa force et sa vitesse pour m'atteindre.

Entre deux esquives, j'essaye de la raisonner, mais elle ne semble pas même m'entendre :

— Éléa, CALME-TOI, BORDEL !

Elle pousse un cri enragé en prenant de l'élan, et cette fois, je reçois ses phalanges contractées sur le haut de la tempe. La vache, elle a une force ahurissante ! La douleur résonne en écho sur toute la peau de mon visage et à l'intérieur de ma tête.

Je me secoue rapidement pour reprendre le contrôle de mes mouvements, et alors qu'elle pense pouvoir me frapper une fois de plus, je tends ma main bien à plat et d'un geste puissant, bloque son ventre pour la faire reculer. Éléa manque de perdre l'équilibre ; trois pas en arrière, elle accuse le coup dans une respiration endolorie, mais court de nouveau vers moi. Je me retourne vivement pour passer derrière elle, entoure sa gorge de mon coude plié et attrape ses mains avec celle qui me reste de libre :

— Mais putain, qu'est-ce que tu crois faire ? dis-je enragé à son oreille agitée. Tu veux me buter alors que tous mes gars sont en bas ?

Elle se penche en avant pour se dégager de mon emprise. Je sens son cul bombé contre mon ventre. Plus efficace que n'importe quelle attaque pour me déstabiliser.

— Et pourquoi pas ? grogne-t-elle en se cambrant d'autant plus. Tant que t'y passes, je m'en fous d'y passer aussi !

Son dos se détache de mon buste, et maintenant, c'est sur ma queue que je sens le frottement de ses fesses. Elle profite de mon absence ponctuelle de sang-froid pour m'envoyer un coup de pied par l'arrière. C'est quoi cette souplesse ?

Il manquait de force, mais il suffit à me faire perdre mon emprise sur elle. Vivement, elle exécute une volte-face. Ses yeux gris me dévisagent avec hargne, et, sans y faire attention je crois, elle lève deux poings devant son visage et se met en position de combat classique.

— OK, Dola..., dis-je, le souffle court. Fini de jouer.

Mais lorsque je la préviens sur ce ton, je perçois un éclair différent dans son regard. Et ça, ce n'est pas de la colère.

Ma main, toujours plate et tendue, prend de l'élan arrière pour viser son nez, elle contre mon geste avec son avant-bras et en profite pour m'assener un coup violent dans les abdos. Je contracte, tourne sur moi pour la surprendre, et lui offre un croche-patte qui la fait tomber au sol. Mais elle s'aide de ses deux mains pour se relever d'un bond, et, à présent, c'est moi qui mène et elle qui esquive.

Je ne veux toujours pas la blesser, mais la calmer serait déjà une victoire. Coup de pied latéral, elle se baisse, l'évite. Elle tente d'attaquer une jambe, mais je suis plus rapide. Je parviens à attraper le bras qu'elle avançait vers moi, la ramène contre mon buste, et immobilise sa cuisse sur mon flanc :

Inside MAC, tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant