Chapitre 1 - Sarah

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Je frotte mes bras frigorifiés. Pourquoi j'ai accepté de venir avec eux déjà? Je grogne en regardant par la fenêtre du taxi qui nous amène à notre chalet.

— Oh, arrête Blanche Neige, se moque Max. Le chauffage est à fond.

— C'est de voir tout ce blanc qui me donne froid. Pourquoi tu n'as pas choisi les Caraïbes Papa? je geins. Cuba, Porto Rico, ça c'est une destination de rêve.

— C'était génial la dernière fois qu'on est venu. Tu avais adoré ça! 

— Ouais, enfin c'était il y a 15 ans Papa! rigole Alec.

—14, s'il te plaît!, je rectifie.

— Oula, il ne faut pas mettre en colère la dame! Tu approches dangereusement des 25, s'esclaffe Max. 

Qu'est ce qu'ils peuvent m'énerver quand ils font ça! A croire que ce n'est pas important! Je tiens à mes "pas tout à fait" 25 ans! C'est normal non? Après il va falloir que je me comporte en grande personne, j'essaie depuis un peu plus de 6 mois et ce n'est pas concluant pour être honnête. 

Mes frères et mon père vivent à Toulouse, là où j'ai grandit. Pour le travail, j'ai dû partir à Paris il y a quelques mois. Au début j'étais heureuse de prendre mon indépendance, les 3 hommes de ma vie sont pires que des mères poules. Ils me couvent tellement que je me demande encore comment j'ai pu apprendre à marcher sans leur tenir la main! Mais finalement, je redescends un weekend sur deux dans ma ville natale. Je n'arrive pas à me faire à la vie parisienne et encore moins à une vie sans eux. 

— Allez Blanche Neige, ça va être super 2 semaines tous ensemble, non? s'inquiète Alec.

— Evidemment, je réponds avec un sourire. N'empêche que j'aurais préféré une température supérieur à 20°C! J'espère au moins qu'il y a un jacuzzi!

Je joue les princesses mais je me fous qu'il y ait un jacuzzi, j'aime seulement les torturés un peu. Je les vois se regarder les uns les autres désespéré et j'éclate de rire. Mon père se renfrogne en comprenant que je me moque d'eux et mes frères me chatouillent jusqu'à ce que je n'arrive plus à respirer.

— Princesse maléfique, scande Alec.

C'est vrai que je n'aime pas la neige, ni le froid, même si à Paris les températures n'ont rien à voir avec celle de Toulouse! On finit par si habituer, mais là on ne parle pas d'intempérie ridicule mais de températures négatives et chutes de neige à répétition, mon angoisse personnelle. J'aime le soleil, la chaleur et le sable. Rien à voir avec les montagnes enneigées qui se dessinent sous nos yeux. Adieu Bikinis et petites robes, bonjour pulls et chaussettes en laines, argh et les combinaisons de ski! Quel horreur! La seule chose que je garde ici, ce sont mes lunettes de soleil, Hallelujah! 

— Tu vas découvrir l'envers du décor des films de Noël que tu nous obliges à regarder tous les ans, me lance mon père.

— Tout l'intérêt de ces histoires, c'est de les regarder avec une température avoisinant les 10°C pendant que eux se les gèlent!  Tu as envie de vivre sur un vaisseau spatiale toi? 

— Pas faux ... Oh allez tu ne vas pas bouder toutes les vacances? Y a le championnat du monde de Freestyle cette année, ça va être génial.

— Hmm, si tu le dis. Je le regarderai au chaud sous un plaid depuis ma chambre.

Le taxi se gare devant un chalet gigantesque au pied des pistes. La vue des chambres doit être somptueuses, j'ai hâte de la découvrir. Comme d'habitude, je n'ai pas le droit de toucher à mes valises. Je suis mes deux grands frères chargés comme des mulets jusqu'à l'intérieur de notre location. Le salon est gigantesque, une cheminée en pierre trône fièrement devant un canapé en U pouvant accueillir deux fois plus de personnes qu'il n'y en aura ici ces deux prochaines semaines. La cuisine est ouverte sur une salle à manger, plus modeste, mais tout de même spacieuse. Les garçons commencent à monter, je les suis et découvre 4 chambres, chacune équipée de sa propre salle de bain, le rêve! 

— Choisis celle que tu veux Sarah.

Je prends celle au fond du couloir, la vue sur la vallée est somptueuse. La station est bondée de monde, les pistes sont noircies par les milliers de skieurs qui les dévalent. Une notification sur mon téléphone  se fait entendre alors que Max dépose mes valises près de mon lit.

— Ah non, me dit pas que tu es encore sur cette appli?

— Si tu reconnais le bruit de la notif', c'est que tu l'as aussi, alors pas de commentaire! En plus, elle est très bien.

— Arrête, y'a que des mecs qui ont la dalle là dessus!

— Des mecs comme toi? je me moque.

— Ouais, bah quand je rencontre des nanas là dessus c'est pas pour un dîner romantique! 

— Tu es au courant que je ne suis plus une petite fille, n'est ce pas? 

— Qu'est ce qu'il se passe ici? vient se renseigner Alec.

— Ta petite sœur, plus si petite que ça, est inscrite sur une appli de charo, l'informe Max.

— T'es sérieuse là? 

— Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi! J'ai quand même le droit de rencontrer des gens et m'amuser un peu, je grogne en ouvrant ma valise.

Je commence à ranger mes affaires, essayant d'ignorer mes frères.

— Je croyais que tu étais avec quelqu'un? demande Alec. Comment il s'appelait déjà?

— Sauf que vous l'avez fait fuir quand je vous l'ai présenté, comme les 15 autres mecs avant lui.

—  On a rien fait du tout, s'offusque Max.

— Oh arrête, vous ne pouvez pas vous empêcher de sortir les crocs dès qu'un mec m'approche!

Je rigole parce que c'est exactement l'image que j'ai d'eux. Ce sont des rugbymans pro, ils sont battis dans la pierre à l'image d'une armoire à glace. Et ils montrent les dents à chaque fois que j'essaie de leur présenter quelqu'un, on dirait ce chien dans le dessin animé pour gamin, Ruben? je crois. Ouais c'est ça, des bouledogues bien hargneux! Je rigole parce que je ne leur en veux même pas. Peut être bien qu'au fond de moi, je me sers d'eux pour me débarrasser des garçons qui deviennent trop collants. Je crois que le jour où il y en aura un qui résiste plus d'une journée à leurs côtés, je me poserai des questions sur lui. 

Pendant qu'ils discutent de leur responsabilités respectives face à mes échecs amoureux, j'ouvre mon application qui m'annonce un match avec un français dans un rayon d'un kilomètre. Mais c'est parfait ça! Je réponds à son invitation. 

— C'est à cause de toi, regarde ce que tu lui fais faire.

— C'est toi oui! Tu veux toujours les tester sur un terrain de rugby.

— Et toi tu lances toujours une partie de monopoly, tu les plumes et les fait pleurer.

— Ah parce que tes trivials pursuits où ils se rendent compte qu'ils sont stupides c'est mieux peut être?

— Pis Papa qui leur pose un millier de questions sur leurs antécédents médicaux, tu crois que c'est mieux?

— La dernière fois il est remonté tellement loin dans l'arbre généalogique de l'autre qu'il a failli faire une crise d'épilepsie.

— Ouais, voilà, c'est de la faute de Papa! 

Ils se tournent vers moi triomphant, ravis de leur conclusion. Je secoue la tête dépitée. Je reçois un premier message de mon prétendant. Un sourire niais s'affiche sur mon visage ce qui n'échappe pas à mes gardes du corps.

— Ce soir, tu es à nous Blanche Neige! Oublie celui là. 

— Y a une boîte terrible pas loin. 

— Va falloir me porter, parce que je refuse de mettre des bottes immondes et mes chaussures vont être bousillées dans cette neige! 

— Ce que Madame veut, rigole Alec en me faisant une révérence.

Je me marre et leur accorde la soirée, ils m'ont tellement manqué!  

Snowflake & Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant