Chapitre 5 - Sarah

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— Tes frères ne lui ont pas encore tordu le cou, il a de la chance!

— Comment ...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Max et Alec me sautent dessus. Le premier se dirige vers Lawrence, menaçant, tandis que le second est à deux doigts de me secouer pour voir si quelque chose est cassée. Comment a t il su que c'était mes frères? Autant Alec et Max se ressemblent à tel point qu'on leur demande parfois s'ils sont jumeaux, autant je ne le ressemble absolument pas! Ils sont blonds aux yeux bleus frôlant le mètre 95, tandis que je suis brune pour un petit mètre 70. Ils ont tout pris de Papa, j'ai tout pris de Maman. 

— Tu n'as rien ma puce?

— Non, ça va.

— Quand on l'a vu en bas tout seul, on a pété un plomb. 

— Tu peux le faire partir, s'il te plait? J'ai des envies de meurtre là..., je le supplie.

— Lequel on doit éliminer? demande Max.

— Le Schtrumpf.

— Et celui là? On le laisse vivant, tu es sûre Blanche Neige?

— C'est grâce à lui que je suis vivante, tu devrais lui faire un bisou sur le front, je ricane. 

Max le regarde surpris mais Lawrence ne dit pas un mot et garde ses lunettes de protection qui camoufle son visage. Je ne sais toujours pas à quoi il ressemble, mais peu importe. Je demande à Max et Alec de nous laisser une minute.

— Merci Lawrence.

Il me regarde, enfin j'imagine, en silence. J'ai cette drôle de sensation de déjà vu à son contact. 

— Je t'en prie. 

Je lui souris une dernière fois avant de lui tourner le dos pour rejoindre mes frères. J'ai à peine avancé de quelques mètres qu'il m'appelle.

— Sarah? Tu ne veux pas mon numéro, mais ... j'aimerais bien le tien.

Je souris et mords ma lèvre, j'hésite. 

— Je déteste la montagne, la neige et le froid.

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça mais cela m'a semblé important de le préciser, il rigole.

— Je déteste la chaleur et la mer. Alors je peux l'avoir ce numéro?

— Non, je ne crois pas.

A quoi bon? 

— Demain 7 heures.

Je ne comprends pas mais il ne me donne pas l'occasion de l'interroger. Il part sans se retourner. Est ce qu'il vient de me donner un RDV? Est ce que c'est un date ou simplement un RDV amical? Est ce qu'il veut qu'on skie ou veut il me montrer autre chose?  Je le regarde encore un long moment s'éloigner. 

Je passe le reste de la journée à flâner au chalet. J'ai eue ma dose de sensation forte, je suis lessivée. Mes frères et mon père sont allés s'amuser sur les pistes, j'en profite pour leur cuisiner un dîner digne de ce nom. Je passe la moitié de mon après midi en cuisine et les gémissements de bonheur qu'ils émettent en sentant ma cuisine à leur arrivée me réchauffe le cœur. 

On passe la soirée à jouer à des jeux de société, Max nous plume au Monopoly et Alec fait le malin au Trivial Pursuit, comme d'habitude et j'aime tellement ces moments. Mes frères décident de sortir, je reste sur le canapé avec mon père a contempler les flammes qui dansent dans la cheminée.

— Comment tu vas ma puce?

— Elle me manque.

Il m'attire contre lui, je pose ma tête sur ses cuisses et il caresse mes cheveux comme elle le faisait. Je ferme les yeux un instant et l'imagine elle, à sa place, une larme m'échappe.

— Tu veux parler de ce qu'il s'est passé ce matin?

—  Il était ... différent. J'ai eue l'impression d'être portée mais pas comme une Princesse trop fragile, plutôt comme une égale. Enfin, j'en sais rien, c'était bizarre.

— Euh ... il t'a abandonné en haut d'une piste noire!

— Non, pas lui, je rigole. Je parle de celui qui m'a aidé à descendre.

— Oh ... Je vois! Il te plaît?

— J'en sais rien, je ne l'ai pas vu et n'ai presque pas parlé avec lui. Il était très ... discret, comme s'il ne voulait pas que je sache qui il est.

— Il y a beaucoup de célébrités dans le coin avec le championnat qui approche. 

— C'est ce que je crains! Il m'a donné RDV demain matin, tu crois que je devrais y aller?

— Est ce que tu as envie d'y aller?

Je soupire, perdue.

— Derrière la personnalité publique, il y a un homme comme les autres, tu sais? Tu ne dois pas t'arrêter aux apparences ou à ce qu'il représente. Contente toi d'apprendre à connaître l'homme qu'il est.

— Je n'ai pas envie de me battre avec des groupies, je réponds en repensant aux blondes accrochées aux bras de l'homme aux yeux dorés de la boîte de nuit. 

— Ce n'est pas à toi de te battre effectivement. S'il veut sa chance, il va falloir qu'il la mérite. Et ça commence par accepter ce rendez-vous, non? Si tu hésites c'est qu'au fond tu en as envie et si tu n'y vas pas, tu te demanderas toujours ce qui aurait pu se passer.

— Tu es le meilleur PaMan du monde, tu le sais ça?

Il sourit, comme à chaque fois que je l'appelle ainsi. Depuis mes 5 ans, il endosse le rôle de père et de mère à la perfection. Je n'ai pas l'impression d'avoir été élevé par un parent solo, peut être parce que mes frères, qui ont 9 et 10 ans de plus que moi, se sont autant occupés de moi que Papa. S'il y a bien quelque chose que je n'ai jamais ressenti grâce à eux, c'est ce sentiment de manque insoutenable. Bien sûr, ma mère me manque mais ils parlent si souvent d'elle que j'ai l'impression d'avoir autant de souvenir d'elle qu'eux parfois. Mes maigres souvenirs se confondent aux leurs et parler d'elle n'est pas tabou, bien au contraire.


Levée aux aurores, j'enfile mes vêtements de neige avant de descendre profiter du calme de la station. J'ai plus d'une demi heure d'avance, mais je ne regrette pas. J'ai pris mon appareil et photographie les pistes seulement illuminées par les rayons de Lune. Je ne vois pas le temps passer et me promène le long des sapins. Cachée derrière un talus, j'observe un petit écureuil qui s'affaire entre les branches d'un épicéa. Le spot est idéal et je capture des moments sublimes, j'ai hâte de voir ce que cela va donner. 

Je regarde ma montre, j'ai 25 minutes de retard.

— Merde.

Je remballe mon appareil et me tourne pour rejoindre le bas de la station mais il est déjà là. Un sourire au lèvre, il m'observe. Il porte cette même tenue noire avec son casque et ses lunettes. Il n'a pas remonté son cache cou, je peux donc apercevoir sa bouche et sa mâchoire rasée de près.

— Salut, je souffle.

— Je suis jaloux de cet écureuil. 

Je rougis bêtement et il s'approche, les bras chargés. Il me tend un casque et un sac à dos. 

— C'est quoi tout ça? Je ne skierai plus jamais, je le préviens.

Il ricane et enfonce le casque sur ma tête sans me demander mon avis. Il est atrocement proche de moi et mon cœur s'emballe en sentant son après rasage. Ses lèvres sont si proches que je peux en détailler chaque plis, elles ont l'air douce, je me demande qu'elles goût elles ont.




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