━━𝐋𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝟎𝟎𝟑.

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受取人
Uketori hito, destinataire

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CHAPITRE III
Lettre troisième
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Sous son pommier, comme il en avait pris l'habitude depuis le début de ces vacances chez ses grands-parents, Makoto profitait pleinement de la brise matinale laissant ses cheveux se mêler à l'herbe fraîche. Yeux clos, perdu ailleurs, les sons de la campagne venaient emplir ses oreilles. Le coq avait chanté aux alentours de six heures du matin le réveillant brusquement de son sommeil léger. On pourrait presque croire qu'allongé ainsi une vague de tranquillité l'avait pris, mais la réalité était tout autre. Sa lettre envoyée il y a quelques jours le faisait beaucoup cogiter, et si il n'y répondait réellement pas ? Deux cauchemars semblables s'étaient faufilés ainsi. Boule au ventre, l'angoisse montant, une de ses mains crispait fermement l'herbe avant d'y sentir un léger picotement. Ouvrant légèrement un orbe bleu, voulant connaître l'origine de ce dérangement, ses yeux s'ouvrirent soudainement lorsqu'il se retrouve face à une simple poule brune passant par-là. Se redressant brusquement, l'observant courir celle-ci tout aussi surprise. Le jeune homme se rallonge laissant échapper un doux rire.

Posant son regard océanique sur un troupeau de vaches au loin, ses pensées divaguaient sur ce qu'elles pouvaient bien faire de leurs journées pour finalement revenir à l'objet de ses angoisses : sa lettre. L'angoisse de l'attente d'une possible réponse n'était bel et bien pas un mensonge mais il n'imaginait ce sentiment aussi puissant au point d'empêcher des nuits paisibles. Allait-il réellement lui répondre ? À lui, Sugitsu Makoto, un jeune homme sans passion et inintéressant ? Cet échange était parti d'un simple ennui, les conséquences de cet acte n'avaient pas été imaginée comme elles l'auraient dû. Dans cette lettre il avait également manqué de tact, sa franchise l'avait une fois de plus dépassée. Franchise, sincérité, honnêteté, des synonymes effrayants pour la société se fourrant dans le pur mensonge, l'hypocrisie, l'illusion. Lui se faisait justement rejeter pour sa sincérité vis-à-vis des autres, parfois il lui arrivait aussi d'aller trop loin dans cette dite « sincérité » pouvant se transformer en véritable poison. Sa conscience ne le niait évidemment pas.

Soupir lâché, cessant toute pensée, souhaitant retrouver un peu de calme. Yeux de nouveau clos, écoutant le froissement de l'herbe lors du passage de la légère brise. Profitant de la température montant au fur et à mesure que la matinée avançait, pensant pouvoir fuir son angoisse, le seul bruit d'un vélo passant attire son attention. Remarquant qu'il s'agit d'un postier, reconnaissant le T blanc de la poste sur la boîte rouge contenant les lettres et colis, son cœur ne sut qu'accélérer. Son regard suit de loin le mouvement du facteur rentrant quelque chose dans la boîte aux lettres de la ferme. Observant l'homme proche de la quarantaine monter sur son vélo pour partir dans une autre direction, se levant en douceur avec curiosité, au fond de lui un espoir persistant pour que ça soit une réponse à sa lettre. Makoto va donc à la rencontre de la boîte aux lettres qu'il ne lâchait du regard depuis deux jours. À chaque pas les battements retentissaient plus fort dans sa cage thoracique, son regard rempli d'espoir le guidait, les poules sur le chemin se poussaient avec la peur qu'il ne leur rentre dedans ses orbes bleus trop concentrés sur son objectif.

Désormais face à la fameuse boîte aux lettres blanches doucement noircie par le temps, il avait entièrement la possibilité de faire demi-tour, il pouvait parfaitement retourner sous son arbre. Mais l'envie de savoir est trop grande. Du moins, est-ce réellement pour lui ? Et si cette lettre ne s'adressait pas à lui ? Il l'emmènerait à ses grands-parents l'air déçu. Le doute s'emparait de lui, de sa faiblesse. La lettre était arrivée dans les mains d'un inconnu, cela pouvait pourtant paraître assez évident qu'il ne veuille pas lui répondre. Surtout un jeune homme de son âge, il doit être entouré d'amis, une lettre de la part d'un étranger à sa vie a clairement dû le repousser...Alors que tout allait vite dans sa tête, une main rassurante vient se poser sur son épaule droite. Hanae, sa grand-mère, avait dû remarquer son immobilité face à la boîte en plus de sa grande hésitation à découvrir ce que le postier y avait mit. Sans un mot, de ce simple geste, elle l'encourage silencieusement à prendre le courrier.

𝗨𝗡 𝗝𝗢𝗨𝗥, 𝗨𝗡𝗘 𝗟𝗘𝗧𝗧𝗥𝗘 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant