Ce fut un vent léger qui en cette matinée agitait les feuilles des branches et buissons encore couvertes de rosée ; c'était les premiers jours du printemps et l'air conservait assez de fraîcheur pour que de la buée ne s'échappe de l'être qui se frayait un chemin au travers de la végétation. Cet endroit avait un aspect pour le moins étrange aux yeux de la jeune femme en train de s'aventurer hors des fourrées sur le goudron recouvert de plantes en tout genre. La vue de cette forêt de béton avait le don de provoquer bien des émotions à celles et ceux qui la contemplait. Face à la ville fantôme certains y avaient ressentis une profonde tristesse, d'autres une totale incompréhension tant ce spectacle leur était inédit. Pour Sacha, tout ceci faisait partie du monde où elle avait grandi tout en étant un parfait anachronisme : l'Âge de la Tech était bien loin à ses yeux. Les ruelles ne servaient plus qu'à entasser les buissons impénétrables, les panneaux(marqués d'une langue qu'elle ne connaissait pas) étaient à peine lisibles entre la rouille et la mousse, les boutiques de souvenirs se voyaient embaumées de poussière sous laquelle les lettres en or et parures disparaissaient.
Sacha ignorait si ce Gucci avait été autrefois quelqu'un d'important mais ce dont elle était presque sûre était que ce nom ne signifiait plus rien aux survivants d'aujourd'hui.
Tout ceci la distrayait de sa mission et elle en était bien consciente : cette ville était un passage obligé où régnaient des prédateurs aussi vifs que mortels. De ce qu'elle pouvait apercevoir les tueurs ailés demeuraient nichés aux sommets des tours dans un calme qui confirmaient ses soupçons, les carnivores qu'elle redoutait étaient encore confinés dans l'enceinte de ces bâtiments.
Un fracas se fit entendre à l'angle de l'avenue qu'elle était en train d'arpenter, un son de tôle que l'on aurait jeté d'un toit puis fait traîner sur plusieurs mètres, il y avait également un tonnerre qui accompagnait des craquements de branches.
Sans perdre une seconde, la svelte silhouette de Sacha se faufila entre les épaves de voitures, bondissant au dessus des talus, grimpant sur le toit d'une limousine pour, une fois à portée, escalader un camion reversé sur son flanc. D'en haut elle avait une vue imprenable sur la source du brouhaha.
Il y en avait pas moins de douze, tout un troupeau, mesurant chacun entre vingt-cinq et trente mètre de longs du bout du museau au bout de la queue pour un poids de quinze tonnes minimum ; la famille de Diplodocus venait de se remettre en route pour leur migration.
La jeune femme se blâmait de ne pas les avoir aperçu plus tôt, elle faisait partie des éclaireurs et rater une menace de cette taille était une erreur des plus graves.
Certes ces herbivores aux longs cou ne faisaient que paître aux abords de ce qui eux été l'ancien parc central il n'en demeurait pas moins que ce genre de troupeau avait la fâcheuse tendance à attirer les plus dangereux des chasseurs.
L'une des petites têtes pivota son cou démesuré recouvert de petits pics en direction de l'éclaireur, il s'agissait de la plus massive du groupe, la matriarche ; son rôle à elle consistait à repérer les curieux comme Sacha ou son amie camouflée dans les hautes branches d'un des arbres que les bêtes abandonnaient derrière elles. Les titans reprirent leurs marches tout en bousculant les camions de l'armée et autres véhicules gênant leur chemin, pour eux aussi cet endroit n'était qu'une halte vers les vastes vallées et collines dégagées du Nord. Aux yeux de ces reptiles, les deux éclaireurs ne constituaient davantage une nuisance qu'une véritable menace.
Au milieu du tumulte qu'ils provoquaient un son différent se distingua aux oreilles de tous. Sacha dégaina immédiatement son arc tout en relevant la tête car quelques gravas venaient de chuter du flanc du gratte-ciel qui la surplombait. Aucun mouvement ni son ne suivit. D'aucun aurait pu supposer que le léger tremblement que provoquait le troupeau avait pu faire tomber une partie de la structure usée par le temps mais pour elle cela ne voulait dire qu'une seule chose : les Pyroraptors eux aussi avait été attiré par le bruit et rodaient dans les environs.
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Le Nouveau Jurassique
AdventureOn estime que quarante sept hivers se sont succédé depuis l'extinction de masse. Au milieu d'un monde où les cités sont tombés en ruines, un groupe de survivants de retour dans leur campement poursuit sa lente refonte de la civilisation, le monde de...