Chapitre XXIV- Notre première fois

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Sous le ciel assombri par les nuages éclatants de l'orage, la pluie s'abattait en une symphonie furieuse contre les feuilles des grands arbres. Victoria rapide et agile courait à travers la forêt de Mystery Spell, comme une ombre fluide. Ses long cheveux ondulés volant derrière elle, tel un étendard sombre dans la tempête. Chaque goutte d'eau glacée qui heurtait sa peau pâle évoquait des souvenirs lointains, des souvenirs d'une époque où elle avait été humaine.

Autrefois, les gouttes avaient été des éclats de fraîcheur vivifiante, caressant sa peau chaude et humaine. Mais à présent, en tant que créature de la nuit, chaque perle de pluie était une décharge électrique froide, une stimulation vive qui lui rappelait sa nouvelle nature immortelle. Les arbres semblaient se courber sous le poids de la pluie, leurs branches tordues et noueuses s'entrelaçant comme des doigts dans une danse macabre. La jeune vampire se mouvait parmi eux avec une grâce surnaturelle, ses sens amplifiées goûtant chaque goutte de pluie, les ressentant s'écrouler sur sa peau comme dans un film au ralenti. Malgré sa nature immortelle, Victoria ne pu s'empêcher de ressentir une pointe de nostalgie des plaisirs simples de sa vie d'humaine. Pourtant, la puissance et la liberté de sa forme vampirique la transportait dans un état d'euphorie intense. Chaque pas dans la nuit pluvieuse la rapprochait un peu plus du manoir, elle souhaitait pourtant que cet instant de liberté dure éternellement.

La foudre frappa à nouveau lorsque Victoria atteignit le perron du manoir des Bartholy. Lorsqu'elle ouvrit la grande porte massive, une mélodie provenant de l'étage l'interpella. Le hall semblant désert, elle gravit les escaliers à toute vitesse se rapprochant de cette mélodie entêtante qui entassait les couloirs. Face à la porte de la chambre du musicien, Victoria ferma les yeux quelques secondes pour s'imprégner de la mélodie. Instinctivement, elle comprit que l'artiste derrière ces murs, ne pouvait qu'être Peter, le cadet des Bartholy. Elle l'avait appris à leur première rencontre au bar. Victoria empoigna la poignet de la porte, bien décidée à parler avec le beau ténébreux, lorsqu'une petite furie débarqua dans le couloir l'arrêtant dans son action.

__ Victoria ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Dit-elle surprise

__ Bonsoir Lorie, j'ai demandé à Viktor de rester ici pour cette nuit. Je voulais passer du temps avec toi.

__ Pourtant tu allais entrer dans la chambre à Peter... dit-elle un sourire narquois aux lèvres.

Lorie n'était pas une imbécile, la jeune vampire se réprimanda silencieusement pour cette erreur. 

__ Tu as raison. La mélodie m'a séduite.

La petite fille haussa les épaules puis accourue dans sa direction, lui attrapa la main et l'entraîna à sa suite dans le couloir. En entrant dans une nouvelle pièce, Victoria resta stupéfaite quelques instants, en découvrant la suite de Princesse. La couleur dominante de la chambre était le rose claire, qui était, assurément, la couleur favorite de la petite Lorie. La jeune vampire inspecta les lieux avec attention, il y avait un grand lit en baldaquin et diverses peluches effrayantes entreposées au milieu du lit. La chambre rengorgée de toutes sortes de jouet tel qu'un cheval à bascule au coin de la pièce. Elle avait même son propre dressing ! Toutes les petites filles rêveraient d'avoir une telle chambre. Victoria aurait aimé connaître cet aspect de la vie d'une petite fille, sans le rose... Lorie tira sa main une nouvelle fois la sortant de ses pensées.

__ Tu viens... on joue !

Victoria la rejoignit sur le lit pendant qu'elle alignait ses poupées et peluches aux allures glauques. Elle se leva pour aller chercher une immense maison de poupées, qu'elle posa à côté du lit, puis elle lui tendit une des plus jolies.

__ Toi, tu prends Princesse !

__ Si tu veux... et toi, qui sera ton personnage ?

Lorie lui présenta une chose affreuse, ressemblant vaguement à un épouvantail. Il lui manquait un oeil, et en guise de sourire, il avait une suite de dents pointues. Ses mains étaient tachées de peintures rouges, donnant l'impression d'être ensanglantées.

SAUDADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant