Je ne veux pas être ici, je ne veux être nulle part

1. Cette rencontre

Je m'appelle Noah, j'ai 22 ans, et ma vie n'a aucun sens.

Ma mère est américaine et mon père est français. L'avantage de parler 2 langues c'est qu'on peut insulter les gens qui nous emmerde sans se faire cramer. Je suis né à Boston dans le Massachusetts et j'ai souvent déménagé.

A 5 ans on est allés à New York pour se rapprocher de ma grand-mère parce que sa santé se dégradait. Elle avait 88 ans à ce moment-là. Je ne me sentais pas proche d'elle, j'étais trop jeune. Elle est décédée quelques années plus tard et mes parents ont décidé de vendre son appartement.

Je pense qu'ils avaient besoin d'un nouveau départ, alors au lieu de rester ici, on est allés à Nashville. Je dois avouer que dans mes souvenirs j'ai toujours eu un bon feeling avec New York, mais le Tennessee me plaisait bien. Le problème c'est que je devais me faire de nouveaux amis. C'était pas si simple. Avec tous ces déménagements j'ai jamais eu de réelles amitiés. Vous pouvez vous dire qu'à 9 ans c'est pas très grave, mais ça m'a poussé à me renfermer sur moi-même toute ma jeunesse.

Mes parents se disputaient souvent. Je croyais que ma mère était dépressive, puis un jour elle s'est suicidée. Je devais sûrement avoir raison. Elle rêvait d'avoir une Ford Thunderbird de 1966. Elle était fan du film « Telma et Louise ». Un jour elle a pris toutes ses économies et le reste de la vente de l'appartement de ma grande mère pour s'en acheter une. Quelques jours plus tard on a retrouvé la voiture au fond de Percy Priest Lake.

Mon père était dévasté. Malgré les nombreuses disputes et le fait que ce soit un gros con je pense qu'il l'aimait.

Après ça on a déménagé une dernière fois, à Alexandria, en Virginie, dans une petite maison sympa. Mon père avait reçu une offre pour un meilleur poste, dans la même entreprise d'hardware. Il vendait des pièces pour ordinateur.

J'ai donc grandi avec une mère manquante, un père un peu alcoolique et des amis inexistants. Parfois il buvait comme un trou, mais heureusement il a jamais été violent, du coup je m'en foutais.

J'ai souvent eu du mal à prendre du recul sur ma vie. Malgré toutes ces choses qui m'étaient arrivées si jeune j'arrivais quand même parfois à penser que c'était peut-être moi le problème. C'est à ce moment-là que ces pensées ont commencé à naitre :

Et si c'était moi le problème ? Je suis peut-être pas fais pour ce monde. Est-ce que je me sentirai bien un jour ? J'ai espoir que la réponse soit oui. Peut-être qu'il me suffit d'une rencontre. De « cette rencontre ». Vous savez le genre de personne qui entre dans votre vie et la chamboule complètement. Non, c'est que dans les films ça. Même si je dois avouer que pour le moment ma vie a l'air d'un film.

Je réfléchis trop, et ça me fatigue.

Si vous me voyez avec des cernes sous les yeux, vous avez vu juste. Pour me décrire brièvement :

Je mesure environ un mètre soixante-treize, avec une silhouette plutôt élancée et sèche. Ma peau est relativement nette, sans grandes imperfections, et mes sourcils sont bien dessinés sans que j'y sois pour grand-chose. Apparemment, j'ai des cils plus longs que la moyenne. En gros, je ne me suis jamais vraiment plaint de mon apparence.

En vrai j'en avais un peu rien à faire. Je n'ai jamais été le genre de garçon à courir après les filles.

J'ai eu 2 relations : la première quand j'avais 12 ans. Ça s'est terminé quand son père à essayer de me tirer dessus à la carabine à plomb après nous avoir surpris nous embrasser dans son garage. Durée de la relation : 2 semaines.

J'ai vécu ma 2e relation au lycée. J'avais 17 ans. Elle s'appelait Tessa. Elle a dû déménager quelques temps après qu'on se soit mis ensemble. On aurait pu décider de tout arrêter là, mais on l'a pas fait. Ça a donc été une relation à distance.