Comment aimer un homme qui a fait profession de risquer sa vie ? Comment rêver de bonheur, comment rêver d'avenir quand il pourrait mourir demain ? Depuis qu'il a rencontré Jeon Jungkook, Jimin ne vit plus. Pourtant ils et elles sont nombreux, ceux...
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Le Red Bull Ring, circuit de Spielberg en Autriche, était pris d'assaut. Les tribunes vibraient sous des millions de pieds impatients. Les gradins étaient pleins à craquer tandis qu'on se disputait encore à l'entrée les ultimes billets qui se vendaient au marché noir. Un brouhaha confus flottait au-dessus de l'enceinte, mais un nom roulait sur toutes les lèvres, dominant le tumulte : celui de Jeon Jungkook, dont le grand retour faisait figure d'événement. Les haut-parleurs mugissaient des commentaires en allemand. Les journalistes s'agitaient près des stands Le service de sécurité s'efforçait de refouler les spectateurs qui tentaient d'approcher leurs idoles.
Perdu au milieu du tumulte, pressant dans sa main le billet qu'il avait réussi à obtenir à prix d'or, Jimin fixait la piste d'un air indécis. Là-bas, près de la ligne de départ, une Ferrari rouge étincelait dans le soleil. Si lointaine qu'il ne voyait que la tache blanche du casque de Jungkook et les silhouettes minuscules des mécaniciens. Si lointaine qu'il n'avait aucune chance de lui faire savoir qu'il était là.
Courir vers lui ? Lui dire qu'il l'aimait et qu'il était avec lui ? Il lui avait fallu pas mal de courage pour sauter au dernier moment dans un avion et accepter l'inacceptable : sa présence au Grand Prix d'Autriche. Mais se trouver face à lui, peut-être pour la dernière fois, était au-dessus de ses forces.
Il ne lui avait donné aucun signe de vie depuis son départ. Seulement une carte avec ces quelques mots laconiques : « Seojoon sorti du coma. Tendresses. » Il y avait quatre mois de cela. Et depuis, rien. Jusqu'à la dernière minute, il avait espéré qu'il renonce. Et voilà qu'il était au milieu de cette foule hurlante, plus proche de lui peut-être qu'il ne l'avait jamais été, et il n'osait pas avancer.
Il hésitait toujours, debout au milieu de la cohue qui descendait les gradins quand une main le tira par la manche.
_ Jimin ?
Seojoon se jeta à son cou et l'embrassa sur les deux joues en riant de sa surprise.
_ Je savais que tu viendrais. Ils prétendaient tous que non, mais moi j'étais sûr que tu ne laisserais pas tomber Jungkook. Alors je t'ai guetté.
Jimin lui ébouriffa les cheveux, ému de le retrouver si débordant de vie, si fougueux et si pataud. Exactement comme autrefois. Seule une fine cicatrice sur son front rappelait l'accident dont il avait été victime six mois plus tôt.
_ Comment diable as-tu fait pour me repérer au milieu de toute cette foule ? murmura-t-il d'une voix attendrie.
_ Ton bonnet Pikachu n'est pas vraiment passe-partout, tu sais !
Il lui adressa un clin d'œil, puis l'entraîna vers la piste en sautant deux marches à la fois.
_ Viens, il faut se dépêcher. Ils vont partir d'un moment à l'autre.
Le stand Ferrari était sur le pied de guerre. Des silhouettes vêtues de combinaisons rouges s'agitaient nerveusement derrière les écrans de contrôle, un œil sur le commissaire de piste, l'autre sur la Ferrari, toujours entourée de l'équipe de mécaniciens. Un homme planait au-dessus de la tempête, et jetait des ordres brefs en mâchonnant un bâtonnet de sucette : Kim Namjoon. Il ouvrit des yeux ronds en voyant apparaître Jimin, puis il vissa sa casquette sur son crâne en lançant d'une voix rogue :
