Chapitre 2

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C'était donc un vendredi. Cette après-midi là, il avait fallu faire de nombreux tour de parking tellement la plage était bondée. Je t'ai aperçu près de l'office de tourisme à jouer avec une petite fille qui rigolait à chacune de tes blagues. Tu hurlais presque en imitant le singe. Je me suis demandée six secondes ce que je foutais avec une gamine de cinq ans à la plage et je me suis souvenue que tu allais avoir dix-sept ans dans cinq mois. Tu t'es arrêtée soudainement et tu ne m'as pas lâché des yeux. C'est comme si le temps s'était arrêté soudainement. Puis tu as souris et ton sourire m'a contaminé comme à chaque fois que je le voyais sur ta bouche. Tu m'as prise par la main et nous sommes parties sur le sable laissant la petite à sa mère.

Il y avait énormément de monde et j'étais devenue timide mais pas toi. Tu t'es lancée à ma poursuite après que je t'ai dit que tu étais "sans neurones d'avoir oublié ta crème solaire". Finalement j'ai traversé toute la plage en trente secondes avant de m'aplatir et de me manger tout le sable. Forcément il a fallu que tu te marres avant de m'aider à me relever. Tu m'as saisi par la taille et je me suis retrouvée dans tes bras, coincée contre ta poitrine en un rien de temps. Là, tu m'as nettoyé le visage avec ta main et tu m'as embrassé le front. Je ne voulais pas comprendre mais je savais qu'il se passait quelque chose au vu de comment j'étais devenue rouge. Et ce n'était pas le soleil, bien qu'il fasse une chaleur harassante.

Après avoir installé les serviettes, j'avais dû t'appliquer un peu de ma crème solaire. Ta peau était toute douce, je ne voulais plus cesser de la toucher. Tu étais une perle dans la perle. Tu me faisais me sentir moi, tout le moi qui n'avait pas peur d'être moi avec toi. Je n'étais plus un rien, j'étais tout, parce que tu étais là. Je sentais le vent d'été me faire pousser des ailes et ce bonheur qui m'accompagnait en permanence quand j'étais avec toi me faisait me sentir enfin libre, comme si tu m'avais donné l'oxygène dont j'avais besoin après tant de mois sans. Je t'aimais mais pas comme je le pensais encore. J'ai réalisé bien plus tard que je voulais juste partir avec toi et ne plus voir personne d'autre. J'ai réalisé plus tard que tu étais cette personne là. Je n'attendais qu'une chose, ton sourire posé sur moi et tes yeux qui m'enlaçaient.

J'étais tombée amoureuse dès l'instant où mon cœur avait touché ta peau. Mais je m'étais répété sans cesse "Comment je fais?" et j'avais tout laissé enfoui.

Au bout d'une heure, tu avais tout ramassé, tu m'avais attrapé par la main et nous avions couru jusqu'aux pins. Je t'avais filmé en train d'escalader les troncs des arbres les plus insolites et nous avions fini par une grande balade le long de la mer. Tout était parfait. Vraiment tout. Je n'avais jamais été aussi heureuse depuis longtemps. Mais la journée était passée à une vitesse folle et nous allions déjà devoir nous séparer de nouveau. Nous nous étions cachées entre les voitures pour nous dire un dernier au revoir avant longtemps.

"Il y a des choses que je veux te dire,

Mais je vais juste te laisser vivre".

Ou du moins, pour l'instant.

Tu m'as dit je t'aime.

"Moi aussi je t'aime."

Et tu es partie.

L'impression que j'ai eu à ce moment-donné c'est que tu étais repartie aussi vite que tu étais venue. Et tu m'as laissé un énorme vide que je ne pouvais essayer de remplacer seulement par le fait de penser à la prochaine fois où j'allais te revoir. Il n'y avait plus rien d'autre qui comptait. Je pensais à toi nuit et jour. Je revoyais tout ces souvenirs dans mon imaginaire, je revisualisais la forme de ton visage, ton sourire au milieu et ton regard perçant au sommet. Je revoyais ton corps partout sur mes murs, j'entendais ton rire résonner partout dans ma chambre dès que je repensais à une seule seconde de ces deux jours passés à tes côtés. Tu m'obsédais à un point que je ne pouvais pas décrire parce que je ne pouvais pas me l'expliquer. Le bonheur que j'avais eu grâce à toi me faisait trembler de peur parce que je n'acceptais rien au fond de moi. 

"Rien ne doit changer aujourd'hui

Tu ne voulais pas dire Je t'aime

Je t'aime et je ne veux pas,

Je ne peux pas échapper à la façon dont je t'aime,

Je ne veux pas, mais je t'aime

Je suis restée debout toute la nuit avec les yeux rouges".

Le soir de notre après-midi à la plage, j'avais publié une photo de la mer avec une musique en fond. C'était un bout de ce que ces paroles disent. C'était un bout de cette musique. Je l'avais choisi parce que tu m'avais dit que c'était ta préférée après t'avoir demandé de choisir entre plusieurs. Cette chanson allait devenir celle qui nous rappellerait les souvenirs de ces deux jours et de cette rencontre. Je viens de réaliser seulement maintenant que ce que cette chanson disait, était ce que je ressentais en cet instant. Alors même si aujourd'hui ces paroles n'ont plus vraiment de significations, elle restera pour toujours cette chanson qui me rappelle toi.

Je voulais t'appeler tous les jours. Je voulais passer chaque heures avec toi. Entre temps il se passait beaucoup de choses, chaque nuit. Ces nuits là j'ai fini par accepter que je t'aimais comme je devais t'aimer. Et nous avons réaliser très vite que tout était réciproque. Je t'avais enfin. Moi, qui n'avait jamais cru possible de t'avoir. Tu étais un modèle parfait, tout ce que j'avais rêvé jusque là. Tu étais unique comme tout le monde sur Terre mais tu avais l'authenticité d'avoir l'étiquette "spéciale" en complément d'unique. Spécialement unique. Je me disais que c'était normal que chaque personne qui aime pense que personne d'autre qu'elle n'aime autant la personne aimée mais moi j'avais l'impression que nous étions les seules au monde parce que je n'imaginais pas quelqu'un de plus exceptionnel que toi, et deux personnes s'aimer aussi fort que nous. C'était complètement impossible. Tu pouvais plaire à tout le monde, tu pouvais avoir tout le monde mais tu m'avais choisi moi et je t'avais choisi, nous nous étions choisis. J'adorais dire que tu étais à moi et j'adorais que toi aussi tu le dises. Je pouvais tout faire pour toi, même si je n'en avais pas la force.

"Mourant de faim en attendant ton amour

Comme si je mourais par terre, plus rien

Je me suis nourrie avec les réserves

Fais vite il n'en reste bientôt plus

Et mon cœur saigne pour tout ce que tu me manques

Tout ce que tu m'as donné mais que tu ne peux pas me donner de nouveau pour l'instant

Je ne bougerais plus, je t'attendrais juste

Sauf pour frapper à ta porte chaque jour

Pour te demander qui je suis 

Je me rassure d'être quelqu'un pour toi chaque jour".

Deux mois après notre première rencontre, nous nous sommes revus enfin. Et cette semaine allait être la première semaine la plus merveilleuse de ma vie. 

Gorz ou l'amour d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant