Last Night Sober.

11 - Amitié.

Trentième nuit. - Liyana.

Lycée - 11h01.

Je regardais mon genou écorché dont le sang s'écoulait lentement. L'eau ruisselait le long de mes cheveux, venant s'échouer avec disgrâce sur le sol trempé. Mes vêtements collaient à ma peau, je me sentais horriblement oppressée.

J'avais glissé sur le sol, c'était ainsi que je m'étais retrouvée avec un genou ouvert et la vitre de mon téléphone brisée. Maman allait m'engueuler si fort que j'allais avoir l'impression que mes tympans explosent.

" — T'as compris sale pute ?! Si t'oses relever la main une fois sur moi, tu le regretteras. "

Je me relevais lentement. C'était bien ma veine ça. Me retrouver trempée  en plein mois de mars par une merdeuse. Mais je le méritais, c'était sa vengeance. Et je préférais être trempée qu'avoir le nez cassé.

Je regardais mon sac qui s'était écrasé à quelques mètres de moi. Il avait dû glisser lorsqu'elles m'avaient poussé.

" — Venez les filles, on bouge. "

Je rangeais mon téléphone tandis qu'elles s'éloignaient en claquant la porte des toilettes. Mon genou me brûlait. Comme si je n'étais pas déjà assez blessée à cause de l'autre enfoiré. Les filles de mon lycée devaient maintenant s'y mettre.

Je me redressais avec difficulté. Mon corps était douloureux. Je rêvais de plonger dans un bon bain brûlant, si chaud que je ne ressentirais plus aucun de mes membres.

Dans le couloir, plusieurs regards me dévisagèrent. Mais je ne m'attardais que sur un seul. Celui de Lettie. Lettie qui osait m'approcher après les horreurs qu'elle m'avait dites.

L'amour que je lui portais m'incitait à rester là, à l'accueillir les bras ouverts, m'obligeant à me rappeler de tous nos moments heureux. Mais j'étais une femme rancunière. Je n'oubliais jamais, certainement pas quand on venait à me blesser.

" — Tout va bien ? "

Je la jaugeai, de haute en bas, avant de diriger mes yeux vers sa nouvelle bande de copines. C'était les filles qu'elle accompagnait en boite de nuit. Celles à qui elle mentait.

La blonde attendait ma réponse, les traits crispés, trahissant sa nervosité. Je n'avais pas envie de lui parler, mais j'en mourrais d'envie aussi. Mes journées au lycée étaient devenues un calvaire sans elle. Je voulais fuir cet endroit de malheur.

" — Comme si ça t'intéressait. "

La tristesse apparut sur son visage, et pendant une seconde, je m'en voulus de me montrer aussi dure. Mais Lettie était une bonne actrice, quand elle le voulait. Et elle ne cherchait qu'à faire culpabiliser les autres.

" — Bien sûr que ça m'intéresse. T'es ma meilleure amie !

— Oh mon dieu, Li' ?! "

Adélaïne m'attrapa par les épaules. J'étais si affreuse que ça ? La brune sortit plusieurs mouchoirs de son sac afin de m'aider à me sécher.

" — C'est bon, Adé, tout va bien.

— Comment tu t'es retrouvée dans cet état ? "

Je pressais mes cheveux dans les mouchoirs, ainsi que mes habits. Mais ça ne semblait pas faire beaucoup d'effets, alors je me contentai de stopper l'hémorragie de mon genou.

" — Un robinet m'a explosé dessus et, à cause de la peur, j'ai trébuché et je me suis éclatée par terre. "

Elle grimaça en me tendant son paquet de mouchoirs. Lettie nous observait silencieusement. Elle devait savoir que c'était à cause d'elle si j'étais dans cet état. Que c'était les filles qu'elle avait énervé qui s'en étaient prises à moi.