32 - Faire semblant.

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Soixante-onzième nuit. - Liyana.

Le trajet en avion m'avait parue plus interminable que l'aller. Sûrement car j'étais seule et que je n'avais personne pour me réconforter.

Isidora était venue m'aider à faire ma valise. Elle m'avait payée le billet d'avion et, pendant une seconde, j'ai cru qu'elle allait se mettre à pleurer avec moi.

Mais, lorsque j'étais sortie de la chambre, elle s'était contentée de m'offrir un léger sourire crispé et m'avait regardée partir dans la direction opposée.

Je voulais juste fuir le plus loin possible, oublier tout ce qui s'était passé.

Mes yeux étaient brûlants de larmes, mes joues irritées à force de les essuyer et mes lèvres gonflées à cause de toutes les morsures.

Je ne me sentais pas vide. Non. Au contraire. Mon esprit était une tornade d'émotions négatives.

Mon cœur saignait douloureusement. J'étais divisée entre la haine, la rancœur et la tristesse. Et j'étais si malheureuse qu'il m'était impossible d'avaler quoi que ce soit. Pas même un carré de chocolat.

Une hôtesse de l'air s'était assise à mes côtés dans l'espoir de me réconforter. Mais rien dans ce monde ne pouvait apaiser ma souffrance. Alors, je m'étais forcée à ravaler ses larmes et à lui sourire, pour ne pas l'inquiéter plus qu'elle ne le faisait déjà.

C'était sûrement pour faire bonne figure qu'elle s'était intéressée à moi, mais avoir un semblant de réconfort m'avait mis du baume au cœur.

Mon visage était chauffé par la tristesse malgré le froid ambiant. J'avais oublié à quel point la température était basse ici, contrairement à Rio.

J'avais hâte de rentrer pour pouvoir me noyer sous l'eau chaude de la douche, effacer mes larmes et essayer d'évacuer mes pensées beaucoup trop focalisées sur ce sale enfoiré de merde.

Isaï de merde. Je voulais qu'il crève.

J'avais eu onze heures. Onze heures seule. À repenser à ses paroles. À repenser à toute l'histoire.

Et, maintenant que j'y repensais, je réalisais que tout était parfaitement logique.

Les sous-entendus qu'il faisait avec Lisa, la manière dont il parlait d'elle, les indices qu'il m'envoyait, la façon dont ils m'avaient observée à la soirée et dont ils se faisaient des messes basses dans ma direction.

Je n'arrivais pas y croire. J'étais tombée dans le piège comme une débile alors que tout avait été là, devant moi.

Il avait suffit d'un homme qui me prête un peu d'attention, qui semble s'inquiéter pour moi, qui me tende la main et me sorte de mon cauchemar avec Kay pour que je tombe. Et, maintenant que je faisais face à la réalité, ma chute était si longue et violente que je m'en brisais les jambes, m'empêchant de me relever.

Et je ne voulais pas me relever. J'étais épuisée. Je voulais simplement m'enfoncer un peu plus, me noyer un peu plus dans ma peine, jusqu'au stade où j'en serais entièrement consumée.

J'avançais dans l'allée de la maison, les souvenirs désastreux pesant lourdement sur mon cœur. Heureusement, la porte était ouverte, signe que quelqu'un était à l'intérieur.

J'espérais de tout cœur que ce ne soit pas Lisa. Je n'étais pas sûre d'être capable de me retenir de la gifler si je venais à voir sa tête à claque.

La porte massive s'ouvrit dans un bruit sourd. J'entendis des bruits de pas faire grincer le parquet. C'était ceux de ma mère. Rapides et agressifs. Exactement comme elle.

Last Night Sober.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant