— On ne guérit pas de cela, Monsieur Léhmio.
— C... Comment ?
Le jeune endocrinologue lui fit un sourire qui se voulait rassurant. L'adolescent le détesta encore plus. Il était là, coincé dans un pays dont il ne parlait qu'à peine la langue, et ce connard lui expliquait tranquillement qu'il allait passer sa vie à être un raté. Qu'il ne rentrerait jamais chez lui. Ne dirigerait jamais son pays. Ne verrait plus jamais sa mère, qui s'attendait soit à le voir guérir vite... soit qu'il sorte de sa vie. Qu'il était un raté. Une erreur de la nature. Qu'il n'aurait jamais dû naître, en quelque sorte.
— Vous n'êtes pas malade. Pas à proprement parler.
— Je vomis dès qu'un Oméga m'approche et vous estimez que c'est normal ?
Il avait bondi, les poings serrés. Une main ferme et apaisante se posa sur son bras. Rémi.
Le garde du corps lui suivait comme son ombre depuis trois mois qu'ils étaient aux Etats-Unis. Alpha, comme lui. Dominant, comme lui. Mais réussi, lui. L'homme était jeune, et intelligent, et très fort. Il n'avait pas été choisi pour rien par la Présidente à Vie. Il était devenu, à vingt-deux ans, le tuteur, le secrétaire, l'homme à tout faire et le garde du corps du jeune Prétendant à la Présidence. Car la mère de l'adolescent estimait qu'un raté comme lui n'avait pas besoin de plus de personnel. Et Christopher savait qu'elle avait raison. Elle l'aurait envoyé seul en internat, si elle n'avait pas craint que la presse ne découvre la maladie de son fils. La honte qui entachait leur nom.
— Assieds-toi, Christopher.
L'adolescent gronda tout bas, et son gardien lui sourit en retour, légèrement moqueur. Il se rassit pourtant, docilement. L'aura de son garde du corps était incroyable, et il ne voulait pas se ridiculiser devant lui. Il était son seul repère depuis trois mois. Le seul à lui parler dans sa langue. Le seul à s'assurer qu'il dorme bien, mange bien. Le dernier lien, ténu, infime, avec sa mère. Qui ne lui adresserait la parole que lorsqu'il serait guéri, mais qui demandait sans aucun doute des rapports à Rémi tous les jours. Il savait que ses moindres faits et gestes étaient épiés, et que même si demain il était annoncé comme guéri, il serait encore des mois sous surveillance avant d'être autorisé à rentrer. S'il l'était un jour.
Quatre mois plus tôt, il avait eu son premier rut, pour le plus grand bonheur de sa mère. Cela l'avait pris dans les jardins du Palais, où il bavardait avec son meilleur ami, Achille. Le fils alpha du Ministre de la Défense. Il avait remarqué depuis plusieurs semaines à quel point son ami sentait bon, et il savait que c'était ses phéromones et pas du parfum. Son camarade avait atteint la puberté quelques mois avant lui, mais il avait un an de plus, c'était normal. Et ses phéromones étaient délicieuses. Christopher n'avait qu'une envie : sentir aussi bon que lui. Alors quand il s'était senti fiévreux, mais pas du tout malade, il avait vite compris. Le creux de son ventre était chaud, aussi chaud que lorsqu'il s'attardait un peu trop sur les sites pornos qu'il avait découvert un an plus tôt. Sans autre stimulation que l'odeur de son ami. Il s'était excusé et avait couru fièrement jusqu'à chez lui. Depuis ses quinze ans, il avait son appartement à lui... mais juste en face de celui de sa mère et son frère. Elle voulait lui apprendre l'indépendance, mais pas sans surveillance. Mère était la femme la plus extraordinaire qu'il connaissait. Femme alpha, elle avait réussi l'exploit de se faire élire présidente quelques mois après ses trente ans, à la suite de son père. Et en avait profité pour faire modifier la constitution pour obtenir le titre de Présidente à Vie. Elle serait en poste jusqu'à ce qu'elle décide de lui passer le relais, lorsqu'elle l'estimerait assez capable. Et l'étape du premier rut était le premier pas vers cet avenir radieux. Il avait envoyé un message à la femme la plus importante de sa vie et avait jeté son téléphone sur le canapé avant de se précipiter sous la douche. Sa température montait et il avait besoin de rester lucide encore un moment. Une heure après, son tuteur avait frappé à sa porte pour lui indiquer que sa mère était là avec... eh bien, les Omégas qui devraient l'aider. Il s'était concentré sur les images qui jaillissait dans son esprit et se fit jouir une dernière fois puis il s'était séché et avait enfilé un peignoir pour sortir dans son salon. Nul besoin de se rhabiller quand dans quelques minutes il pourrait enfin s'enfoncer dans les reins d'un Oméga. C'était la seule chose qu'il avait demandé à sa mère. Des mâles. Il préférait les corps fermes et les torses plats, et la Présidente à vie n'y avait vu aucune objection.
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Plus grand que nous
RomanceOmegaverse T4 Prequel de Cherche et trouve... mais à lire après, si vous ne voulez pas vous gâcher le suspense de Cherche et Trouve ! Christopher a quinze ans. Quinze ans, et un avenir radieux devant lui. Alpha dominant dans un pays où seuls les A...