Souvenirs d'hiver

12 janvier 2013

Je raccompagne Elan à la gare, il est venu passer 1 mois à Londres pour qu'on puisse passer un peu de temps ensemble, avant que je reprenne l'internat.

Il s'est passé tellement de choses depuis l'année dernière ! Comme je l'avais deviné mon frère s'est marié avec Laïla !! Ils étaient beaucoup trop magnifiques !! Je suis trop heureuse pour eux, vraiment !! -Faut que j'arrête avec mes "trop" - Puis après l'effervescence de cette fête redescendue, j'ai eu beaucoup de mal en fin d'année scolaire.

Je ne me remettais pas de la mort de grand père et je sombrais dans une dépression profonde, il avait beau, faire grand soleil dehors, un orage éclatait toujours dans ma tête. Je me suis battue contre moi-même, et après énormément d'efforts, j'ai réussi à décrocher de justesse mon concours. Après 6 mois de vacances qui m'ont quand même fait beaucoup de bien, je reprends pour 10 mois complets d'internat.

Elan prends le train dans 10 minutes, alors on attend ensemble sur le quai.
Il plonge tout à coup ses yeux toujours d'un vert profond dans les miens.
" - Noé, j'ai un truc à te dire...
- Oui... attends t'es sûr que tu vas bien, t'as sacrément l'air pâle.
- J'aurais du te le dire bien avant, mais t'avais l'air tellement heureuse et détendue...
Je le dévisage interloquée, il a l'air sérieux...
-  Elan, si c'est une blague c'est vraiment absolument pas drôle !

- Noé s'il te plaît laisse moi finir... S'il te plaît... Ta sœur... elle... elle est...pfff, il soupire. Je le laisse reprendre. Elle...
- Quoiii ?? Elan, crache le morceau, tu m'inquiètes !!
- Elle est malade. Lâche t-il soudainement.
- Et donc ?!? Ça arrive à tout le monde.
Elan devient de plus en plus blème, comme si ça lui faisait mal de me dire ça, et moi en attendant, je suis de plus en plus inquiète.
- Noé, tu ne comprends pas
- Non, je ne comprends pas, je ne comprends rien ! Attends, c'est grave ??
- Oui, on ne sait pas...
- On ne sait pas quoi ???
- Combien de temps il lui reste... Murmure t-il.
- Nonnn, arrête de mentir ! C'est pas possible... comment ça ?? Éo... pas toi, pourquoi j'ai rien senti, normalement je ressens quand elle va pas bien, attends mais tu le sais depuis longtemps ?? Et tu m'as rien dit ????
Je sens que je perds pied, ma tête commence à tourner mais je refuse de m'asseoir, et encore moins d'accepter le soutien qu'Elan me propose.

Il m'adresse un sourire triste
- Ça fais deux mois...
Je le fusille du regard, comment ça il le sait depuis 2 mois ?!?!
- Pourquoi personne ne m'as rien dis, pourquoi tu restes aussi calme ? Je prends le train avec toi !!
- Noé, tu ne peux pas, ton internat reprend demain, tu le sais.
- Ça m'est égal, je veux voir ma sœur. Mais je sais que je n'ai pas le choix, mais je préfère diriger la conversation qui est en train de très mal tourner.
- Et toi, tu en fiches c'est ça, ça fait 1 mois que t'es là, bon sang de bonsoir ! Et tu ne me dis rien, pourquoi personne ne m'as appelée ?

- Noé, s'il te plaît calme toi ! Je...
- Comment veux tu que je me calme ??
- Noé, ça n'avancera à rien !
- Ah bon, parce que Monsieur à cru bon de ne rien me dire, il pense qu'il a fait avancer les choses ?? Mais ça va pas où quoi ??
- Je voulais juste que tu sois sereine, un peu plus longtemps...
- Mais je n'ai jamais été sereine, tu le sais très bien !! Et maintenant je ne peux plus te faire confiance, alors merci, mais au revoir en fait. Et ne compte pas sur moi pour attendre le train avec toi. Dis-je en me retournant vivement et en partant vers les escalators à l'autre bout du quai.
- Noé, attends, tu ne comprends pas - Bien sûr que non, je ne comprends pas, idiot !
- Noé, s'il te plaît.... "
J'entends le bruit de ses pas accélérer, il a le culot de courir dernière moi, après m'avoir caché cette histoire.
Je ne me retourne pas, lui faisant comprendre que cette discussion est close, et je me mets aussi à courir. J'ai besoin d'air et vite, très vite. J'entends la voix appeller les passagers à destination de Paris, il n'a pas d'autre choix que de partir, alors je sors de la gare.

Dehors, il neige, c'est rare pour un mois de février, mon téléphone s'affole, alors je coupe la sonnerie, la dernière chose dont j'ai envie et bien de répondre à une personne à qui je ne peux même pas accorder ma confiance. Je sens les larmes monter à mes yeux, tandis que les flocons et refroidissent mes joues. Je ne comprends plus rien, pourquoi je n'ai rien senti, pourquoi personne ne m'a rien dit ? Je me sens trahie. Trahie. Encore trahie.

Je sais très bien que je dois me préoccuper de mon avenir, penser à autre chose, sinon je ne tiendrai pas. C'est ma grande faiblesse, je ne sais absolument pas quoi faire, je veux rentrer, mais je ne peux pas, si je rate le jour de la rentrée c'est foutu, je serai exclue, c'est la règle, d'autant plus que j'étais, pour ainsi dire, la dernière personne sélectionnée.

Cette fois les larmes coulent sur mes joues, mon mascara est complètement parti, je le sais, j'ai eu la bonne idée d'essuyer mes larmes avec la manche mon t-shirt blanc, qui est tout noir maintenant. Je regarde au loin l'étendue blanche qui s'étend sur les toits et les jardins.

Je dois penser à autre chose absolument, j'essaierai d'avancer demain.

J'en veux à tout le monde, à ma famille, à ma sœur, à moi même, je dois me calmer, je réfléchirai après... Mais j'ai l'impression que le monde entier veut m'anéantir.

Je rentre dans la bibliothèque nationale, lire, il n'y a que ça qui me semble possible pour l'instant...