Chapitre XI :
Nous sommes le lendemain matin. Nous nous rejoignons tous dans la chambre de Joseph. Il est sacrément mal en point. Même se lever lui demande trop d'énergie. Nous nous inquiétons pour lui. On nous a fait parvenir un médecin afin de trouver un moyen de le soigner. Il est très faible et peu survivent à une telle fièvre. Il est allongé dans son lit sur le dos, son teint est d'une pâleur morbide et il transpire énormément. Une serviette humide est posée sur son front. Madeleine est assise à côté de lui, lui tenant la main. Louis reste debout en faisant les cents pas.
Joseph : Je vais mourir... Je le sens la fin arriver de jours en jours...
Madeleine : Joseph...
Joseph : Dites à ma femme que je ne cesse de penser à elle. Elle est a mes yeux la plus belle merveille du monde. Quand vous aurez amassé assez d'argent, permettez lui de vivre confortablement en lui faisant parvenir ma part de salaire
Louis s'approche de lui d'un pas vif. On voit qu'il retient ses larmes contrairement à Madeleine qui est effondrée.
Louis : Ne dis pas une telle horreur mon frère ! Tu vas survivre, j'irais prier tous les jours à l'église s'il le faut
Joseph : Louis... Il est inutile de trop espérer... Profites plutôt de ma présence tant que je suis encore parmi vous
Louis : Non... Parce que... Tu ne mourras pas
Joseph tousse violemment. On aurait dit qu'à tout moment les poumons peuvent sortir de sa bouche. Il y eut un long silence. Je pense que c'en est trop pour notre ami Louis. Il sort de la pièce.
Madeleine : Louis !
Il ignore sa sœur et continue son chemin. Je me lève et le suis. Je lui cours presque après, puis je lui attrape le bras. Il s'arrête enfin, et essuie frénétiquement les larmes qui coulent sur ses joues. Je sais que c'est particulièrement dur pour lui de dire au revoir à son frère. Avec Madeleine, il est tout ce qu'il a.
Jean-Baptiste : Louis, tu ne peux pas le laisser ainsi. Tu le sais... C'est sûrement ta dernière occasion de le voir
Louis : Je ne peux pas, je ne supporte pas le voir souffrir ainsi...
Jean-Baptiste : Je sais à quel point c'est douloureux. Mais s'il te plaît écoutes moi... S'il part à l'instant, tu regretteras toute ta vie de ne pas l'avoir accompagné jusqu'au bout. Ressaisis-toi
Sa peine me foudroie... Je m'approche de lui. Je pense que nous sommes désormais assez proches pour me le permettre. Alors j'ouvre mes bras dans sa direction. Je sais que cela fait peu de temps que nous nous sommes rencontrés mais je ressens pour lui de l'attachement. Il est pour moi, comme le frère que je n'ai pas eu. Sans un mot, il me serre contre lui un moment. S'il ne m'appréciait pas tant que ça, il ne serait jamais venu dans mes bras.
Louis : Pourquoi la vie est-elle si fragile ?
Jean-Baptiste : Je ne sais pas... Seule mère nature en a le secret...
Il se détache de moi et reprend une grande inspiration.
Louis : Tu as raison Jean-Baptiste, je ne peux le laisser partir sans avoir eu le temps de me dire au revoir comme il se doit
Je lui tape légèrement dans le dos et retournons vers la chambre. Il vient s'asseoir aux côtés de son frère et la Marquise, vient lui prendre la main pour le soutenir à sa manière. Je suis incapable de m'approcher d'eux sans craquer à mon tour. Joseph me surprendra toujours, il est au bord de la mort et lui, ré évoque des souvenirs passés qu'il avait trouvé drôle. Les heures passent et le bal masqué approche à grand pas. Je suis partagé entre l'immense tristesse de l'idée de perdre Joseph à tout moment et la hâte de revoir Armande. Seulement, je ne me vois pas aller à cette fête alors que l'un de nous est mourant. Je vais dire annoncer au roi que nous ne pourrons pas être présents et m'excuser auprès d'Armande de ne pas pouvoir l'accompagner au bal.
Jean-Baptiste : Je reviens les amis, je vais prévenir que nous ne pourrons pas être présents ce soir. La santé d'un des notre est mille fois plus important que la protection du roi
Je sors de la pièce et me dirige en premier lieux à la chambre d'Armande. Je toque à sa porte. Elle m'ouvre avec un grand sourire aux lèvres.
Armande : Eh bien mon cavalier vient prendre de mes nouvelles ? Oh, vous n'avez pas l'air si joyeux... Que se passe-t-il enfin ?
Jean-Baptiste : Je suis au plus grands regrets obligé de vous annoncer que je ne pourrais pas venir au bal ce soir. Je suis désolé....L'un de nous, Joseph est mourant. Je ne peux donc allez m'amuser pendant qu'un des miens peut mourir à chaque instants
Armande : Oh... Je comprends... Je vous être un peu déçue, mais je comprends tout à fait votre décision
Jean-Baptiste : Et moi donc... Je vous souhaite de tout de même passer une bonne soirée
Il y eut un silence puis elle reprend précipitamment la parole avec un air grave.
Armande : Attendez... Depuis quand est-il dans cet état ?
Jean-Baptiste : Je dirais depuis cette semaine...
Armande : Attendez, s'agit-il du plus vieux d'entre vous, le brun rigolo ?
Jean-Baptiste : Euh, oui...
Armande : Oh non ! J'aurais dû m'en douter ! Quels sont ses symptômes ?
Elle ouvre grand la porte de sa chambre et fouille dans tous ses tiroirs.
Jean-Baptiste : Grosses toux, fièvres, il est faible et toujours essoufflé. Pourquoi ? Que savez vous ?
Armande : J'aurais dû m'en douter ! Comme je suis idiote !
Elle continue de fouiller jusqu'à trouver une petite fiole en verre.
Armande : Où se trouve-t-il ?
Jean-Baptiste : Je vous y accompagne
Armande : Il ne faut pas perdre une seconde ! Il a été empoisonné ! Heureusement j'ai l'antidote, mon demi frère me l'a laissé en me conseillant de le garder car je pourrais en avoir besoin
Nous courrons alors jusqu'à Joseph.
Jean-Baptiste : Poussez vous !
Tout le monde s'écarte heureusement rapidement. Armande vient se placer à la place de Madeleine. Elle ouvre le flacon pendant que je redresse la tête de Joseph.
Armande : Tenez, buvez !
Joseph : Euh, qu'est-ce que c'est ?
Jean-Baptiste : Bois !
Il s'exécute alors entre deux toux. Je m'essuie le front. Et nous reculons.
Madeleine : Que se passe-t-il ?
Armande : Je vous annonce désormais que mon frère en veut à vos vies... Vous avez dû le rencontrer dans la semaine... N'est-ce pas Joseph
Joseph : En effet, il est venu manger chez moi après une répétition mais m'avait fait promettre de garder cela entre nous pour je ne sais quelle raison
Armande : Il a empoisonné votre nourriture... Malheureusement, ce n'est pas la première fois qu'il utilise cette technique. Ayez désormais l'esprit tranquille, dans une ou deux heure vous serez de nouveaux sur pieds
Tous choqués par ce qu'il venait de se passer, nous ne disons rien. Le Prince m'avais bel et bien mis en garde, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse passer un empoisonnement pour une maladie incurable... Nous sommes tous soulagés mais encore plus en colère contre ce maudit Prince de Conti. Nous ne laisserons pas passer un tel acte de pure cruauté.
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Rêver j'en ai l'habitude
FanfictionFiction inspirée de la comédie musicale Molière l'opéra urbain, mais pas exacte ! Jean-Baptiste était destiné à devenir tapissier comme son père, mais lui est passionné par la comédie. Il fera tout pour réaliser ses rêves les plus fous avec sa troup...