L'écho du sang

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Un silence pesant régnait sur la vallée, seulement troublé par le souffle du vent glacial qui soulevait la poussière. Puis, lentement, le battement sourd des tambours de guerre résonna, brisant l'immobilité d'un matin qui semblait suspendu. Face à face, les armées d'Arvadia et de Drakmor se tenaient prêtes. Des siècles de conflits avaient mené à cet instant. Sous leurs bannières respectives, les guerriers fixaient l'ennemi, la mâchoire crispée, les doigts serrés autour des lances et des épées.

Les Arvadiens, drapés dans leurs armures ciselées aux couleurs rouge et or, affichaient une discipline rigoureuse. En face, les soldats de Drakmor, barbares et mercenaires aux visages marqués par mille batailles, rugissaient déjà, impatients d'en découdre.

Le soleil, pâle et imperturbable, se levait lentement à l'horizon, éclairant le champ de bataille d'une lueur froide et sinistre. Les nuages sombres s'amoncelaient dans le ciel, présageant le chaos à venir. Une brise glaciale soufflait à travers les plaines, portant avec elle le parfum âcre de la mort.

Les deux armées se faisaient face, une mer de boucliers levés et de lances acérées scintillant sous la lumière déclinante. Les chevaux, nerveux et impatients, piétinaient lourdement le sol boueux, leurs naseaux soufflant des volutes de vapeur dans l'air glacial. Les cavaliers, montés sur leurs destriers puissants, échangeaient des regards chargés de détermination et de crainte. Certains murmuraient des prières silencieuses, se souvenant des visages de leurs enfants et de l'amour qu'ils n'avaient jamais eu le temps de montrer. D'autres serraient le pommeau de leur épée, vérifiant machinalement le fil de leur lame, comme si ce simple geste pouvait éloigner la peur qui rampait dans leur ventre.

Soudain, le silence oppressant fut brisé par le cri perçant d'une trompette, son appel strident résonnant à travers la vallée. C'était le signal tant attendu, l'annonce du début de la bataille imminente. Les tambours se mirent à battre avec une intensité croissante, leur rythme hypnotique emportant les soldats dans un état de transe menaçante.

Les chevaliers d'Arvadia, menés par leur vaillant roi, levèrent haut leur étendard et poussèrent un cri de ralliement tonitruant. Leurs voix, chargées d'une détermination farouche, se mêlèrent au fracas des armes et au hurlement du vent. Les tambours battaient la charge, leur rythme effréné martelant le cœur des combattants avec frénésie.

Les premières lignes avançèrent d'un pas déterminé, leurs lances pointant vers les rangs ennemis, prêtes à les tailler en pièce. Les chevaliers, le regard fixé sur l'horizon, se mirent également en marche avec une résolution inébranlable, leur volonté de fer nourrie par leur soif de vengeance et de justice.

En face, les guerriers de Drakmor rugissaient leur défi, brandissant leurs armes avec une férocité sauvage. Leur cri de guerre, un hurlement primal empreint de rage et de désespoir, résonnait à travers la vallée, annonçant leur intention de conquête et de destruction.

Et puis, soudain, les deux armées entrèrent en collision, causant un choc titanesque de forces irrépressibles. Les chevaux hennissaient de terreur, leurs sabots martelant le sol avec ardeur. Les lances s'entrechoquaient, les épées frappaient avec une précision mortelle. Le métal rencontrait la chair dans un ballet macabre de mort et de désolation.

Les cris des hommes résonnaient dans les airs, mêlés au son des épées s'abattant sur les chairs et des boucliers se brisant. Les hommes tombaient comme des feuilles mortes, leur sang se mêlant à la poussière et à la boue dans un tourbillon de carnage et de désespoir.

Au milieu de ce chaos infernal, les échanges verbaux se perdaient dans le fracas assourdissant de la bataille. Certains combattants échangeaient des mots de bravoure, d'autres hurlaient des insultes à leurs ennemis, leur voix étouffée par le tumulte de la guerre. Chaque geste, chaque regard, chaque souffle était empreint de la violence et de la brutalité de ce théâtre sanglant, où se jouait le destin de deux royaumes et de tous ceux qui les habitaient.

Les chevaliers d'Arvadia progressaient avec une résolution implacable, transperçant les rangs ennemis sans faillir. Chaque mouvement était calculé, chaque attaque exécutée avec une maîtrise impressionnante. Leurs yeux brûlaient d'une intensité sauvage, leur volonté de défendre leur royaume et leur honneur les propulsait en avant avec une force inébranlable.

Mais leurs ennemis n'étaient pas en reste. Ils ripostaient avec une férocité dévastatrice, leurs épées sifflaient à travers l'air avec une vitesse impressionnante. Leurs visages étaient déformés par la rage du combat, leurs yeux brillaient d'une lueur meurtrière. Chaque frappe attachait un cri, vite avalé par le tumulte du combat.

Les affrontements s'enchaînaient sans répit, maculant la terre d'un rouge poisseux. Les hurlements se mêlaient au fracas des armes, se dissolvant dans le chaos assourdissant.
Bientôt, les cadavres s'entassaient comme des trophées macabres dans un océan de sang et de ruines.

Au milieu de cette tourmente infernale, les Arvadiens luttaient avec une ténacité inflexible, mus par leur allégeance indéfectible à leur roi. Leur camaraderie indéfectible les incitait à se soutenir mutuellement, à se protéger les uns les autres, chaque coup reçu étant un appel à la vengeance, chaque blessure infligée un hommage à leur fratrie.

Pendant ce temps, les soldats de Drakmor continuaient d'attaquer avec une férocité implacable, leur soif de sang insatiable les poussant toujours plus loin dans les rangs ennemis. Ils ne connaissaient ni la pitié ni la compassion, leur seule motivation étant la victoire à tout prix. Ils étaient les hérauts de la destruction, les messagers de la mort, prêts à sacrifier leur vie pour leur royaume et leur cause.

La bataille se prolongeait pendant des heures, le soleil déclinait lentement à l'horizon, jetant une lumière crépusculaire sur les plaines du combat. Les forces des deux royaumes s'affrontaient dans un dernier assaut désespéré, leur détermination à vaincre brisant les dernières barrières de la raison.

Et puis, en un instant, c'était fini. Au cœur de la dévastation, un calme mortel s'étendait à présent sur les plaines ensanglantée.
Les deux armées reculaient, épuisées et brisées, leurs rangs décimés par la violence de la guerre. Les uns se rassemblaient autour de leur roi, leurs visages marqués par la fatigue et la douleur. Tandis que les soldats de Drakmor se retiraient dans l'ombre, leur victoire amère teintée de regret et de chagrin.

La guerre n'apportait que mort et destruction, laissant derrière elle un océan de souffrance et de désespoir. Et pourtant, malgré tout, les hommes continuaient de se battre, leur soif de pouvoir et de domination les poussant toujours plus loin dans les abysses de la folie humaine.

Loin des hurlements et du sang, dans les ombres du crépuscule, les vaincus pleuraient leurs morts. Et déjà, dans le silence, d'autres fers s'aiguisaient.

Sous le règne de ton cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant