𝐄𝐍𝐓𝐑𝐄́𝐄 𝟎𝟏

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𝑪𝒉𝒆𝒓 𝒋𝒐𝒖𝒓𝒏𝒂𝒍,


𝐽𝑒 𝑛𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑠 𝑠𝑢̂𝑟𝑒 𝑑'𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑣𝑟𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛𝑐ℎ𝑎𝑛𝑡𝑒́𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑙'𝑖𝑑𝑒́𝑒 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑑'𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑟𝑒 𝑢𝑛 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙. En réalité, je trouve ça moyen et un peu démodé. Un peu comme étant un truc de gamins ou de vieilles femmes.

En fait, c'est ma psychologue qui m'a plus ou moins suggéré l'idée, après m'avoir longuement fixé dans le blanc des yeux attendant une révélation soudaine de ma part, l'idée du siècle ou quelque chose du genre. Je suis pas Sartre ou Camus, je dis pas des trucs philosophiques pour que ça passe en beauté. Et puis, elle avait fini par ouvrir la bouche. Elle me dit d'un ton un peu trop solennel à mon goût :





─ Adèle, je te propose d'écrire un journal. Tu y noteras tes idées, tes sentiments, ta journée ou même tes secrets.






Elle avait rajouté que cela ne me sera que bénéfique quand les mots voudront s'échapper de ma bouche. Elle trouve aussi que j'ai des gros problèmes de colère alors que je suis juste très expressive. La fois où mes cahiers ont volé par la fenêtre compte un peu pour du beurre, le prof avait insisté et je n'avais pas aimé ses propos légèrement déplacé sur les règles des femmes. Quel con sexiste.


Alors quand j'ai parlé de la soi-disante brillante idée de madame Julie à ma mère, elle s'était empressée à Leclerc. Comme elle aime tant le répéter


─ Si c'est la psy qui le recommande, ça veut dire que c'est forcement bien. Alors fais-le.



J'ai toujours trouvé étrange l'habitude qu'avait maman de toujours... sacraliser la parole de la psy. On dirait un croyant qui écoute son dieu. Je suis pas croyante moi-même et si je l'avais été, je doute avoir ma place au tant rêvé Paradis.

Enfin bref, ma mère était revenue du magasin avec le plus moche des carnets du rayon. Il n'était même pas simple mais d'une laideur que j'aurais pu en pleurer de chagrin. Je me demande parfois si elle le fait exprès, juste pour m'agacer, juste pour titiller la flamme de ma colère. Mais j'ai su rester de marbre et accepter le hideux cadeau. Je l'ai même remercié, avec le sourire le plus faux, mais j'ai souris.

Même si madame Julie m'a un peu suggéré ce que je devais y noter, je ne suis pas encore sûre de ce que je vais dire ou même écrire dans un journal plus ou moins intime. Est-ce qu'on y parle du fait que je déteste les brocolis ? De mon amour pour Barbara et Monica Bellucci ? Ou je peux y faire saigner l'encre en crachant ma haine pour Jennifer. J'écris des belles choses parfois, dommage que c'est interdit de me lire.

Parlons en de Jennifer la pimbêche. Jennifer et ses satanées faux ongles. Jennifer et son rire de bécasse. Je me souviens que l'an dernier en volley, elle a finit par pleurer parce qu'elle s'était cassé sa "super belle nouvelle manucure". Personnellement, je ne comprends pas pourquoi les gens un peu pimbêche (Jennifer surtout) préfère se farcir des heures de travails pour un truc pas pratique du tout.

Mais parfois les gens sont juste fous et c'est vrai. Comme le type du parc qui parle aux pigeons. J'ai ma théorie sur la question d'ailleurs et je pense que le monde a été trop cruel avec lui. Il a préféré se retourner vers des êtres insignifiants qui chient partout parce qu'eux au moins ne le jugent pas. J'aime bien le fou du parc, il est marrant. Pas parce que ses potes sont des piafs mais parce qu'il sait faire de bonnes blagues. Parfois on s'assoit sur un banc et on nourrit ses copains et on cris quand un gamin les fait fuir en hurlant.

Ma psy pense aussi que j'ai trop tendance à juger les gens trop hâtivement et qu'il faudrait que j'apprenne à les connaitre avant de critiquer. C'est pour ça que j'ai discuté la première fois avec Eudes, le mec des pigeons. Si elle pense que je vais faire copain - copine avec tout les types illuminés que je croise par contre, elle se fourre le doigt dans l'œil. C'est comme quand maman crie sur une voiture stationnée sur une place handicapée et qu'après coup on voit que la personne l'est vraiment. Elle en devient rouge de gêne, c'est marrant à voir même si elle me fâche qu'en j'en rigole. Maman devrait aussi tenir un journal. C'est sûrement à cause d'elle que je suis tout le temps énervée, un peu comme un cadeau héréditaire. J'ai lu ça dans un livre. Je crois que c'est Zola qui pensait que la folie se transmettait de génération en générations.

Moi j'aime bien Thérèse Raquin. La pauvre femme est juste une victime d'un amour trop interdit pour être vécu et d'une culpabilité trop lourde pour ne pas en mourir. Et si je devais vivre une vie aussi tragique, je me tuerais aussi en buvant du poison. Même si je préférais encore écouter la déclaration sans passion d'un pauvre garçon que je n'aime même pas.





𝐀𝐃𝐄̀𝐋𝐄 𝐆𝐈𝐑𝐀𝐑𝐃𝐎𝐓.

























































N O T E D E L ' A U T E U R E :


Voici la première entrée de l'histoire de
d'Adèle. J'ai longtemps songé à écrire une
histoire sans casse-tête, sans longue phrase
pour faire du beau où on se pose juste
pour lire une histoire qui peu être celle
de tout le monde.

Ne vous attendez pas à de longues phrases
poétiques. J'écris ceci pour m'essayer
à la simplicité des mots, dans le plus brut et
le plus naturel des langages. Il y aura quelques
gros mots et une langue chancelante entre la
familiarité et le courant. Il y aura aussi
des chapitres courts, pas plus de milles mots
chacun. Et aussi une romance. Et surtout la
jolie Céleste arrive au prochain chapitre.


Marilyn.

𝐖𝐈𝐒𝐇 𝐘𝐎𝐔 𝐖𝐄𝐑𝐄...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant