Save me [Jason Todd]

CHAPITRE V

Fac de Gotham - 9:30 29/10/2023

Lorsqu'elle l'aperçut assis par terre, elle n'hésita pas une seconde à se précipiter vers lui.

« Oh mon dieu est-ce que ça va ?

C'est ce qu'elle lui avait demandé mais elle ne pouvait pas voir s' il lui avait répondu. Avec sa tête entre ses bras, face au sol elle ne pouvait pas lire sur ses lèvres.

Quelle plaie, je ne peux pas voir s'il parle. Je fais quoi ? C'est évident qu'il fait une crise d'angoisse. Essayons de le calmer pour l'instant.

Jason avait encore beaucoup de difficultés à respirer et ça, elle parvenait à le deviner grâce aux mouvements de son corps. Même s'il était totalement crispé et blotti sur lui-même, ses épaules effectuaient des mouvements rapides vers le haut puis vers le bas. Elle posa donc sa main sur son épaule et commença à le caresser en descendant sa main sur son bras et dans son dos. Dans l'espoir de le calmer.

-Tu peux te détendre, personne ne viendra, ils ne connaissent pas cette pièce. Tout va bien.

-Casse-toi. répondit Jason agacé

-Tu veux de l'eau j'en ai dans mon sac ?

Pk je m'embête à demander, je ne peux même pas voir s'il me répond.

-Non et je t'ai dis de te barr-

-Je la pose devant toi ok ?

Elle ne m'entends pas ou quoi cette garce ?? Qu'elle me laisse tranquille. J'aurais pas dû venir ici, je le savais, c'était une idée de merde et maintenant je me retrouve dans cette situation de merde. La honte, je suis sûr qu'elle va se dépêcher d'aller le répéter à tout le monde et là ce sera foutue. Je t'emmerde Dick, tout ça c'est de ta faute.

Jason détestait les interactions, hormis celles qu'il avait avec Dick bien sûr même si parfois il lui arrivait de les trouver irritantes. Mais ce qu'il détestait le plus, c'était que quelqu'un puisse le voir en position de faiblesse. L'arrivée de cette fille l'avait plus perturbé et effrayé qu'autre chose, il avait du mal à respirer, à penser clairement et ce sentiment d'étouffement s'intensifiait. Ce qui n'échappa pas à cette fille mais malgré tout elle restait là, assise à côté de lui, en train de le caresser et de lui parler. Elle connaissait ces sensations, celles qui te paralysent et t'accablent lorsque tu fais une crise. Elle savait aussi qu'il ne fallait jamais être seul lorsqu'elles s'abattaient sur toi. Et elle avait raison. Petit à petit, Jason parvenait étonnement à retrouver son calme. Cette sensation qui lui parut durer une éternité commençait à faiblir. Ces mouvements d'épaules étaient moins rapides ce qui voulait dire qu'il respirait avec maintenant plus de facilité.

-Oui voilà comme ça. Respire doucement, tout va bien. Je prends ton tel dans ta poche ok ? Juste pour appeler un de tes amis.

Elle était rassurée de voir que Jason retrouvait peu à peu son calme, mais préférait tout de même prévenir un de ses proches pour venir le chercher.

Quoi ? Il n'a que deux contacts dans son tel ? Wouah ce mec doit être un vrai antisocial pour n'avoir que deux amis. Et encore vu les prénoms: Dick et Alfred. Qui s'appelle comme ça ?? Peu importe, on se concentre sur lequel des deux contacter. Alfred doit être son père, essayons Dick.

Aussitôt le premier message envoyé, le téléphone de Jason se mit à sonner. Dans celui-ci, elle expliquait être en compagnie de Jason qui n'était pas au meilleur de sa forme, normal que Dick s'inquiète. Son premier réflexe fût d'appeler son petit frère. Ne pouvant pas répondre directement elle décrocha et plaça le téléphone proche de Jason pour qu'il puisse répondre lui-même. Elle ne pouvait pas voir si Jason parlait vu qu'il n'avait pas bougé sa tête de ses bras mais par contre, elle sentait les vibrations du téléphone à chaque fois que Dick parlait.

Tout d'un coup, il releva enfin la tête, ce qui lui permit de voir pour la première fois le visage de Jason. Et réciproquement, il pouvait maintenant associer un visage à la personne qui l'avait sorti de ce tourbillon d'émotions. Le regard entre ces deux personnes était empreint d'une intensité particulière, leurs yeux fixe, dans ce moment suspendu, remarquaient chaque petit détail; les larmes coincées dans les beaux yeux verts de Jason, ses pupilles tremblotantes, le léger frémissement de ses paupières, son pansement qui cachait la majorité de sa joue gauche, les prothèses que portait l'étudiante, ses magnifiques cheveux blancs, ses yeux d'un vert si claire qu'ils paraissaient gris au soleil et ses taches de rousseurs. L'échange était silencieux et court pourtant profond. Mais ce silence fut brisé lorsque Jason demanda

« C'est quelle salle ? et pour la première fois depuis 30 minutes elle pu échanger avec lui. Sa tête maintenant face à la sienne, elle pouvait lire sur ces lèvres.

-Salle B12 du bâtiment principal. »

Aussitôt il eut obtenu la réponse à sa question Jason reposa sa tête dans ses bras, mettant un terme à tout potentiel nouvel échange.

Les vibrations du téléphone s'étaient arrêtées et après avoir regardé l'écran elle remarqua que l'appel avait pris fin. Ne pouvant plus communiquer avec Jason, elle décida d'attendre à ses côtés, persuadée que Dick pointerait le bout de son nez. Elle s'asseya proche de lui et posa sa tête sur son épaule pour lui montrer qu'elle était là pour lui, pour le réconforter. Jason ne rejeta pas son geste, lui qui détestait pourtant tout contact physique mis à part ceux venant de son grand frère.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrît à nouveau. Dick était là, essoufflé et dégoulinant de sueur malgré le froid. Il avait dû courir jusqu'ici pour arriver plus vite. Il s'approcha vers la jeune fille en premier.

« Hey salut, merci encore d'avoir veillé sur lui.

-Y'a pas de quoi, contente d'avoir été utile.

Puis il s'accroupit pour parler à Jason. Étant dos à lui, impossible de savoir ce qu'ils se disaient.

-Comment tu te sens, Jason ?

-À ton avis, répondit-il sur un ton sec

-Je suis tellement désolé, j'aurais dû t'accompagner. Tu peux te lever ? Je vais te ramener chez toi. »

Il se releva la tête baissée, regardant le sol, incapable de se résoudre à regarder une seconde fois sa sauveuse ou de lui adresser la parole. Dick plaça sa main sur son dos pour l'apaiser et les trois étudiants se dirigèrent vers la sortie. Une fois dehors, Dick remercia une dernière fois la jeune fille avant de partir.