CHAPITRE 11 : Carnaval de vice

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TONY

Et dans les nombreuses valses, ceux qui s'en sortiront le mieux seront dont le masque est constant. On a toujours prôné l'honnêteté, du plus loin que je me souvienne on me disait que c'est ce qui m'assurerait une bonne vie. Aujourd'hui, je sais que c'est faux. Si tu ne mens pas, tu crèves rapidement sur le bas-côté. Oui, l'honnêteté devrait pouvoir te sauver, mais elle te trahie plus qu'elle n'est une amie. Parce que tout le monde porte un masque pour survivre, tout le monde prétend, pour pouvoir rester à flot. Et c'est ce qui rend les bonnes valeurs si affaiblies. C'est malheureux, mais c'est ainsi. Je le constate nettement plus depuis que je suis auprès de Nazzareno. Les gens sourient, pour cacher leur peur. Rigole, pour essayer de ne pas sombrer dans les pleurs.

La soirée du Parrain bat son plein, tous vêtus de masque de bal, qui ne laisse pas deviner les identités. Seul Nazzareno sait qui est présent, et qui est absent. De mon côté, je me demande encore pourquoi il se donne ainsi en spectacle ce soir! Debout près de l'escalier, je prends une grande inspiration tout en regardant les invités par la porte d'entrée.

- Cette robe est magnifique sur toi.

Sa voix se fait suave à mon oreille, mais je ne bouge pas d'un iota. Son souffle se percute à ma joue, avant que nos regards ne viennent s'accrocher lorsqu'il se place devant moi. Il respire le pouvoir ce soir, il a mis le paquet.

- Il y en a un qui pense que tu es en train de perdre le contrôle de la situation, dis-je dans un murmure.

Il fronce les sourcils, avant de jeter un rapide coup d'œil à la foule. Je ne sais pas si ça lui sera utile pour plus tard, mais je suis ses yeux et ses oreilles m'a-t-il dit, donc je m'exécute.

- Qui ?

Lentement, je dirige mon regard sur l'homme au bar, qui rigole avec Victoria. Nazzareno se crispe, avant d'opiner.

- Ils ne sont pas prêts à ce qui va arriver, me dit-il en souriant. Madame Nicolosi...

Je prends sa main, en essayant de refouler l'angoisse qui grandit dans ma cage thoracique. On descend l'escalier, et lorsque la foule nous remarque, la plupart se taisent sur le passage du Parrain. Le brun fait glisser son pouce sur le dos de ma main, alors que mon regard glisse sur la foule. Tous ces gens, qui rêvent de voir le Parrain tomber, ou qui le craignent trop pour faire quoique ce soit. Certains viennent le saluer, par respect, d'autres se contentent d'un léger signe de tête. De son côté Nazzareno me maintient près de lui, tout en se montrant fusionnel. Nous sommes arrêtés par un homme d'un certain âge, qui me sourit avant de reporter son attention sur le Parrain.

- Délicieuse à regarder.

Je serre les dents, de son côté le brun sourit, avant d'enrouler sa main autour de ma taille. Mon cœur se serre, tout mon corps semble se crisper, malgré la certaine sécurité que me procure ce simple geste de sa part.

- Je vous présente Tony Nicolosi, ma femme, déclare calmement le brun. Vous savez ce que l'on dit lors d'une visite au musée, on touche avec les yeux mais jamais avec les mains. Sinon je vous les coupe.

Mon sang se glace lourdement, alors que l'homme qui fait face au Parrain éclate d'un franc rire, avant d'opiner comme si tout ce qu'il venait de dire lui convenait parfaitement. Je reconnais, ce n'est pas tous les jours qu'on voit deux hommes plaisanter ensemble, alors que l'un d'eux a promis à l'autre de lui couper les mains.

- Je suis ravi de faire votre connaissance madame, me dit-il en me souriant chaleureusement. Vous devez être une femme bien courageuse pour épouser un type comme notre Parrain !

Je ris, mais sans joie. Nazzareno sourit, avant de déposer un léger baiser sur ma joue, et de s'éloigner en compagnie de l'homme. Je soupire, récupère un verre d'alcool, et me fond dans la foule. Le mieux à faire, c'est d'écouter les murmures, les sourires, pour mieux aider le brun à se préparer. Je pense que Elvio ne viendra jamais me voir...il s'en fout, il me l'a prouvé en s'affichant directement avec une autre.

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