Les deux détectives | BSD

2- ...je...

Pensez-vous qu'il y a de bonnes raisons d'haïr une personne ?

_|2|_

...je...

    Elle montrait sa colère autant qu'elle le pouvait. Les cailloux et même les canettes laissées abandonnées sur le trottoir en faisaient les frais.

‹‹ C'est une enquête ultra-importante - même si je doute que tu puisse comprendre. Bien évidemment, j'aurais pu la résoudre seul, mais tu vois, mon patron a voulu que je trouve un autre détective avec qui travailler pour cette affaire...

-Pourquoi moi ?

-Humm... Tu es la plus ennuyante des détectives que je connaisse, tu n'as résolu aucune enquête, tu es fauchée, donc tu ne te permettras pas de ne pas gagner d'argent... Bref, tu es l'enquêtrice idéale ! Parfaite pour être ma boussole ! Et en plus, tu ne refuseras p-

-Je refuse.

-Même avec cette récompense ? ››

Évidemment le montant proposé (quelques milliers de yens, c'était pas beaucoup, mais c'était mieux que de ne pas avoir d'argent) lui permettrait de vivre pendant un mois au moins, avant de devoir fermer son agence. Mais ça l'agaçait, elle ne voulait pas travailler avec lui.

Hikaru les suivait en silence, alors qu'il était viré de l'agence. Le détective qui avait accompagné Ranpo - Atsushi - les guidait, étant devant eux, lançant de temps en temps des regards inquiets en arrière : même s'il ne les entendait pas, il sentait la tension dans l'air entre les deux et il se demandait s'ils allaient se sauter à la gorge. Il ne connaissait pas le passif entre les deux - pas plus qu'Hikaru, d'ailleurs - mais il se doutait que ça devait être assez important pour qu'ils se lancent des regards meurtriers à longueur de temps.

Il soupira presque de soulagement en voyant qu'ils étaient enfin arrivés, c'est-à-dire devant les locaux de l'agence.

‹‹ C'est vieillot. ›› 

La voix de la détective de 26 ans résonna dans sa tête encore et encore. ‹‹ Vieillot. ›› Certes, l'agence avait plus de dix ans, mais de là d'être "vieillotte"... Il y avait encore de la marge.

La mine de son frère se fit outrée. Comment osait-elle, alors que son agence n'était pas mieux ? L'Agence des Détectives Armés était florissante, au moins - et ce, grâce à lui, quand même.

Quant à Hikaru, il tremblait en cherchant une solution. Elle n'était plus sa patronne, donc il ne pouvait plus se faire virer, non ? Donc il pouvait lui faire la "morale".

‹‹ Tp, vous ne pouvez pa- ››

Le long et pénétrant regard qu'elle lui lança - en plus d'être meurtrier - le glaça sur place. Il réussit à atteindre les tréfonds de l'âme du pauvre homme aux cheveux noirs et aux yeux chocolats, qui trembla de plus belle. C'était l'une des personnes qui lui faisaient le plus peur - avec les personnes affiliées à la Mafia Portuaire, même s'il n'en avait jamais rencontré une seule.

N'attendant pas de réponse - si elle avait fait ça, c'était juste pour énerver son frère -, elle continua la tête haute, vers l'entrée du bâtiment. Avec une mine déboussolée, Atsushi partit à sa suite, la rattrapant pour la guider - il ne savait pas si elle avait les mêmes problèmes d'orientation que le meilleur détective du monde.

Hikaru soupira de désespoir en la voyant. Décidemment, il ne la changera jamais. Elle avait des idées fixes, qu'elle ne changeait presque jamais, étant têtue. Et il arrivait parfois qu'elle se comporte comme une enfant - mais c'est ce qui faisait son charme, n'est-ce pas ?

Ranpo, tout en enfonçant une sucette dans sa bouche, les suivit, non sans dégager un nuage noir autour de sa tête.

‹‹ Dépêche-toi. ››

La voix sèche du détective le sortit de ses profondes réflexions. Elle pouvait être enfantine parfois, mais quand il était avec elle ou quelqu'un en rapport avec elle, elle était toujours rauque. En plus, avec elle, il était hautain et arrogant. Ce n'était pas que ça l'amusait, mais il avait toujours été jaloux d'elle. Quand ils avaient tous les deux perdu leurs parents, lui, avait été tout seul, jusqu'à ce qu'il rencontre Fukuzawa, le patron de l'agence. Alors qu'elle... Elle, elle avait réussi à rebondir, à être entourée de personnes - de confiance pour elle - et ils s'étaient perdus de vue. Oui, il était jaloux qu'elle puisse nouer des liens et pas lui.

Les deux autres - Atsushi et Tp - les attendaient devant la porte des locaux, la (c/c) tapant du pied d'impatience, un air ennuyé sur son visage, tandis que celui aux cheveux gris clair détournait le regard, gêné par la situation dans laquelle il se trouvait - avec la sœur de Ranpo, qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, comme son frère, de son point de vue - et en train de se demander s'il devait se maudire lui-même ou Dazai, qui l'avait fait entrer dans cette agence, et donc, qui l'avait impliqué dans cette affaire.

Ranpo poussa un soupir d'ennui - les deux Edogawa étaient ennuyés de devoir se supporter mutuellement - et dit :

‹‹ On n'a pas tout notre temps. Cette affaire est urgente. ››

À suivre...