Chapitre 9

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Assise sur le rebord de ma fenêtre, la fraîcheur nocturne enveloppant mes bras nus, j'observai la ville. J'observai et écoutai Magdebourg ; j'entendais des bribes de conversations, le grondement des moteurs des voitures étouffés par la distance.
Ma ville scintillait, illuminée par toutes ces lumières artificielles. Je portai une cigarette à mes lèvres, en repoussant une mèche de cheveux, amenée devant mon visage par la brise.

Je me sentais entièrement sereine. Mais c'était momentané ; l'effet de la clope ne tardât pas à s'évaporer, laissant refaire surface cette sensation désagréable de vide et de déception.

Les paroles de Bill, datant d'il y a une bonne semaine pourtant, n'avaient pas quitté mon crâne une seule seconde. Je me sentais si blessée, naïve, stupide.
Stupide d'avoir espéré que tout redevienne comme quand nous étions adolescents, stupide d'avoir cru qu'il l'aurait voulu.

Alors je me forçais, depuis ce jour-là, à revenir à la réalité. J'essayais de ne plus y penser, de me concentrer sur mon travail. Et ce n'était pas une mince affaire, vu l'ennui que j'éprouvais en l'exerçant.

J'essayais de me changer les idées, mais arrivait toujours ce moment où, seule dans ma chambre en fin de journée, je fumais une cigarette en regardant d'un air nostalgique par la fenêtre. Et toutes ces pensées, ces rêves, ces sentiments que je m'étais forcée à dissimuler toute la journée refaisaient surface.

Mais ce soir, je n'avais pas envie de me morfondre sur mon sort, tellement ça me rendait malade.

Je voulais sortir, faire la fête, rencontrer de nouvelles personnes, prendre un nouveau départ. Je voulais au moins essayer de lutter contre ce mal être.

Alors, avec un élan de motivation, je descendis du rebord de la fenêtre, lâchai du regard la ville, et mes rêveries nostalgiques.
Je pris une douche fraîche, en passant mon visage sous l'eau froide.
Je me sentais mieux, comme si l'eau avait suffit à mon cerveau pour chasser ces pensées parasites de mon esprit.

Je me maquillai avec soin, puis enfilai la robe que j'avais l'habitude de porter pour sortir. J'avais associé à cette robe, la fête, les bons moments, le lâcher-prise. Je trouvais aussi qu'elle soulignait joliment les courbes de mon corps, bien qu'elle soit simple.
J'aimais beaucoup la porter, et rien qu'en la mettant, psychologiquement, je me sentais mieux.

Je pris quelques instants pour jeter un coup d'œil à mon reflet dans le miroir, qui me plaisait beaucoup, ce soir-là. Puis j'attrapai mon sac au vol en enfilant mes talons et ma veste.

En une vingtaine de minutes, j'avais rejoins d'un pas décidé, la rue que je regardais d'un air mélancolique peu de temps avant.

J'entrai dans la boîte de nuit de mon quartier, où j'étais toujours sûre d'y retrouver des connaissances.
Et ça ne manqua pas ; je reconnus un groupe de filles qui m'interpellèrent en m'apercevant.

Ces filles étaient comme moi ; elles aimaient faire la fête et se vider la tête les vendredi soirs.
J'appréciai beaucoup de les croiser, et par la même occasion, échanger quelques verres autour d'une discussion légère.
Comme en parlant de nos cocktails préférés, des meilleures fêtes auxquelles on a assisté, des voyages qu'on aimerait organiser si on était riches, des garçons de la boîte de nuit...

Ces filles-là voulaient la même chose que moi : penser à autre chose.
Elles n'étaient pas en compétition avec les autres, elle ne cherchaient rien à prouver à quiconque. Elles étaient simples, détendues, et j'appréciais sincèrement leur présence.

Les verres s'enchaînèrent facilement ce soir, je ne les voyais pas passer tellement j'étais occupée à discuter.

- Ah, t'as vu le mec là-bas, Abby ?
Me lança une des filles en pointant son index à notre droite.
On dirait bien ton style de gars...
Remarqua t'elle avant de boire une gorgée de son cocktail.

The Pain Of Love [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant