Chapitre 7

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Tom me tendit un nouveau shot, en brandissant le sien pour trinquer.
Nos verres produisirent un léger tintement, étouffé par la musique dont les basses résonnaient en moi.

J'avalai la boisson d'une traite. L'alcool brûlait ma gorge violemment, mais j'étais trop ivre pour m'en préoccuper.
Tom rit légèrement en m'observant tituber, et me rattrapa par le bras.

La première bière que nous avions prise tous ensemble pour célébrer notre concert était bien loin derrière nous.
Il devait être deux heures du matin, ou peut être plus.
À moins qu'il ne soit plus tôt encore. Je n'en savais plus rien.
J'étais trop ivre pour m'en préoccuper.

Tom me tapota l'épaule, et bougea ses lèvres. Il devait sûrement parler mais je ne comprenais ni n'entendais rien.
Les mots qui sortaient de sa bouche n'avaient aucun sens pour moi.

Puis il disparut soudainement, s'éclipsant parmi la foule, sans que je ne sache où il allait et pour combien de temps.

Je ne savais pas où se trouvaient mes autres amis non plus, qui s'étaient éclipsés au fur et à mesure que la soirée passait.

Je me retrouvai alors seule au milieu de cette boîte de nuit.
Ça m'était égal.
Je continuais de danser.
De commander un nouveau shot.
De le boire d'une gorgée.
Puis de danser à nouveau.
Jusqu'à ce que la tête me tourne, que je me sente vertigineuse.
Jusqu'à ce j'aie l'impression que les gens n'existent plus autour de moi.
Que je ne sente plus mon corps, et ne m'entende plus penser.

Car c'était dans ces moments-là que je me sentais réellement vivante, libre.
Une partie de moi me criait que ce n'était pas sain, mais l'autre hurlait encore plus fort que ça n'avait plus aucune importance.

Et ce soir, j'étais allée trop loin. Tellement loin que mon corps ne le supportait plus.

Il ne pouvait plus supporter mon poids.
Je ne sentais plus mes jambes.                                                                                                                  Je me rapprochais du sol, sans même m'en rendre compte.
Ma tête avait sûrement dû le heurter violemment, mais je ne l'avais même pas senti.
Avant de fermer mes yeux, la dernière chose que je vis fut le plafond coloré par les lumières de la boule à facettes.

Des flashbacks s'emmêlaient dans ma tête, se mélangeant avec des rêves, des choses ne s'étant jamais produites.
Mais tout semblait si réel que c'en était troublant.
C'était comme si le passé était venu à moi, m'emportant dans ses souvenirs déformés par mes fantasmes.

Puis je sentis un contact brusque sur mes épaules. On me secouait. J'étais si épuisée que je n'avais pas le courage de réagir.

J'entendis vaguement une voix étouffée, parler d'un ton ferme.
Une légère brise effleurait ma peau, et je pris conscience du sol en béton sur lequel j'étais allongée.

On arrêta de me secouer subitement.
Tout était calme, je n'entendais plus la musique et ses basses résonner dans mon coeur, ni les discussions et rires des fêtards.

Je mis quelques minutes avant d'ouvrir les yeux ; je tombai nez à nez avec le ciel étoilé. Je l'observai un moment, le temps de reprendre mes esprits.
Je me relevai et m'assis en appuyant mon dos contre le mur, en ayant le tournis. 

Je regardai autour.
Il était là. Dos à moi.
Il fumait une cigarette, en silence, fixant le fleuve.

Nous étions les seuls à être dehors.
Je me demandai un instant pourquoi nous étions ici, et aperçus la boîte de nuit à quelques dizaines de mètres.
Mais avant que je ne puisse aboutir à quelconque réflexion, un mal de tête assommant s'empara de mon crâne.

The Pain Of Love [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant