Chapitre 49: Un manque

8.4K 777 94
                                    

Je me débats, essayant de vaincre ce blanc qui illumine mes yeux. Ça ne peut être la fin ! C'est impossible. Tout ne vas pas se finir alors que j'ai appris une chose. Même plusieurs choses. Beaucoup de personnes comptent sur moi dans ce monde, alors je ne peux pas les laisser comme ça ! Je me débats, je veux tous les revoir, laissez moi vivre ! Le blanc se dissipe, des bruits reviennent lentement, et je me sens me débattre à nouveau, avant d'attraper une énorme bouffée d'air, et sentir mes yeux s'ouvrir d'un seul coup.
La première pensée qui m'est survenue est: "Je l'aime encore.". Mais... Je ne me souviens plus de qui je parle. J'essaye de frotter ma tête, qui me fait un mal fou. Avec le masque posé sur ma bouche et mon nez, qui me fournit de l'air, j'ai l'impression que je vais suffoquer. Puis avec toutes ces appareils reliés à mon bras, je ne peux bouger. Dois-je appeler à l'aide ? Il me semble que c'est déjà fait, de nombreux médecins sont autour de moi. Tout comme une jeune fille et un petit garçon. Je mets quelques minutes avant de les identifier: Lola et Lucas. Ma chère grande sœur et mon Ange. Je ne sais pas pourquoi mais je sens de l'inquiétude autour de Lola, d'énormes cernes se trouvent sous ses yeux, j'ai peur qu'elle se soit beaucoup inquiétée pour moi. Elle a beaucoup changé depuis le début de l'année, je la trouve plus gentille avec moi, et ça me convient. Je parviens à murmurer un:
"-Ma tête..."
Lola se lève d'un bond, et reste à mes côtés tandis que les médecins passent toutes sortes d'examens. Quand elle pose sa main sur la mienne, j'effectue une petite pression. Une sensation de manque me fouette soudainement. Pourtant, tout est bien, il ne me manque rien. Et si ce manque était une personne ? Mais qui ? Une vague de souvenirs me renvoie à un garçon, le surnommant Princesse, et que je surnommais Mr Boulet... J'essaye de me rappeler de son prénom. Il a un prénom marrant, que je ne cesse de me moquer. Je lance un regard à ma sœur, elle ne peut pas m'aider... Alors, je laisse de côté ce mystérieux inconnu qui semblait m'aimer, et qui sait, que je semblais aimer, et je demande:
"-Quel jour...?"
Mon petit Ange dit:
"-Jeudi 5 mars !"
Un homme dit, d'un ton sec et sérieux:
"-Voilà deux semaines que vous êtes dans cet état."
Je laisse échapper un soupir avant de demander:
"-Parents...?"
Ma sœur répond, presque haineuse:
"-Ils sont au courant, mais leur voyage d'affaire est, bien sûr, plus important que la santé de leur fille !"
Je parviens à faire un petit sourire. Puis, je me sens fatiguée d'un seul coup. Mes yeux se ferment et je me sens endormie. Un vrai sommeil, pas une transe. Je ne rêve que de lui, de nombreux souvenirs reviennent sans jamais me souvenir de son prénom, juste de la place importante qu'il occupe dans mon coeur. J'ai l'impression qu'il a besoin de moi...
À mon réveil, je ne suis plus au même endroit, j'ai toujours une machine qui est relié à mon bras, mais je peux facilement bouger, et donc tirer ce masque pour respirer vraiment. Je porte, lentement, ma main au masque, et je le retire. J'inspire et expire. Ça fait du bien... Mes yeux papillonnent un instant puis je regarde lentement autour de moi, mon petit frère est là, et ma sœur aussi. Je ne peux que sourire, mais je ne peux pas, il y a toujours cette énorme vide, et ce mal profond.
Les jours passent, ma santé se rétablit sans jamais retrouver le prénom de ce garçon. Quand j'en parle, je suis tellement vague que personne ne sait de qui il s'agit. Après une semaine dans l'hôpital, je me sens en pleine forme, toujours avec ce vide, mais en pleine forme. Alors, il faut que j'aille voir le psy, et ça toutes les semaines. C'est génial ! Mais c'est pour ton bien-être... Je soupire, et je suis l'infirmière qui me guide jusqu'au bureau du psy. Je rentre, et je m'assois sans la moindre forme de politesse. Depuis quand tu es devenue mal élevée ? Je hais les psys, ce n'est pas mon premier. Après la mort d'Antoine, mes parents m'ont fait voir de nombreux psys pour qu'ils me fassent comprendre que j'étais un monstre, mais je changeais tout le temps de psy car justement, les psys m'apprenaient que  ce que j'avais fait n'était pas de ma faute, ce qui énervait beaucoup mes parents, et donc ils ont arrêté au bout du dixième. Je regarde le bureau, de nombreux dessins d'enfants décorent la pièce, le bureau est bien rangé, il y a une grande bibliothèque et une grande baie vitrée. Je n'accorde que peu d'attention à la femme devant moi. Qui a déjà commencé à me parler de je ne sais quoi. Mais écoutes la ! Elle ne veut que t'aider. Aussi, c'est un peu son travail, elle est obligée. Je continue d'examiner les murs, quand je vois un dessin d'une princesse. Très beau. Princesse... Bonne nuit... J'arrête de fixer ce mur, regarde la psy et sort presque en hurlant ce prénom qui brûlait mes lèvres depuis mon réveil. J'entends, au loin, les cris de la psy, mais je m'en fiche et je cours à l'extérieur de l'hôpital. Je parviens à rejoindre ma maison en courant. Tu es complètement folle ! C'est peut-être dangereux pour ta santé, on t'a pas autorisé à sortir ! C'est pas grave, autant mourir en ayant dit la vérité que vivre sans jamais la prononcer. Je toque à la porte de la maison voisine, plusieurs fois, même si il fait nuit, et que les habitants de la maison vont avoir peur, il y a plus important que la peur. C'est sa mère qui ouvre, paniquée. En me voyant, elle ne peut que lâcher un soupir de soulagement, et elle me prend dans ses bras, puis elle m'indique l'étage. Je la remercie d'un signe de tête, et je fonce jusqu'à sa chambre. J'ouvre la porte, remarque rapidement qu'elle est éclairée par des guirlandes, mais je m'en fiche de ça ! Je regarde partout, mon regard s'arrête sur la personne en face de moi. Elle a maigri, mais est toujours aussi belle. J'ai les larmes aux yeux, je ne sais même pas pourquoi. Il est torse nu, je m'avance vers lui, et je murmure délicatement son prénom, comme si il c'était un immense secret:

Connue mais inconnueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant