Connue mais inconnue

Chapitre 50: Une tête pour un million

Mon rêve ne demeure pas si romantique que ça, j'entends des voix, enfin une voix:

''-Je voulais la détruire, elle et sa popularité virtuelle... Comment une fille aussi paumée pouvait être aussi connue ? Je détenais son secret, il me restait plus qu'à la détruire...''

Le visage de la personne qui parle m'apparut, petit à petit, et je me réveille en sursaut avant de l'avoir vu. Ce n'est qu'un cauchemar, il n'a aucune importance. Et pourtant, j'ai l'impression que cette voix est importante...

Je suis toujours dans le lit de Zack, ses bras m'entourent et je ne peux m'en débarrasser. J'ai envie de rentrer chez moi, ou de me balader dans la ville, malgré la nuit. Je n'ai pas envie de rester avec lui, comme si du dégoût en son égard s'était installé en moi sans prévenir. Mais pourtant, il n'a rien fait... J'ai comme un pressentiment, mais c'est sûrement à cause de ma... tentative. A cette pensée, je me sors du lit, non sans un grognement provenant de Zack. Mais il ne se réveille pas, alors je m'enfuis, sur la pointe des pieds, comme une voleuse. Je sors de la maison, après être parvenue à trouver la clé et ouvrir la porte, avant de partir, les mains dans les poches, me balader, sans aucun but. J'ai l'impression d'être un fantôme. Et pourtant tu es bien vivante. Mais qu'est-ce que la vie, au final, suis-je vivante juste parce que mon cœur bat, mes poumons fonctionnent et mon cerveau aussi ? Ou suis-je vivante car je ressens toutes sortes de sentiments ? J'ai l'impression de rien ressentir en cet instant, simplement un énorme vide. Les médecins m'ont dit que ce serait comme cela, pendant plusieurs semaines. Mais si je restais comme ça toute ma vie ? Je ne ressentirai plus jamais rien ? Plus la moindre amitié ? Plus le moindre amour ? Et plus la moindre haine ? Ma vie en deviendrait ennuyante à mourir. Et je pourrais à nouveau tenter... Arrêtes de penser à ça. Tu es jeune, tu as toute la vie devant toi, des gens qui t'aiment t'entourent et te soutiennent, que demander de plus ? Je demande la vérité. Je suis persuadée que la voix entendue dans mon rêve est réelle, que quelqu'un de mon entourage y a pensé, ou l'a dit. Mais qui ? Seules deux personnes connaissent mon secret, mais j'ai confiance en ces deux personnes... Je secoue ma tête, comme pour chasser l'once de doute qui commence à m'envahir. J'ai confiance en lui. Je marche, longuement, le long de la route, les mains dans les poches. Quand je fais demi-tour, pour rentrer chez moi, je vois une ombre se faufiler dans les bois. Sûrement un animal, ou je ne sais quoi. Où est passée ta curiosité ? Je ne sais pas, je n'ai pas envie de courser une ombre.

En arrivant chez moi, j'arrive à passer par la fenêtre entrouverte, la porte étant fermée. Je monte lentement les marches jusqu'à arriver à ma chambre, je m'assois sur mon lit et reste contempler la porte défoncée de la salle de bain. Toutes mes idées noires resurgissent et je n'arrive même plus à pleurer. Je rentre dans la salle de bain, me sentant soudainement mal. Je regarde la baignoire, encore remplie d'une eau devenue froide, la boîte qui était censée me libérer est au sol, vide. Malheureusement, la réalité va rapidement me rattraper, je reprends les cours lundi, lundi 16 mars, jour du 'renouveau' ou du 'retour aux origines'. Il me reste encore trois jours, et pendant ces trois jours, je veux faire quelque chose, pour mes abonnés. Je sors de ma salle de bain, prends une image sur Internet et la partage sur Twitter, avec ce message: ''Non. Rien n'est fini, tout recommence. Imprimez cette photo, cachez votre tête avec et partagez vos photo avec le #OneFreeLife. Je vous prépare une vidéo. Désolée.'' Je vais rapidement sur ma chaîne YouTube et je vois 995 000 abonnés. Ça devrait le faire. Il faut que j'ai cinq milles abonnés de plus en l'espace de trois jours, mais j'ai confiance en eux, je sais qu'ils vont réussir. Je retrouve mes anciennes vidéos, et préparent un montage. J'avoue, un sentiment m'empare en cet instant: la peur. Mais ce sentiment repart assez rapidement, tandis que je regarde les centaines de photos qui me sont, déjà, envoyées. Ce sont surtout des abonnées qui postent des photos avec l'image sur leur visage, il faut savoir aussi que l'image est la tête de Barbie, il est donc tout naturel que les garçons soient plus réticents à s'afficher avec une tête de Barbie. Mais, quelques photos de garçons apparaissent. Je laisse un petit sourire s'afficher sur mes lèvres. Ils ne s'y attendent pas.