Mon téléphone vibre dans ma poche, me sortant de mes pensées tourmentées. Le son léger brise le silence, apportant une distraction bienvenue. Je l'attrape, m'attendant à un message banal, une notification sans importance. Mais c'est un texto de Jana.« J'ai retrouvé des affaires de Sara dans le grenier. Tu devrais monter pour voir, je pense que ça pourrait t'intéresser. »
Je me redresse, le cœur battant soudainement plus fort. Des affaires de Sara ? J'ignore de quoi il s'agit, mais l'idée de découvrir quelque chose qui lui appartenait, quelque chose qu'elle a laissé derrière elle, m'obsède déjà. C'est comme si une porte s'ouvrait, une chance de comprendre, d'apprendre ce qui m'a échappé.
Je monte lentement les marches, chaque grincement du bois sous mes pieds amplifiant mon appréhension. Le grenier est plongé dans la pénombre, éclairé seulement par un petit vasistas poussiéreux qui laisse filtrer une lumière diffuse. L'air est chargé d'une odeur de poussière et de vieux papier, rappelant les greniers de mon enfance où le mystère régnait en maître.
Elle m'accueille avec un sourire chaleureux, mais son expression se teinte rapidement de gravité en voyant mon visage.
- Les affaires étaient cachées au fond, sous des vieilles couvertures, explique-t-elle en me conduisant. Sa voix est douce, rassurante, mais je perçois une note d'inquiétude.
Jana me guide jusqu'à un coin obscur où elle soulève délicatement une couverture délavée. En dessous, un carton marqué du nom de Sara en lettres à peine lisibles apparaît. Les lettres sont tracées à la main, l'encre légèrement estompée, témoignant du temps passé.
Je m'accroupis devant, mes mains tremblant légèrement en soulevant le couvercle. Une fine couche de poussière s'élève, flottant dans l'air avant de retomber lentement. À l'intérieur, des carnets aux couvertures usées, des photos aux coins jaunis, des objets sans grande valeur matérielle mais chargés d'une signification personnelle. Un collier simple, une plume soigneusement attachée avec un ruban, un ticket de cinéma plié en deux.
Je prends un carnet au hasard, l'ouvrant avec précaution. Les pages sont remplies de l'écriture familière de Sara, des lignes serrées, parfois hâtives, d'autres fois soigneusement calligraphiées. Des pensées éparses, des poèmes, des dessins marginaux, des citations soulignées. Chaque page est une fenêtre ouverte sur son esprit, une partie d'elle que je découvre pour la première fois.
Je lis quelques lignes, sentant les mots de Sara s'enrouler autour de moi, une voix venue d'un autre temps. Des secrets murmurés entre les pages jaunies, des peurs et des rêves que je n'avais jamais imaginés. Des questionnements profonds, des sentiments cachés, des doutes qu'elle n'a jamais partagés. Mon cœur se serre à mesure que je réalise à quel point une partie de sa vie m'a échappé.
Je finis par fermer le carnet et le remet dans le carton d'un geste précautionneux, mes doigts glissant lentement sur les bords usés comme si je craignais de déranger les fantômes qu'il renferme. Le carton émet un léger crissement, le son du contenant frottant contre lui-même, semblable à un murmure du passé. Les dessins de Sara, ces esquisses inachevées d'un talent qui ne verra jamais le jour, jonchent le fond du carton en un désordre mélancolique. Les feuilles de papier, certaines jaunies par le temps, portent les traces de son crayon, des lignes fines et des ombres délicates, témoignages silencieux de sa créativité.
Je sors quelques-uns de ces dessins, les tenant avec une délicatesse presque révérencieuse. Des portraits de paysages qu'elle aimait, des collines ondoyantes, des rivières serpentant entre les arbres, des ciels vastes parsemés de nuages cotonneux. Les détails sont minutieux, chaque trait semble avoir été posé avec une intention précise, une émotion particulière. Je parcours du regard les silhouettes à peine esquissées de personnages anonymes, des formes humaines capturées dans des moments d'intimité : une femme assise sur un banc, perdue dans ses pensées ; un enfant courant après un cerf-volant ; un vieil homme contemplant l'horizon.
VOUS LISEZ
LOOM - TOME 1
Roman d'amourCelia, une jeune femme de 23 ans, retourne dans son village natal en Slovaquie à la suite de la crise cardiaque de son père. Entre douleur et souvenirs, elle découvre grâce à une ancienne amie des rumeurs inquiétantes sur la mort de sa sœur, initia...