Retour à LA

2.7K 194 23
                                    

Les roues touchent enfin l'asphalte... Ca y est j'arrive. J'ôte enfin mes mains de mes genoux et recommence a respirer... Tout le trajet j'ai été en apnée. Je ne peux pas ignorer l'état de stress dans lequel je me trouve et si je veux être totalement honnête avec moi même je ne peux pas dire que c'est seulement à cause de ma phobie des airs. Presque deux mois que je suis partie.

Je fais bonne figure...

J'ai effectué une longue, très longue traversée du désert... seule. Je me suis coupée du monde.

Ben et Steph étaient morts d'inquiétude, je ne parle pas de mes parents complètement impuissants face à cette situation. Je ne leur ai rien dit mais ils ne sont pas stupides, ils ont bien compris que nous avions rompu. Je soupçonne ma mère d'avoir été faire un tour sur internet mais elle ne m'en a jamais parlé.

J'ai fait un trait sur internet, internet est devenu synonyme d'achat compulsif, j'ai coupé tous mes accès aux réseaux sociaux et j'ai remplacé les magasines people par de bons vieux romans barbants dégoulinant d'amour.

Les premières semaines je n'ai fait que pleurer, allongée sur mon lit, ne quittant pas ma chambre. Je ne suis pas retournée dans mon appartement, j'aurai pu mais j'ai eu trop peur qu'il vienne me chercher, j'ai eu peur de craquer et de replonger. Notre histoire ne mènera nul part, enfin pire... elle nous a mené nul part et elle m'a détruit. Ce qui est bien quand on touche enfin le fond c'est qu'on ne peut pas aller plus bas par contre la remontée vers une vie normale est longue et difficile. Le second mois j'ai tout doucement refait surface, m'autorisant à penser à autre chose, acceptant les mains tendues de mes amis. J'ai, en quelque sorte, réappris à vivre, a apprécier des choses simples, je me suis retrouvée après m'être perdue ces derniers mois. Je sentais que je m'éloignais de moi, que je devenais ce genre de personne qui auparavant m'insupportait, ces filles qui stressent pour un rien, dont la jalousie gagne la moindre parcelle de leur corps.

J'ai essayé de me persuader que rien n'avait existé, mais mon inconscient faisait le travail inverse et toutes les nuits je rêvais de son beau visage. Le matin au réveil, j'étais à nouveau dans un état dépressif partagé entre l'envie de l'appeler pour lui dire que je l'aimais et l'envie de l'insulter et de lui dire a quel point je le détestais de m'avoir fait souffrir, de m'avoir détruit.

Et puis, je crois qu'en fait c'est un peu comme tout, la douleur s'atténue... Elle ne s'efface pas mais rentre dans notre quotidien et devient tout simplement une part entière de nous. Quelque chose en moi c'est brisé ce soir là. Ce soir là, il a choisi, il m'a laissé tomber. Je regrette de m'être attaché si vite mais je ne pouvais pas lutter, j'ai été emporté par un puissant courant.

Personne n'a osé parler de Jamie avec moi, et je n'ai voulu en parler avec personne même pas Ben, même pas Steph. Ne pas parler de lui me donne presque l'impression que j'ai rêvé notre histoire, cela pourrait presque être une pure invention de mon cerveau.

J'ai essayé de m'interdir de penser à lui mais c'est trop dur... j'aurai tellement aimé que cela se passe autrement qu'il se batte pour moi... Je savais que nous ne passerions pas une autre crise, la crise de Suède avait déjà bien trop ébranlé notre couple. J'aurai dû être plus attentive aux petits signes, je les voyais mais au fond de moi je ne voulais pas les voir... Peut être aurions nous pu être heureux dans un autre monde, dans une autre vie.

Je suis le mouvement des voyageurs, même revoir Ben m'inquiète. Je vais mieux, j'espère que ma cure de mac do et sucreries des deux derniers jours aura l'effet escompté. J'ai perdu six kilo, j'ai du en reprendre deux depuis mardi ! J'ai laissé Steph derrière moi me demandant si ce n'était pas une connerie.

Quel est l'intérêt pour moi de repartir là bas ?

Je ne sais pas mais en fait j'en avais envie, je ne voulais pas rester sur un échec, c'est un pays merveilleux et gigantesque, capable de m'offrir tellement de chose et puis je suis bilingue maintenant , autant en profiter... Je suis jeune et je n'ai pas d'attache.

La vie rêvée d'Elie (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant