Chapitre 3 : le début d'une nouvelle vie

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Deux semaines s'était écoulées depuis la dernière fois que j'avais vu Ambre au café. Lorsque j'avais eu ma mère au téléphone, dès que j'étais rentrée à l'appartement ce matin-là, elle avait semblé inquiète mais n'avait pas posé trop de questions. Après m'avoir confirmé qu'il n'y avait aucun soucis à ce que je revienne chez eux le temps que je me remette sur pied, j'avais loué un camion et avait récupéré toutes mes affaires. Cela faisait donc deux semaines que j'étais chez mes parents, que je faisais une heure de RER matins et soirs et que je commençais à m'épuiser physiquement et psychologiquement. Je ne mangeais presque plus, ne faisait même plus semblant d'aller bien et je sentais que mes collègues qui travaillaient à la direction ne voyaient pas d'un très bon œil mon état mental en baisse. Un mois auparavant, j'aurais pourtant tout faire pour avoir leur approbation, quitte à me plier en quatre s'il le fallait. Mais je n'avais plus la force à présent. Et je sentais bien que je ne m'épanouissais plus comme avant. En plus de cela, Laura avait tenté de me joindre mais je n'avais jamais répondu, j'avais besoin de temps. Et cela me pesait de ne pas pouvoir me confier à qui que ce soit. Bien sûr mes parents étaient là eux, mais je voulais pas inquiéter ma mère. Ce ne fut que le dimanche matin, quinze jours après avoir appris qu'Ambre me trompait, que, assise sur le transat de la piscine, une tasse de thé à la main, je pris la décision de quitter Paris et de démissionner. Lorsque j'avais fait part de ma décision à ma mère, elle avait eu du mal à cacher son inquiétude et sa réticence face à cette décision soudaine. « J'ai peur que tu le regrettes, ma chérie, tu vas faire quoi maintenant ? », elle m'avait dit, les yeux brillants. Mon père, lui, était en total désaccord avec moi, et m'a dit que je devrais continuer, essayer de réparer ma relation avec Ambre et avancer. « On se séparait pas pour une tromperie avant, tu sais ! », il m'avait même dit, en sous-entendant que je devais pardonner la trahison d'Ambre. Cependant, je ne partageais pas du tout le même point de vue qu'eux, et je ne m'étais pas sentie soutenue. Je ne leur en voulais pas, ils s'inquiétaient juste pour moi, et moi aussi je me faisais du soucis pour la suite. Mais à 28 ans, je n'avais pas envie de gâcher ma vie, de continuer à faire un boulot qui ne me plaisait plus, de continuer une relation qui avait été gâchée. Je ne voulais plus, je ne pouvais plus. J'avais envie d'avancer. C'est comme ça que je me retrouvai, le dimanche soir, à chercher sur internet une nouvel endroit où refaire ma vie. Et puis j'ai choisi la Provence. Je n'y étais jamais allée mais cela faisait un moment que l'idée de demander ma mutation là-bas me rendait presque euphorique. Sauf que je ne demanderais pas ma mutation, je démissionnerais et trouverais un boulot dans lequel je m'épanouirais. C'est d'ailleurs la tête plein de rêves que je finis par m'endormir. 

Trois mois étaient passés. Ma démission avait été dure à avaler pour la plupart de mes collègues, j'eu même l'impression qu'ils allaient me supplier de rester. Seulement, mon choix était fait et, lors de mon dernier jour, un de mes collègues préférés m'avait organisé un pot de départ digne de son nom ! Champagne et petits fours étaient de la partie. J'avais versé une larme, et ma collègue Monique, qui travaillait à la comptabilité et qui avait toujours été présente pour moi, m'avait enlacé pour me souhaiter une bonne continuation. En entrant dans le RER, je me remémorai tous les souvenirs que j'avais ici, à Paris, en y incluant Ambre qui avait d'ailleurs fini par renoncer à m'appeler plusieurs fois par jour sans aucune réponse de ma part. Aujourd'hui, je me sentais libre. Vivante. J'avais envie de voyager, sans rien ni personne. Mais je savais bien, au fond de moi, que j'étais sur mon petit nuage et que, lorsque je serais installée dans mon petit village, à Èze, entre Nice et Monaco, la vie serait plus difficile lorsque je devrais me confronter à la solitude. Mais quoi de mieux que se confronter à ses peurs pour apprendre à ne plus les percevoir comme des aspects négatifs ? Mes parents ont finalement cessé d'essayer de me faire changer d'avis. Ils m'ont même avoué que des vacances proches de la mer leur feraient le plus grand bien. Ce n'est que fin août, après avoir passé tout l'été à chercher une maison et un emploi que je suis finalement partie de chez mes parents, au volant de ma voiture et le coffre plein à craquer. Ils avaient tous les deux posé deux semaines de congés début septembre donc viendraient me rejoindre à ce moment-là et en profiteraient pour me ramener les quelques affaires qu'il me restait chez eux.

Sur la route, je chantais la musique à fond pour me tenir réveillée car il était à peine cinq heures du matin. J'avais beaucoup de route, entre neuf et dix heures de trajet. J'avais hésité à prendre un train, mais je m'étais finalement dit que ma voiture pourrait m'être utile une fois sur place ! Et puis, avec toutes mes affaires, ça aurait été trop compliqué. Alors, je fis plusieurs pauses, m'arrêtai manger aux alentours de midi puis me remis en route et arrivai à destination vers 17 heures. J'avais prévenu le propriétaire de mon arrivée tardive, aux alentours de 18 heures, je préférais être large, donc j'en profitai pour me balader à pied dans le centre historique de la ville et prendre des photos. Le temps était magnifique, mais j'avais hâte de me reposer, après toute la route que je venais de faire. 

Lorsqu'il fut 18 heures, je retournai à la maison et rencontrai le propriétaire, un homme d'une soixantaine d'années, très gentil et serviable. Même si nous avions déjà fait une visite virtuelle un mois avant, il prit tout de même le temps de me faire découvrir l'intérieur, en m'expliquant tout ce que j'avais à savoir, où était le compteur d'eau et comment allumer la chaudière, etc. Il me proposa même de me laisser un matelas qui ne lui servait plus, ce que j'acceptai volontiers. Après m'avoir chaleureusement accueilli, il s'en alla et je décidai d'aller décharger la voiture pour aller me reposer le plus vite possible. La maison, située un peu en retrait du village, avait été refaite à neuve. Lors de la visite, j'étais tombée amoureuse du sol en tomette qui avait été conservé dans la salle de bains. En plus du secteur idyllique, j'avais flashé sur cette maison car je lui trouvais beaucoup de charme, et elle était très grande : trois chambres dont une chambre parentale avec salle de bain et dressing, une autre salle de bain avec le sol en tomette, une cuisine ouverte donnant sur un séjour de près de 50 mètres carré et une grande terrasse sans vis-à-vis avec vue sur un charmant jardin. De la fenêtre de ma chambre, je me rendis compte que j'apercevais même la mer au loin. Quel paradis. Tout cela me changeait de Paris. Loin du bruit, de la pollution etc. Une fois toutes mes affaires déchargées, je sortis une serviette de ma valise ainsi que ma trousse de toilette et filai à la douche. Après une longue journée de route, j'avais rarement ressenti cette joie de prendre une douche. Il me restait des chips que j'avais pris pour la route donc je me posai en tailleurs sur la terrasse le regard fixé sur la vue imprenable que j'avais de la terrasse. J'étais tellement fatiguée que je ne regardai même pas mon téléphone pour savoir si quelqu'un avait essayé de me joindre et me glissai dans les draps juste après avoir fait le lit. La vie parisienne que j'avais menée jusqu'à présent semblait bien loin derrière moi...

À toi qui m'a fait renaître /WLW/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant