Chapitre 15 : la veille du départ

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La nuit était tombée, enveloppant Nice d'une lueur douce et envoûtante. Le long de la célèbre avenue, les lampadaires diffusaient une lumière chaude et dorée, illuminant les palmiers qui se balançaient légèrement dans la brise marine. Plus loin, dans le Vieux Nice, les rues étroites et pavées étaient animées par une vie nocturne vibrante. Les façades colorées des bâtiments anciens étaient éclairées par des guirlandes lumineuses, créant une ambiance festive et chaleureuse.

- J'aime beaucoup cette ville, Marjorie me souffla à l'oreille.

Tandis que nous marchions en direction de mon appartement, les clubs et les bars commençaient à se remplir, la musique s'élevant pour appeler les noctambules à danser jusqu'au petit matin. La saison estivale qui s'accompagnait de foules de touristes, de rues animés et de festivités en tout genre semblait s'éterniser.

Nos pas résonnaient sur le pavé, créant un rythme régulier qui accompagnait l'agitation de la nuit. Je lui souris, alors que nos mains étaient toujours entrelacées. Marjorie, les cheveux légèrement décoiffés par le vent, me sourit, son visage éclairé par la douce lumière des réverbères.

- Regarde, là-bas, elle me dit en s'arrêtant et en pointant du doigt un chat qui se faufilait silencieusement dans une ruelle adjacente.

Le chat, un éclat de mystère dans ses yeux verts, s'arrêta un instant pour nous observer avant de disparaître dans l'obscurité. Nous reprîmes notre marche en parlant de tout et de rien : nos souvenirs d'enfance, nos projets futurs, et les rêves qui nous animaient. La nuit semblait créer une bulle intime autour de nous, où chaque mot échangé devenait plus précieux. J'avais le sentiment de la connaître depuis des années et, pourtant, j'avais envie de percer à jour cette aura mystérieuse qu'elle laissait intentionnellement planer. Lorsque nous fûmes arrivées devant ma résidence, elle ôta doucement son bras de mes épaules pour que je récupère mes clés qui s'étaient glissées au fond de mon sac.

- Ça va être si dur de se lever demain matin, elle rigola alors que nous empruntions l'escalier.

- Ah, t'es pas matinale ? Je lui lançai en lui lançant un regard amusé.

- Pas trop... je compte sur toi pour me réveiller, elle me fit un clin d'œil.

Je tournai les clés dans la serrure de ma porte et entrai après elle.

- Je vais fumer une cigarette sur le balcon, tu m'accompagnes ? Je lui demandai en me tournant vers elle.

- Avec plaisir, je prends ma veste et je te rejoins !

Le ciel était dégagé et il faisait encore bon. Accoudée contre la balustrade du balcon, j'allumai ma cigarette. Marjorie me rejoint et se glissa derrière moi, m'entourant de ses bras.

- J'ai passé une excellente soirée avec toi, elle me murmura en posant son menton sur mon épaule.

Troublée, je tentai de ne pas le lui montrer.

- Moi aussi, ça faisait longtemps que je n'avais passé un moment comme ça...

Elle embrassa furtivement mon épaule dénudée puis s'assit sur la chaise, faisant comme si de rien n'était.

- J'ai une question à te poser, elle me dit d'un ton sérieux en allumant une cigarette.

Je m'assis en face d'elle, l'invitant à me parler de ce qui semblait la troubler.

- Maëlle... j'ouvris la bouche pour répondre mais elle me fit signe d'attendre la suite, Maëlle, c'est qui pour toi ?

Je trouvais sa question plutôt intrusive et fus, sur le moment, hésitante. Cependant, Marjorie était une femme qui me plaisait, et je n'avais pas envie de commencer une relation, de quelle nature soit-elle, avec des non-dits. Je lui racontai alors, après un silence, les derniers mois : l'infidélité d'Ambre qui avait déclenché notre rupture, mon déménagement à Èze, ma rencontre avec son père, Tom, Lucas et Maëlle puis mon aventure avec cette dernière. Marjorie m'écoutait attentivement, curieuse, et je me sentais à l'aise de lui parler.

- Je comprends mieux ! Je pense qu'elle n'est pas ravie de savoir que je viens alors ! Elle rigola en écrasant sa cigarette dans le cendrier.

- Non, en effet, mais comme je te l'ai dit, on est pas en couple, et elle n'a pas envie que le reste du groupe soit au courant...

- Au courant de... ? Elle répondit du tac-au-tac.

- Qu'on couche ensemble...

- Ça c'était avant que j'arrive, elle rigola en posant sa main sur ma cuisse, ne se cachant pas d'être dans un jeu de séduction avec moi.

- Ah oui ? Je dis, amusée, en rentrant dans son jeu.

- Oui, maintenant tu ne vas avoir d'yeux que pour moi, elle s'esclaffa en rallumant une cigarette.

- Je ne savais pas que tu étais attirée par les femmes, je lui confiai après un court silence.

- C'est vrai que nous n'avons jamais eu cette discussion, elle tira une taffe, j'aime pas me mettre d'étiquettes, elle souffla la fumée, j'ai eu des relations avec des hommes mais également avec des femmes, d'ailleurs ma dernière date de quelques mois, et on a rompu car elle me trompait...

- Oh, je vois, tu as donc vécu la même chose que moi !

- En quelque sorte, oui, c'est pour ça que je te comprends...

Nous échangeâmes un regard intense et nos âmes semblaient se connecter dans le silence. L'attirance que nous avions l'une envers l'autre n'était à présent plus un secret, mais aucune de nous deux ne rendîmes les choses trop explicites. Je me sentais apaisée d'être à ses côtés.

Le lendemain matin, lorsque mon réveil sonna, je sortis mon bras du lit et tâtai ma table de chevet à la recherche de mon téléphone. Marjorie et moi avions parlé pendant plusieurs heures et nous nous étions couchées sur les coups de trois heures. Naturellement, le réveil trois heures plus tard était difficile, pour ne pas dire impossible. Je me tournais sur le côté et me rendis compte qu'elle n'était pas dans le lit. J'ouvris alors les yeux et regardai autour de moi.

- Oh, tu es réveillée ! Marjorie passa sa tête par l'entrebâillement de la porte en souriant.

- À l'instant... je me rallongeai instantanément, me frottant les yeux.

- Réveille-toi doucement, je t'attends dans la cuisine !

Il me fallut plusieurs minutes avant d'émerger et de finalement me décider à sortir du lit. Je filai à la douche et m'habillai rapidement avec des vêtements confortables : un jogging et un sweat feraient parfaitement l'affaire. 

- Bien dormi ? Marjorie me demanda en posant sa tasse de café sur la table tandis que j'entrai dans la cuisine.

- Pas assez, je ris. Je croyais que tu n'étais pas du matin ! Je lui dis, le regard amusé, en attrapant une tasse dans le placard.

- Ça dépend, mais ce matin, j'étais plutôt en forme ! D'ailleurs... elle se pencha pour attraper un sachet de son sac, je suis allée chercher des viennoiseries, tu en veux ?

- Oh, mais tu es parfaite ! Je m'esclaffai en attrapant un croissant.

Nous prîmes le petit-déjeuner en parlant de tout et de rien. Moi qui n'étais pas bavarde le matin, cela changeait. Nous finîmes de nous préparer puis sortîmes de l'appartement avec nos valises. Une fois chez Tom, Maëlle m'accueilli avec un câlin dont je n'étais pas habituée.

- Trop hâte de partir, ça va être super ! Maëlle cria en ignorant Marjorie qui me tenait le bras.

Un frisson d'embarras me parcouru le corps. Lorsque Maëlle desserra son étreinte, je présentai finalement Marjorie à Tom.

- Alors, votre soirée ? Tom demanda en fermant sa valise. 

- C'était super ! Marjorie répondit en attrapant mon bras.

Tom et moi sourîmes. Maëlle, quant à elle, semblait avoir perdu son sourire. 

À toi qui m'a fait renaître /WLW/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant